Les urgences d'hôpitaux – l'exemple du Québec

Une attaque frontale contre le droit des travailleurs de prendre la parole et de s'organiser

Une crise aiguë fait rage dans les salles d'urgence des hôpitaux. Les entrevues qui suivent se concentrent sur la situation au Québec, mais une situation similaire existe à l'échelle du Canada. Le signe le plus visible de la crise est le manque de personnel requis pour veiller sur les patients de l'urgence. Les patients s'accumulent à l'urgence, quittent sans avoir été traités, et les compressions et fermetures dans les unités de soins sont si grandes qu'ils ne peuvent pas être envoyés à l'unité de soins appropriée de l'hôpital et doivent demeurer dans les salles d'urgence. La situation est devenue si critique dans l'Outaouais que l'urgence de l'hôpital de Gatineau a été entièrement fermée pendant plusieurs jours à la fin du mois de juin et les patients en besoin de soins d'urgence ont dû être détournés vers les salles d'urgence d'autres hôpitaux de la région. L'urgence a été rouverte en juillet, offrant d'abord des services pour certaines consultations d'urgence seulement, et elle est maintenant ouverte à tous seulement de 8 heures à 18 heures chaque jour.

Le manque de personnel infirmier et d'autre personnel est le résultat de plus de 30 ans d'offensive antisociale néolibérale des riches et des gouvernements contre le système de santé. La crise s'est aggravée dans le contexte de la pandémie par l'utilisation systématique de pouvoirs arbitraires comme les arrêtés ministériels qui se sont attaqués à la dignité et aux droits et à la santé physique et mentale de ceux et celles qui nous soignent et nous protègent. Ces mesures les ont conduits à la maladie et à des démissions par milliers. Les infirmières disent clairement que cette utilisation de pouvoirs arbitraires de l'État et des administrations contre elles est une des premières causes, sinon la première, qui expliquent la perte de personnel et son non-remplacement. Le facteur humain est considéré comme un coût à réduire et les êtres humains comme des fauteurs de troubles à réprimer, comme des voix à faire taire, ce qui aggrave la crise. Tous les efforts sont faits pour imposer la loi du silence dans les établissements de santé pour empêcher les travailleurs et les travailleuses de la santé de parler de ces conditions.

Plus récemment, on a vu de nombreux employeurs, inspirés par la gouvernance par décret du gouvernement, prendre des recours légaux contre des infirmières ayant fait des sit-in pour signifier qu'elles étaient à bout, et que demeurer au travail pour plus d'heures mettait en danger leur santé et celle des patients. Ils ont traité l'action des infirmières dans le cadre étroit de ce que permettent ou non les conventions collectives (les mêmes conventions collectives que le gouvernement a déclarées nulles et non avenues), et nié que les infirmières exercent leur droit de conscience et de prendre la parole dans des conditions de danger pour elles-mêmes et leurs patients. Pendant ce temps, les avenues de dialogue, de négociation et de consultations sont détruites. Les actions des infirmières créent des formes nouvelles par lesquelles ceux et celles qui font le travail affirment leurs droits dans les conditions d'aujourd'hui. Elles ont le droit humain de s'exprimer au sujet des conditions de travail qui sont requises, pour elles et pour la population. Elles en ont le devoir aussi en tant que professionnelles qui ont un engagement envers le bien-être du peuple. Elles le font courageusement et méritent notre appui.

Forum ouvrier salue fièrement les infirmières et les infirmiers des urgences qui jouent un rôle de premier plan pour prendre la parole et proposer des solutions afin de résoudre cette crise d'une façon qui bénéficie au peuple. Nous publions dans ce numéro trois entrevues avec des représentants de syndicats d'infirmières.

(Photos : FIQ)


Cet article est paru dans

Numéro 68 - 11 août 2021

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