Entrevues
Line Sirois, coordonnatrice d'Action-Chômage Côte-Nord
Forum ouvrier : Quelle est
la situation des travailleurs saisonniers en ce
moment en ce qui concerne l'accès à
l'assurance-emploi ?
Représentants de cinq groupes membres de
la coalition interprovinciale devant les
bureaux de l'AE à Forestville, 30 juin
2021
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Line Sirois : Présentement,
les saisonniers sont un peu mal pris. En ce
moment, le gouvernement est en train de changer
les mesures d'urgence par une autre sorte de
mesures, qui est 420 heures de travail pour
tous pour être admissibles à l'assurance-emploi à
partir de la fin du mois de septembre. Là-dessus,
on est
content, que tout le monde soit égal du point de
vue des heures requises pour être admissibles à
l'assurance-emploi. Par contre, on va revenir
comme avant, c'est-à-dire que le nombre de
semaines de prestations que tu reçois dépend du
taux de chômage en vigueur dans chaque région. La
Côte-Nord est jumelée avec d'autres régions
administratives
qui ne connaissent pas l'industrie saisonnière, ce
qui fait que le taux de chômage officiel de
l'ensemble de la région est plus bas que ce qu'il
est réellement sur la Côte-Nord. Chez nous,
présentement, le taux de chômage serait en bas
de 6 %. Cela veut dire qu'un travailleur
de l'industrie saisonnière va recevoir
entre 14
et 19 semaines de prestations, au lieu
de 50 comme c'est le cas présentement. Si le
taux de chômage sur la Côte-Nord est bas, cela est
dû non pas parce que l'emploi a repris et qu'on a
créé de l'emploi, mais au vieillissement de la
population qui crée des taux de chômage
artificiellement bas. Il y a de moins en moins de
population
active entre 16 et 64 ans qui vit sur la
Côte-Nord.
Il y avait une bonne mesure de 420 heures
pour 50 semaines de prestations, c'était une
bonne mesure pour les travailleurs parce qu'on
était encore en pandémie. En fait, la pandémie
n'est pas derrière nous. La pandémie est encore
présente. Le tourisme international n'est pas là,
les Européens qui habituellement viennent en
touristes
ici ne sont pas là. On voit déjà qu'il y a
plusieurs entreprises qui vont fermer leurs
portes.
Les gens se demandent quoi faire, parce que le
trou noir va revenir, cette période où les gens
n'ont pas le droit à de l'assurance-emploi. C'est
dramatique. Je reçois plein de coups de téléphone,
les gens ne savent pas ce qui va leur arriver.
C'est vraiment ça la problématique chez nous,
c'est sur ce clou là qu'on veut taper.
FO : Quelles sont vos
revendications dans ces conditions ?
LS : Ce qu'on demande c'est
clair, et on ne le demande pas juste pour les
saisonniers. On va arrêter de donner à un pour ne
pas donner à l'autre. On demande 420 heures
et 35 semaines de prestations pour tout le
monde, que tout le monde soit égal. On doit
arrêter de montrer du doigt qu'un chômeur qui
demande des prestations à chaque année est un
profiteur du système. C'est faux.
On veut que tout le monde soit traité également,
et que tous reçoivent l'assurance-emploi, qu'ils
soient travailleurs saisonniers, ou à temps
partiel, ou toute autre catégorie de travailleurs.
Présentement nous sommes en train de bâtir une
grande coalition interprovinciale formée de
groupes de chômeurs et de syndicats de l'Est du
Canada. En ce moment, la coalition
interprovinciale rassemble des groupes de chômeurs
du Saguenay-Lac-St-Jean, de la Côte-Nord, du
Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, du
Nouveau-Brunswick et de
l'Île-du-Prince-Édouard en plus de nombreux
représentants syndicaux de la CSN et de la FTQ.
Nous avons tenu une action commune le 30
juin, une action simple mais qui a fait couler
beaucoup d'encre. Chaque comité, peu importe où il
était, a fait un gâteau à l'occasion de la Fête du
Canada et on a distribué des parts de gâteau
devant les
bureaux de Service Canada, en précisant par contre
que personne n'avait le coeur à la fête, afin de
sensibiliser la population aux problèmes actuels
de l'assurance-emploi.
C'est-là dessus que nous allons travailler
pendant la campagne électorale, pas juste au
Québec mais avec d'autres pour faire valoir nos
revendications. Nous voulons obtenir dès
maintenant du gouvernement du Canada une réforme
de l'assurance-emploi. Pour nous, le temps n'est
plus à la discussion et aux consultations, le
temps est à l'action.
Nous allons tenir d'autres actions de mobilisation
dans la période qui vient.
Cet article est paru dans
Numéro 75 - 27 août 2021
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