Plein statut pour tous et toutes ! Défendons les droits de tous et toutes !

Succès retentissant de la manifestation d'Ottawa réclamant un statut complet pour tous les migrants

Le 25 juillet, plus de 3 000 personnes ont défilé dans les rues d'Ottawa pour demander au gouvernement canadien d'accorder un statut complet et permanent à tous les migrants. Les migrants et leurs alliés sont venus à Ottawa en provenance de nombreuses régions du pays, notamment de Toronto et de Montréal. La manifestation est passée devant l'ambassade des États-Unis, a traversé le marché By et s'est arrêtée au bureau du premier ministre avant de se rendre sur la colline du Parlement. Comme l'a souligné un des orateurs au rassemblement, « les migrants sont essentiels à notre société, essentiels à nos communautés. Nous travaillons ici. Nous vivons ici. Mais on nous refuse l'égalité de traitement. Nous sommes traités comme des citoyens de seconde zone. Nous luttons pour nos droits ! »

La marche à Ottawa a été le point culminant d'une semaine d'actions militantes menées par les travailleurs migrants, leurs organisations de défense et leurs sympathisants pour faire avancer leur campagne pour un Statut pour tous et toutes ! Pendant toute la semaine, les activistes ont organisé des actions dans divers quartiers de Montréal pour promouvoir la campagne et mobiliser les gens pour la marche à Ottawa.




La semaine d'action a débuté par une action de masse à Montréal le 18 juillet. Plus de 200 personnes se sont rassemblées à 11 heures au parc Hector-Toe-Blake, près du métro Atwater. Pendant plus d'une heure et demie, les participants ont défilé dans le centre-ville de Montréal, terminant la marche devant les bureaux du premier ministre du Québec, François Legault, sur l'avenue McGill College.


Marche du 18 juillet 2021 à Montréal pour lancer la semaine d'actions qui se conclut
par la marche à Ottawa

Les participants ont été informés que le Canada a rejeté deux fois plus de demandes de résidence permanente fondées sur des considérations d'ordre humanitaire, passant de 35 % en 2019 à près de 70 % au premier trimestre de 2021. La conclusion : un véritable programme de régularisation pour tous et toutes est nécessaire. De nombreux travailleurs sans-papiers ont parlé de leur situation. Mostafa Henaway, organisateur communautaire du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants a souligné que « le statut pour tous et toutes est, pour tout dire, une nécessité. Il permettra l'obtention d'une dignité de base pour les gens qui ont déjà contribué, ont déjà souffert et qui refusent de quémander. C'est pourquoi ce mouvement est si important, parce que le statut pour tous et toutes va se réaliser pour la simple raison que les migrants s'organisent et que nous sommes ici pour les appuyer. Un statut pour tous et toutes ! Nous y arriverons si nous appuyons ceux et celles qui sont déjà engagés dans cette lutte. »

Les conditions des travailleurs sans-papiers et des migrants
s'aggravent sous la pandémie

Les conditions désastreuses et la négation des droits des travailleurs migrants se sont aggravées pendant la pandémie et tous les travailleurs doivent prendre en main de résoudre ces problèmes.

Le Réseau des droits des migrants (Migrant Rights Network) explique comme suit l'objectif de sa campagne un Statut pour tous et toutes ! :

« Dans tout le pays, les migrants se sont organisés pour obtenir un statut complet et permanent pour tous et toutes. Des victoires massives ont été obtenues, mais il reste une dernière étape cruciale. Nous ne nous arrêterons pas tant que tout le monde n'aura pas un statut complet et permanent, sans exception. Nous n'abandonnerons personne à son sort »

Il explique dans son appel à la marche à Ottawa :

« Au moins 14 ouvriers agricoles sont morts au Canada cette année. Une autre demi-douzaine d'étudiants étrangers sont morts par suicide. Les migrants ont toujours été en crise, mais cette crise s'est aggravée pendant la COVID-19. Les migrants ont perdu leur travail et leur salaire pendant la crise, mais beaucoup d'entre eux ont été exclus des aides d'urgence. Ceux qui étaient déjà sans salaire ont été abandonnés. Ils ne peuvent pas payer leur loyer, font face à la famine, ont perdu leurs économies et ne peuvent obtenir les soins de santé essentiels.

« D'autres ont été contraints de continuer à travailler ou de retourner travailler dans des conditions dangereuses. Les migrants travaillant dans les fermes, les serres, les usines de transformation de la viande et des aliments, et les usines ont été frappés par des éclosions massives de COVID-19. Les travailleurs migrants du secteur des soins restent piégés au domicile de leurs employeurs et sont confrontés à une surveillance accrue, aux abus et à la violence. Les étudiants migrants, qui occupent des emplois mal rémunérés dans des entrepôts et comme chauffeurs-livreurs, ont vu leurs frais de scolarité augmenter afin de subventionner les universités et collèges canadiens.

« En 2020, le Canada a fermé ses frontières même aux réfugiés. Mais la même année, plus de personnes ont été expulsées par le gouvernement fédéral qu'au cours de n'importe laquelle des cinq années précédentes. Même les soins de santé essentiels à la vie, y compris les vaccins, sont refusés à de nombreux migrants.

« Aujourd'hui, 1,6 million de personnes au Canada, soit une personne sur 23 qui réside au Canada, n'ont pas le statut de résident permanent. Beaucoup sont exclus des soins de santé et des services sociaux et ne peuvent pas rejoindre leur famille. L'absence du statut de résident permanent fait qu'il est difficile, et souvent impossible, pour les migrants de défendre leurs droits ou d'accéder aux services, y compris ceux auxquels ils pourraient être admissibles, en raison d'une crainte fondée sur les représailles, le licenciement, l'expulsion et la déportation.

« Les mauvais employeurs et les institutions utilisent le statut d'immigrant comme un outil pour diviser et monter les travailleurs les uns contre les autres — les citoyens contre les non-citoyens — afin de maintenir les salaires bas et les profits élevés. Un statut complet pour tous et toutes est une étape essentielle pour éliminer les inégalités sur les lieux de travail et nécessaire pour une transition vers une économie juste et durable qui assure leur bien-être. »

(Photos: Solidarité sans frontières, MRN, WAC, D. Ladd)


Cet article est paru dans

Numéro 64 - 2 août 2021

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