Des attaques inacceptables contre les travailleurs d'Exceldor et
d'Olymel au Québec

Défendons la dignité et les droits des travailleurs d'abattoir!

En ce moment, les 1200 travailleurs de l'usine d'abattage de porc d'Olymel de Vallée-Jonction en Beauce sont en grève depuis le 28 avril dernier, et les 600 travailleurs de l'usine d'abattage de poulet d'Exceldor à Saint-Anselme dans la région de Québec le sont depuis le 23 mai. Les travailleurs de Vallée-Jonction signalent que depuis 2015, plus de 1 800 travailleurs ont été embauchés à Olymel Vallée-Jonction et près de 1 700 ont quitté leur emploi parce que les salaires et les conditions de travail sont si mauvais. Les travailleurs se battent pour des salaires qu'ils considèrent comme acceptables et qui maintiendront les travailleurs à l'usine. Plusieurs travailleurs migrants sont aussi employés dans ces deux usines, comme c'est le cas dans de nombreuses usines de transformation de la viande au Canada.

http://cpcml.ca/images2020/WorkersEconomy/Construction/File/180621-MTL-Grutiers-05.jpgLes travailleurs d'Exceldor disent également que les conditions de travail de l'usine sont inacceptables, en particulier en ce qui a trait à leur santé et à leur sécurité. Ils soulignent que l'assurance collective est aussi un enjeu dans leur grève, car elle leur offre un certain niveau de protection financière lorsqu'un travailleur se blesse ou tombe malade et doit s'absenter du travail. Ces travailleurs ont nourri la population dans un contexte de pandémie, souvent au risque de leur santé et de leur vie. Leurs efforts pour négocier une nouvelle convention collective et leur grève montrent l'urgente nécessité d'avoir des conditions de travail qui garantissent leur sécurité et celle du public. L'expérience des travailleurs de la transformation de la viande partout au Canada montre à quel point faire entendre la voix des travailleurs est essentiel pour défendre leurs droits et défendre les vies et que notre devoir est de les aider à briser le silence sur leur situation et sur le pouvoir dictatorial qui empêche toute amélioration de leur situation.

Loin d'être le moindrement préoccupés pour ces travailleurs, les gouvernements du Québec et du Canada ne reconnaissent rien de ce que les travailleurs disent et vivent. Le premier ministre du Québec François Legault et son ministre du Travail Jean Boulet ne peuvent pas prononcer un mot sans parler de « pénurie de main-d'oeuvre », qui selon eux est un des principaux problèmes de l'économie, et pourtant ils calomnient ces travailleurs qui cherchent à s'attaquer à ce problème par leurs revendications et leur grève.

Les gouvernements québécois et fédéral de même que les médias ont décrété que le problème soulevé par cette grève est le « gaspillage alimentaire », c'est-à-dire l'euthanasie des poulets qui ne peuvent pas être envoyés à l'abattoir. Comment des gouvernements peuvent-ils monter les poulets euthanasiés contre les êtres humains ? Ils disent qu'ils se soucient des poulets euthanasiés mais ils ne se soucient pas des êtres humains. S'ils ne veulent pas des poulets euthanasiés, qu'ils s'occupent des êtres humains et il n'y aura pas de poulets euthanasiés. Ce ne sont pas les travailleurs qui nuisent à l'approvisionnement alimentaire. Ces travailleurs ne sont pas considérés comme des personnes humaines qui ont le droit même à des choses aussi élémentaires que des salaires et des conditions de vie acceptables, le droit à avoir l'esprit en paix et qui ne sont même pas autorisés à s'exprimer en luttant pour leurs revendications. Cela démontre bien que la lutte de toute l'humanité aujourd'hui est la lutte pour le droit d'être des êtres humains. Sans cela, sans la dignité de tous les êtres humain, parler de garantir des choses comme l'approvisionnement alimentaire ou de combler quelque besoin de la société que ce soit ne veut rien dire.

Le gouvernement du Québec a demandé l'arbitrage exécutoire pour le conflit à Exceldor, ce que les travailleurs et le syndicat ont rejeté parce qu'ils devraient mettre fin à leur grève et se feraient imposer une entente non négociée. Le premier ministre François Legault a dit : « On ne devrait pas avoir le droit de gaspiller aussi bêtement des quantités énormes de nourriture. C'est indécent. » Il a demandé au syndicat d'accepter l'arbitrage. Son ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, a lancé un appel au « sens civique » des travailleurs et du syndicat, ajoutant qu'ils ont une « responsabilité morale » envers les Québécois. La ministre fédérale de l'Agriculture Marie-Claude Bibeau a dit : « Ça ne peut plus durer. Franchement, c'est intolérable de laisser des animaux destinés à l'alimentation être abattus pour aucun usage », exhortant le syndicat à accepter l'arbitrage.

Attaquer ceux et celles qui produisent la richesse sociale et livrent les services, qui nourrissent et protègent la population, et tenter de tourner le peuple contre eux, est criminel. Avoir recours aux pouvoirs de prérogative des exécutifs gouvernementaux et aux agences de l'État pour attaquer et réduire au silence les travailleurs ne fait qu'aggraver les problèmes. Nous l'avons vu clairement avec les arrêtés ministériels qui ont été imposés aux travailleurs de la santé et des services sociaux au Québec depuis mars 2020. Ces mesures ont accéléré le saccage du système de santé en imposant des conditions intenables au personnel et en tentant de les réduire au silence. La voix des travailleurs est essentielle pour résoudre les problèmes, défendre leurs droits et les droits de tous et toutes et défendre les vies. C'est pour cela que luttent les travailleurs d'Exceldor et d'Olymel.

Forum ouvrier appelle tous les travailleurs à multiplier nos efforts communs pour dénoncer les attaques des gouvernements, des médias et d'autres contre ces travailleurs en grève et tous les travailleurs, en particulier les plus vulnérables qui doivent se débrouiller seuls. La lutte des travailleurs des abattoirs est une lutte pour les droits et la dignité de tous.


Cet article est paru dans

Numéro 60 - 23 juin 2021

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