Les travailleurs et travailleuses d'hôpitaux de l'Ontario en action

Des manifestations à l'échelle de la province pour exiger le retrait de la Loi 124

Selon le premier ministre Justin Trudeau, la pandémie de COVID-19 est terminée et il est prêt à recevoir un mandat d'après-pandémie des électeurs. La pandémie n'est pas terminée, comme l'a souligné l'administratrice en chef de la santé publique du Canada qui a indiqué que nous sommes en fait entrés dans la quatrième vague. Dans sa déclaration du 13 août, elle a dit que « les dernières moyennes nationales pour les 7 derniers jours (du 6 au 12 août) indiquent que 1 609 nouveaux cas sont signalés sur une base quotidienne, ce qui représente une hausse de 70 % de la semaine précédente », et qu'il existe des signes précurseurs d'une hausse de tendances graves, compte tenu d'une augmentation de 14 % depuis la semaine précédente du nombre de gens hospitalisés.

En plus, aucun bilan n'a été fait des conditions à l'échelle du pays. La crise du système de soins de santé en est un bon exemple. La crise du système dans son ensemble s'aggrave, en particulier à cause de la privatisation et de la continuation implacable et acharnée de programmes pour payer les riches et de la conception selon laquelle les travailleurs sont remplaçables.

Dans ce cadre, les travailleurs d'hôpitaux de l'Ontario font face aux mêmes problèmes que les  travailleurs de la santé des autres provinces. Ces problèmes existaient avant la pandémie mais ils se sont aggravés, le plus significatif étant celui de la pénurie de personnel. Sans un personnel suffisant, la santé des patients est compromise. Au lieu d'augmenter les investissements dans les soins de santé, notamment la formation et le recrutement dans tous les secteurs, ceux qui travaillent dans les soins de santé ont été placés dans des situations de surcharge de travail intenable et ont été privés du repos nécessaire, ce qui affecte leur santé et leur bien-être de même que ceux de leur famille et de leurs patients.

Depuis juillet, les 70 000 travailleurs et travailleuses d'hôpitaux membres du Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario/Syndicat canadien de la fonction publique (CSHO-SCFP) et de l'Union internationale des employés de service (UIES) organisent des actions devant les hôpitaux de la province sous les mots d'ordre « Respectez-nous ! Protégez-nous ! » et « Abrogez la Loi 124 ». L'objectif des rassemblements est de mobiliser les membres et le public en appui aux revendications des travailleurs d'abroger la Loi 124, et que l'Association des hôpitaux de l'Ontario entreprenne des négociations avec les syndicats pour une nouvelle convention collective sans le diktat du gouvernement sur ce qui peut et ne peut pas être négocié. Les travailleurs d'hôpitaux, comme tous les travailleurs du secteur public, sont visés par la Loi 124, adoptée par le gouvernement de Doug Ford en 2019. La Loi 124, Loi de 2019 visant à préserver la viabilité du secteur public pour les générations futures, impose une « période de modération » de trois ans aux travailleurs du secteur public, pendant laquelle les augmentations de la rémunération, soit les salaires et les avantages sociaux, sont limitées à 1 % par année. Le taux d'inflation actuel est de 3,6 %, ce qui signifie qu'une augmentation de 1 % est en fait une coupure de 2,6 %.

C'est inacceptable que le gouvernement Ford insiste pour mettre en oeuvre les clauses de la Loi 124 en réduisant les salaires et en éliminant les protections de sécurité d'emploi qui existent.

En plus de la tentative d'imposer ce plafond sur la rémunération, les syndicats indiquent que l'Association des hôpitaux de l'Ontario (AHO) leur a présenté une liste de concessions en ce qui concerne la sécurité d'emploi qui éliminent les protections déjà négociées, en attaquant les droits des travailleurs dans une situation de sous-traitance et en éliminant l'ancienneté en tant que facteur important de l'obtention d'un emploi.

S'adressant à la presse lors du rassemblement devant l'Hôpital Renfrew Victoria le 27 juillet, la secrétaire-trésorière du CSHO Sharon Richer a expliqué la situation à laquelle les travailleurs d'hôpitaux font face après avoir travaillé pendant des mois dans des conditions extrêmement difficiles pendant la pandémie. Elle a parlé des sacrifices que le personnel des hôpitaux a faits, alors que plusieurs n'ont pas pu prendre de vacances ou de congés, ont été assignés à des emplois qui ne sont pas les leurs ou à travailler dans des foyers de soins de longue durée. Dans plusieurs cas, les employés ont été séparés de leur famille pendant de longues périodes afin de ne pas amener la COVID-19 à la maison et dans les communautés. Elle a dit : « Tous craignent d'amener la COVID-19 à la maison parce que plusieurs n'ont pas travaillé avec les ÉPI adéquats pendant 20 mois. » Plus de 23 000 travailleurs de la santé en Ontario ont contracté la COVID-19 et 24 en sont morts.

Pendant la pandémie, les travailleurs d'hôpitaux ont continué d'assumer leurs responsabilités, au péril de leur santé et de leur vie, pour prendre soin des patients d'hôpitaux et des résidents des centres de soins de longue durée. Par contre, les gouvernements et les employeurs comme l'AHO n'agissent pas de façon responsable. Les gouvernements ont la responsabilité sociale de garantir à tous le droit à des soins de santé et ceci comprend les salaires et les conditions de travail dont les travailleurs ont besoin pour faire leur travail. Les réductions de salaires et les autres concessions ne vont qu'aggraver le problème de rétention et d'attraction du personnel d'hôpital. Les travailleurs exigent que leurs voix soient entendues et dénoncent les décrets gouvernementaux qui les mettent en danger, eux et leurs patients.

Forum ouvrier appelle tous les travailleurs à appuyer la lutte des travailleurs d'hôpitaux pour le retrait de la Loi 124 en Ontario et pour des salaires et des conditions de travail que les travailleurs eux-mêmes jugent acceptables au Québec et partout au pays.

(Photos: SEIU, OCHU)


Cet article est paru dans

Numéro 70 - 16 août 2021

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