Sonia Charette, représentante syndicale pour les Métallos pour l'Abitibi-Témiscamingue
Vigile contre le projet de loi 59 devant
l'Assemblée nationale du Québec, 1er juin 2021
La réforme apportée par le projet de loi ne nous
aide pas du tout, mais elle va au contraire
appauvrir tout le volet prévention et le volet
réparation pour la reconnaissance des maladies
professionnelles chez les travailleurs.
En ce qui concerne la prévention, l'essentiel
était les 4 mécanismes de prévention qui
étaient là pour les secteurs prioritaires à
l'adoption de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail en 1979 et qui,
en 1985, devaient s'appliquer à tous les
secteurs, mais cela n'a jamais été fait. Le
ministre Boulet nous dit que le projet de loi est
bon parce que maintenant les mécanismes de
prévention vont s'appliquer à tous les secteurs.
Ce qu'il ne dit pas c'est que ces mécanismes de
prévention sont dilués dans le projet de loi.
Avant, dans la loi, il y avait des minimums que
l'employeur devait respecter. Dans le projet de
loi, ces minimums n'existent plus. Il n'y aura
plus de minimum pour les heures de représentation
pour les représentants en prévention, plus
d'heures minimum pour les comités de santé et de
sécurité. Pour les deux autres mécanismes, le
programme de prévention et le programme de santé
spécifique à l'établissement, le projet de loi
donne à l'employeur le pouvoir d'établir ces
programmes unilatéralement. La notion de
paritarisme est éliminée, où les travailleurs et
les employeurs discutent ensemble des problèmes et
de comment y remédier. Quand les travailleurs
participent à la solution des problèmes, ils sont
plus enclins à mettre en oeuvre les mesures de
prévention nécessaires. L'objectif avoué du projet
de loi est de faire épargner 4,3
milliards $ aux employeurs pendant dix ans
Ils vont le faire sur le dos des travailleurs qui
ne seront plus capables, ou qui auront beaucoup de
difficultés à faire reconnaître les maladies
professionnelles, à obtenir une indemnisation, et
plusieurs vont se retrouver sur l'aide sociale.
Un autre volet qui n'est
pas abordé par le projet de loi c'est le volet
psychologique. Déjà, à l'heure actuelle pour tout
ce qui est lésion psychologique, le burnout par
exemple, 9 fois sur 10 les travailleurs se
font refuser à la CNEEST. Le projet de loi manque
le bateau, il n'y a rien sur les lésions
psychologiques, sauf un petit volet chocs
post-traumatiques. Ils ont juste mis dans le
projet de loi ce que la jurisprudence a déjà
déterminé. Ils n'ont rien ajouté de nouveau. À la
mine Westwood, nous avons connu un éboulement il y
a quelques mois, et il y en a eu cinq dans les
dernières années. Cela cause des chocs à nos
travailleurs et ils n'arrivent pas à faire
reconnaître leur choc comme une lésion
psychologique par la CNESST. Un autre enjeu majeur
dans les mines, c'est la surdité. Le projet de loi
va augmenter le seuil pour la reconnaissance de la
surdité professionnelle.
Nous avons rencontré l'ensemble des députés de la
région pour les sensibiliser aux impacts de ce
projet de loi-là. On élit des gens pour nous
représenter, mais on ne leur demande pas de
comptes après. Alors ils font ce qu'ils veulent
parce qu'ils ne nous rendent pas de comptes. Ils
doivent penser à la région et non à leur parti.
Nous, les métallos, sommes persuadés que si ce
projet de loi passe, cela va amener des conflits
de travail au niveau des négociations de
conventions collectives. Comme il n'y a plus de
minimum dans la loi sur le volet prévention, le
besoin de les négocier va créer plus de conflits
de travail.
Cet article est paru dans
Numéro 72 - 20 août 2021
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