Dégradation de la santé et
sécurité au travail au Québec
Un appel à l'action pour défendre les droits et les vies humaines
La Fédération des travailleurs et travailleuses
du Québec (FTQ) rapporte que le nombre de lésions
au travail a connu une augmentation constante
de 2016 à 2020. La FTQ a analysé les
données fournies par la CNESST, la Commission des
normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité
du travail, l'agence chargée par le
gouvernement de l'application des lois sur le
travail au Québec.
Un
article récent du Journal de Montréal
donne une idée de la dégradation des conditions de
santé et sécurité au travail au Québec, dont fait
partie une diminution des interventions de la
CNESST, en se basant sur l'analyse de la FTQ.
De 2016 à 2020, il y a eu une
augmentation constante du nombre annuel de lésions
professionnelles, qui comprennent les accidents de
travail et les maladies professionnelles,
de 90 414 à 110 038. Le nombre
des accidents de travail a augmenté
de 82 179 à 94 750, tandis que
le nombre des maladies professionnelles a augmenté
de 8235 à 15 288. Quant au
nombre de décès reliés au travail, celui-ci se
situe en moyenne à près de 200 par année.
Pendant ce temps, les interventions de la CNESST
pour protéger la santé des travailleurs ont
diminué. Selon l'article, les constats
d'infraction livrés par la CNESST en 2020 ont
été les plus bas depuis des années,
soit 1772, alors qu'ils étaient en moyenne
autour de 3600 entre 2016 et 2019.
C'est-à-dire que la CNESST
a baissé sa garde alors que la pandémie frappait
et que les problèmes étaient les plus graves.
L'article cite une représentante en prévention de
la FTQ sur le chantier de construction du REM,
Réseau express métropolitain, une nouvelle ligne
de transport de type métro léger qui traversera le
Grand Montréal. Elle dit :
« C'est de plus en plus dangereux. Les travaux
doivent être faits vite. Les compagnies marchent
aux bonis, donc la santé et la sécurité ne
semblent pas être leur priorité. Les travailleurs
ne font pas de plaintes et quand ils décident d'en
faire, les inspecteurs ne se déplacent pas. Ils
font juste appeler et ils attendent des photos
prises par le
surintendant ».
Les travailleurs du secteur des mines confirment
que la CNESST a diminué depuis des années ses
activités d'inspection, son émission de constats
d'infraction qui mènent à des amendes aux
entreprises, et ses avis de dérogation qui mènent
à des ordonnances de correctifs pour le
non-respect des normes de santé et de sécurité.
L'un d'entre eux a
dit, en conversation avec Forum ouvrier,
que les grands employeurs exercent une pression
constante sur la CNESST pour qu'elle n'intervienne
pas contre eux, et que la direction de la CNESST
exerce une pression sur ses inspecteurs pour
qu'ils n'émettent pas de constats reconnaissant
des fautes et exigeant des mesures correctives aux
entreprises.
C'est un problème très sérieux auquel les
travailleurs font face et ce problème sera encore
aggravé par la Loi 59, Loi modernisant le
régime de santé et de sécurité du travail,
qui a été adoptée le 30 septembre dernier par
le gouvernement du Québec en dépit de la ferme
opposition des travailleurs, des syndicats et des
organisations de défense des travailleurs
accidentés.
Cette loi accorde un pouvoir unilatéral de
décision aux grands intérêts privés en matière de
santé et sécurité. Dans ce contexte, elle accorde
d'énormes pouvoirs réglementaires à la CNESST,
notamment en matière de reconnaissance de ce qui
constitue une maladie professionnelle,
d'assistance médicale aux travailleurs blessés et
malades, de
retour au travail, d'indemnisation, et de
mécanismes de prévention. La CNESST, qui déjà
n'agit pas à la hauteur de ses responsabilités,
pourra faire et défaire les règlements à sa guise,
sans que cela soit scruté publiquement, sans même
que l'Assemblée nationale en soit saisie.
Tout ceci est absolument contraire à une façon
prosociale et moderne de traiter des problèmes de
santé et sécurité des travailleurs, qui exige que
la voix des travailleurs soit décisive dans la
détermination de ce qui est salubre et sécuritaire
aux endroits de travail et de ce qui est un juste
traitement pour les travailleurs accidentés ou
rendus
malades au travail.
Cela ne fait qu'accentuer la conscience de
l'urgence parmi les travailleurs d'intensifier
leur lutte contre ces violations à leurs droits.
(Photo: FTQ-Construction)
Cet article est paru dans
Numéro 93 - 8 octobre 2021
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