Préoccupations des travailleurs que les gouvernements
et les élections n'abordent pas

Le gouvernement ne protège pas les régimes de retraite des travailleurs

La section locale 9700 du Syndicat des Métallos représente les travailleurs de l'aluminerie ABI de Bécancour

Mon profond malaise avec cette élection, et la façon dont elle se passe, c'est que les travailleurs, ou les électeurs, dont la majorité sont des travailleurs, sont utilisés comme des pantins pour des fins de propagande, comme une statistique de sondage, pour que des partis arrivent au pouvoir ou restent au pouvoir. On ne les écoute pas. On ne prend pas en note leurs besoins. On va dans le sens contraire de ce que le peuple demande de ses gouvernements. Si on suit les débats, on voit jusqu'à quel point les élections sont déconnectées et loin de nos besoins et de nos préoccupations.

http://cpcml.ca/images2018/WorkersEconomy/PensionsBenefits/Slogans/170501-MontrealPremierMai-56cr.jpgUne des sérieuses préoccupations des travailleurs, c'est la défense de leurs régimes de retraite. Par exemple, cela fait des années que les Métallos et d'autres organisations syndicales militent pour que les travailleurs soient parmi les premiers créanciers, avec leurs régimes de retraite, lorsque les entreprises déclarent faillite. Il y a beaucoup de travailleurs qui ont perdu 30 ou 40 % et même plus de leur régime de retraite dans ces cas-là. C'est un problème qui perdure depuis de nombreuses années et encore aujourd'hui ce n'est toujours pas réglé.

Un sérieux problème auquel nous faisons face, c'est que les lois canadiennes encadrent mal les entreprises. Prenons le cas d'Aléris, cette usine de transformation d'aluminium qui était au Cap-de-la-Madeleine ici à Trois-Rivières. Aléris était une filiale de la multinationale du même nom aux États-Unis mais elle était une entité légale indépendante au Canada. Ce qui s'est passé c'est que la multinationale américaine a siphonné les profits et a laissé des déficits dans les régimes de retraite des travailleurs canadiens. Le gouvernement lui a permis de ne pas renflouer les déficits du régime de retraite. Pendant toutes ces années les profits sont allés à la maison-mère qui existe encore. En 2009, l'entité canadienne a été déclarée en faillite. La multinationale américaine n'a reconnu aucune obligation envers les travailleurs canadiens, qui ont perdu leurs indemnités de départ et une portion énorme de leur régime de retraite. Je connais deux anciens travailleurs d'Aléris, un de 28 ans d'ancienneté et l'autre de 25 et ils ont perdu chacun 42 % de leur régime de retraite. Et tout cela a été déclaré légal. Voilà des responsabilités dont les entreprises se détournent, de manière légale ou en forçant la main parfois.

Nous sommes dans la même situation ici à ABI. L'aluminerie ABI est une entité des multinationales étrangères Alcoa et Rio Tinto. Elle est toutefois considérée comme une entité canadienne indépendante. Si demain matin, advenant par exemple que le marché de l'aluminium s'effondre, Alcoa et Rio Tinto décident de la mettre en faillite, ils ne seront pas redevables de ce qui va arriver aux travailleurs d'ABI. Alcoa et Rio Tinto n'auront pas à renflouer les déficits.

Les entreprises qui viennent investir ici au Québec et Canada connaissent les lois canadiennes et savent qu'elles ne protègent pas les travailleurs canadiens. Souvent, elles viennent s'établir ici, prennent des subventions, mais l'entité est déclarée par la loi comme étant indépendante même si ce n'est pas le cas. Tout le monde sait que ces entités sont la propriété de ces multinationales et que ce sont elles qui prennent les décisions. Le gouvernement canadien ne légifère pas assez strictement pour défendre les travailleurs. C'est cela qu'on dénonce depuis longtemps et qui doit changer. C'est un problème que le gouvernement canadien ne veut pas aborder.

Et pendant les élections, ce problème n'est même pas soulevé.


Cet article est paru dans

Numéro 85 - 20 septembre 2021

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