Notre revendication est un régime d'assurance-emploi juste et universel

France Simard est la coordonnatrice du Mouvement Action Chômage Lac-Saint-Jean

Forum ouvrier : De nouvelles règles sont entrées en vigueur le 26 septembre en ce qui concerne l'admissibilité aux prestations de l'assurance-emploi (AE) de même que le montant et la durée des prestations. Peux-tu nous les résumer ?

FS : Il y a d'abord une nouvelle règle qui établit une norme universelle de 420 heures de travail pour être admissible aux prestations, contrairement à auparavant, avant la pandémie, où la norme variait selon le taux de chômage officiel dans chaque région. Cette norme unique de 420 heures va rester en vigueur pendant un an.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2020/Slogans/Assurance-ChomageEstUnDroit.jpgPar contre, on revient à ce qui était le cas avant la pandémie en ce qui concerne le nombre de semaines de prestations auxquelles le prestataire aura droit, pour lesquelles on tient compte du taux de chômage officiel de la région où vous habitez. [Au plus fort de la pandémie, un taux de chômage minimum de 13,1 % était attribué à toutes les régions économiques de l'assurance-emploi et les prestataires pouvaient recevoir jusqu'à un maximum de 50 semaines de prestations - FO.] Par exemple, quelqu'un qui a juste travaillé le nombre minimum de 420 heures aura droit à 14 semaines de prestations, et ce nombre peut varier selon le taux de chômage dans la région où il habite. Et le nombre de semaines de prestations peut atteindre un maximum de 45 semaines. Encore une fois, les heures travaillées et le taux de chômage de la région sont pris en considération.

Pour ce qui est du taux de prestations, ceux qui vont faire une demande de prestations entre le 26 septembre et le 20 novembre recevront une prestation minimum de 300 dollars par semaine. À partir du 21 novembre, on revient au calcul du montant des prestations qui existait avant la pandémie, qui est de 55 % du salaire brut, sur la base des meilleures semaines que le prestataire a travaillées. La quantité des semaines travaillées prises en considération variera entre 14 et 22.

FO : Quelle est ton évaluation de ces mesures ?

FS : Le 420 heures comme norme universelle est acceptable. Cela fait des années qu'on demande une mesure universelle pour tout le Canada. Nous la voulons plus basse mais c'est une amélioration. On ne sait pas ce qu'elle sera une fois l'année écoulée.

Nous sommes présentement dans une période de transition parce que les libéraux ont promis de faire une réforme de l'assurance-emploi. C'est difficile de prévoir ce qui va se passer au bout de cette année de transition. Le gouvernement a instauré une consultation pour un changement du système. Dans le cadre de la consultation, il y a un questionnaire en ligne qui a été affiché avant les élections, et ce questionnaire se poursuit jusqu'au 8 octobre. Après cela, selon le gouvernement, il y aura des consultations dites ciblées. Ce que cela veut dire est un point d'interrogation.

On ne veut pas d'une consultation bidon, alors que le questionnaire est bidon. Cela fait 20 ans qu'on consulte, qu'on présente des mémoires, on veut travailler, discuter des problèmes concrets.

On ne veut pas d'une consultation qui est une façon de justifier de ne pas faire la réforme dont on a besoin.

On veut travailler sur la base d'un document de travail avec des pistes de solutions. On pense que les cotisants au régime, les employeurs et les travailleurs doivent être représentés, notamment les syndicats et les groupes de défense des droits. Nous sommes la voix d'un grand nombre de prestataires, les prestataires passent par nous. Nous connaissons les problèmes sur le terrain. Il faut consulter au niveau national et aussi dans les régions. Les régions éloignées n'ont pas la même réalité que les grandes villes.

FO : Tu peux donner des exemples du caractère bidon du questionnaire ?

FS : Il est très biaisé. À la fin de chaque section, on demande si les signataires sont prêts à payer plus en cotisations à l'assurance-emploi si on améliore tel ou tel aspect du régime. Personne ne va répondre oui. En plus, avec tous les préjugés qui circulent en ce moment, que le régime est soi-disant trop généreux, qu'il incite les gens à ne pas travailler, le moment n'est pas choisi pour un tel questionnaire.

FO : Peux-tu réitérer les principales demandes du Masse (Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi) dont le Mouvement Action Chômage Lac-Saint-Jean fait partie ?

FS : Notre première revendication c'est un seuil d'admissibilité unique à 350 heures ou 13 semaines. La deuxième revendication c'est un taux de prestations d'au moins 70 % du salaire assurable, basé sur les 12 meilleures semaines de travail. La troisième est un plancher minimum de 35 semaines de prestations, qui permettrait entre autres choses d'éliminer le trou noir pour les travailleurs saisonniers, cette période de temps où ils sont sans revenu, ayant épuisé leurs prestations mais n'ayant pas encore retrouvé leur emploi. La quatrième est l'abolition des exclusions totales de l'assurance-emploi pour les travailleurs qui perdent leur emploi par départ volontaire ou qui sont congédiés. Et la cinquième est l'accès aux prestations régulières d'assurance-chômage, en cas de perte d'emploi, sans égard aux prestations maternité/parentales/paternité versées. Les femmes qui viennent d'accoucher et qui perdent leur emploi pendant leur période de prestations de RQAP (Régime québécois d'assurance parentale) ou tout de suite après n'ont plus le droit à rien. Si elles perdent leur emploi, ce n'est pas leur faute. C'est de la discrimination envers les femmes et envers les hommes aussi parce qu'il y a des hommes qui reçoivent des prestations parentales et de paternité.

Notre revendication est un régime d'assurance-emploi juste et universel.


Cet article est paru dans

Numéro 92 - 6 octobre 2021

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