Ce que révèle l'aggravation des conditions en Alberta

Le gouvernement Kenney est enfin sorti de sa cachette pour présenter un certain nombre de mesures au moment même où nos travailleurs de la santé, nos hôpitaux et nos unités de soins intensifs sont au point de rupture. Nos écoles, par contre, ont été largement laissées à elles-mêmes.

L'Alberta a actuellement les taux les plus élevés de COVID-19 de toute l'Amérique du Nord. À l'heure actuelle, une personne est tenue de s'isoler si elle est malade ou si elle a un test positif, et c'est tout. Mais on ne peut pas se faire tester pour la COVID-19 à moins que les symptômes soient considérés comme graves, ou qu'ils soient liés à une éclosion, ce qui n'est pas la même chose que d'avoir été en contact étroit avec une personne dont le test est positif. Tout cela, alors que seulement 61 % des 72 % de la population âgée de 12 ans et plus sont entièrement vaccinés.

Nous savons maintenant que les personnes totalement vaccinées peuvent toujours transmettre la COVID-19 mais sont souvent asymptomatiques, et il en va de même pour les enfants. Cela signifie que le dépistage des personnes asymptomatiques n'a jamais été aussi important. Au lieu de mettre cela en place, le gouvernement a réduit les tests de dépistage aux seules personnes qui présentent des symptômes graves. Les hôtels où les gens pouvaient s'isoler si nécessaire pour assurer la sécurité de leur famille ont été fermés. Les employeurs ne sont pas obligés de payer les congés de maladie. Le gouvernement passe de l'offre de 100 dollars aux personnes pour qu'elles se fassent vacciner (un échec total) aux passeports vaccinaux, alors qu'on ignore le besoin réel d'instituer des mesures de protection tous azimuts et d'assurer le personnel, les salaires et des conditions de travail adéquats pour toutes et tous.

Pour ce qui est de nos écoles, le gouvernement de l'Alberta a publié une carte qui montre les éclosions connues, mais le lien vers ce site est défectueux. Les enseignants et les parents s'informent auprès de Support Our Students, une organisation de défense de l'éducation publique composée de bénévoles, qui signale, qu'en date du 18 septembre, 59 écoles ont des éclosions. Une éclosion est déclarée lorsque 10 % ou plus des élèves d'une école sont absents en raison d'une maladie respiratoire.

En cas d'éclosion, les parents reçoivent un courriel qui les en informe. Ce n'est qu'à ce moment-là que les élèves et le personnel peuvent se faire dépister.

Lorsque les cas atteignent le point où les unités de soins intensifs sont sur le point d'être complètement débordées, quelqu'un actionne un interrupteur et divers services sont fermés. Lorsque les cas de COVID-19 reviennent à un niveau arbitrairement acceptable, ils sont rouverts.

En plus de cela, les enseignants de l'Alberta doivent composer avec un nouveau programme d'étude qui a été presque universellement rejeté. Les conseils scolaires ne le piloteront pas. Les enseignants l'ont absolument rejeté. Des dizaines de milliers de personnes ont rejoint des groupes en ligne pour discuter du type de programme d'étude qui est nécessaire. Elles exigent que soit déclaré mort et enterré le programme raciste, xénophobe, antidémocratique, bâclé, plagié et non professionnel du Parti conservateur uni, qui a été bricolé d'une manière qui suggère que ceux qui l'ont rédigé n'ont jamais rencontré un enfant de leur vie.

Manifestation devant l'Assemblée législative de l'Alberta contre le nouveau
programme d'étude proposé

Nous pouvons résumer la situation comme suit. Ceux qui se sont montrés inaptes à gouverner continuent d'utiliser leurs pouvoirs de police ou arbitraires d'une manière qui met en danger la vie des Albertains, tandis que les travailleurs continuent de faire des efforts herculéens pour assurer la sécurité de tous et d'exiger les mesures dont ils ont besoin, mais qu'ils n'ont pas le pouvoir d'instaurer et faire respecter. Partout où ils le peuvent et chaque fois qu'ils le peuvent, les travailleurs assument en fait les fonctions de l'autorité publique, identifient les problèmes et apportent des solutions. Ce qu'il faut c'est renouveler le processus politique pour que les travailleurs puissent parler et agir en leur propre nom, et non assumer le fardeau de gérer une crise dont trente ans d'offensive antisociale ont prouvé qu'elle est insoutenable.

C'est précisément la raison pour laquelle nous faisons face à la crise actuelle du système néolibéral : les travailleurs ne peuvent plus supporter le fardeau d'encaisser l'anarchie, le chaos et la violence que l'élite dirigeante, ses partis de cartel et ses agences d'État ont imposés à la société en raison de ses arrangements et stratagèmes pour payer les riches.

La pandémie ne fait que révéler la nécessité de renouveler la démocratie. De plus en plus, elle incite les travailleurs à parler en leur propre nom sur cette nécessité afin qu'ils puissent mettre en place les mesures nécessaires pour faire face à cette crise. Ils ne peuvent pas continuer à colmater les brèches là où le gouvernement ne fait pas son devoir.

Ce sont les travailleurs de la santé, les enseignants, les travailleurs des usines de transformation de la viande, les postiers, les travailleurs de la vente au détail, les travailleurs du pétrole, les fermiers qui, avec les peuples autochtones et d'autres, travaillent pour gagner leur vie qui ont montré qu'on pouvait leur faire confiance pour défendre les droits de toutes et tous. Pourquoi voudrions-nous remettre la prise de décision entre les mains de quelqu'un d'autre ? Faire face à des problèmes n'est pas nouveau. Ce dont nous avons besoin, ce sont des mesures qui investissent le peuple du pouvoir de décider afin qu'il soit capable d'apporter à ces problèmes des solutions qui le favorise au lieu de favoriser les riches.


Cet article est paru dans

Numéro 85 - 20 septembre 2021

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