Des attaques inacceptables contre
les travailleurs d'Exceldor et
d'Olymel au Québec
Défendons la dignité et les droits des travailleurs d'abattoir!
En ce moment, les 1200 travailleurs de l'usine
d'abattage de porc d'Olymel de Vallée-Jonction en
Beauce sont en grève depuis le 28 avril dernier,
et les 600 travailleurs de l'usine d'abattage de
poulet d'Exceldor à Saint-Anselme dans la région
de Québec le sont depuis le 23 mai. Les
travailleurs de Vallée-Jonction signalent que
depuis 2015, plus de 1 800 travailleurs ont été
embauchés à Olymel Vallée-Jonction et près de 1
700 ont quitté leur emploi parce que les salaires
et les conditions de travail sont si mauvais. Les
travailleurs se battent pour des salaires qu'ils
considèrent comme acceptables et qui maintiendront
les travailleurs à l'usine. Plusieurs travailleurs
migrants sont aussi employés dans ces deux usines,
comme c'est le cas dans de nombreuses usines de
transformation de la viande au Canada.
Les
travailleurs d'Exceldor disent également que les
conditions de travail de l'usine sont
inacceptables, en particulier en ce qui a trait à
leur santé et à leur sécurité. Ils soulignent que
l'assurance collective est aussi un enjeu dans
leur grève, car elle leur offre un certain niveau
de protection financière lorsqu'un travailleur se
blesse ou tombe malade et doit s'absenter du
travail. Ces travailleurs ont nourri la population
dans un contexte de pandémie, souvent au risque de
leur santé et de leur vie. Leurs efforts pour
négocier une nouvelle convention collective et
leur grève montrent l'urgente nécessité d'avoir
des conditions de travail qui garantissent leur
sécurité et celle du public. L'expérience des
travailleurs de la transformation de la viande
partout au Canada montre à quel point faire
entendre la voix des travailleurs est essentiel
pour défendre leurs droits et défendre les vies et
que notre devoir est de les aider à briser le
silence sur leur situation et sur le pouvoir
dictatorial qui empêche toute amélioration de leur
situation.
Loin d'être le moindrement préoccupés pour ces
travailleurs, les gouvernements du Québec et du
Canada ne reconnaissent rien de ce que les
travailleurs disent et vivent. Le premier ministre
du Québec François Legault et son ministre du
Travail Jean Boulet ne peuvent pas prononcer un
mot sans parler de « pénurie de
main-d'oeuvre », qui selon eux est un des
principaux problèmes de l'économie, et pourtant
ils calomnient ces travailleurs qui cherchent à
s'attaquer à ce problème par leurs revendications
et leur grève.
Les gouvernements québécois et fédéral de même
que les médias ont décrété que le problème soulevé
par cette grève est le « gaspillage
alimentaire », c'est-à-dire l'euthanasie des
poulets qui ne peuvent pas être envoyés à
l'abattoir. Comment des gouvernements peuvent-ils
monter les poulets euthanasiés contre les êtres
humains ? Ils disent qu'ils se soucient des
poulets euthanasiés mais ils ne se soucient pas
des êtres humains. S'ils ne veulent pas des
poulets euthanasiés, qu'ils s'occupent des êtres
humains et il n'y aura pas de poulets euthanasiés.
Ce ne sont pas les travailleurs qui nuisent à
l'approvisionnement alimentaire. Ces travailleurs
ne sont pas considérés comme des personnes
humaines qui ont le droit même à des choses aussi
élémentaires que des salaires et des conditions de
vie acceptables, le droit à avoir l'esprit en paix
et qui ne sont même pas autorisés à s'exprimer en
luttant pour leurs revendications. Cela démontre
bien que la lutte de toute l'humanité aujourd'hui
est la lutte pour le droit d'être des êtres
humains. Sans cela, sans la dignité de tous les
êtres humain, parler de garantir des choses comme
l'approvisionnement alimentaire ou de combler
quelque besoin de la société que ce soit ne veut
rien dire.
Le gouvernement du Québec a demandé l'arbitrage
exécutoire pour le conflit à Exceldor, ce que les
travailleurs et le syndicat ont rejeté parce
qu'ils devraient mettre fin à leur grève et se
feraient imposer une entente non négociée. Le
premier ministre François Legault a dit : «
On ne devrait pas avoir le droit de gaspiller
aussi bêtement des quantités énormes de
nourriture. C'est indécent. » Il a demandé au
syndicat d'accepter l'arbitrage. Son ministre de
l'Agriculture, André Lamontagne, a lancé un appel
au « sens civique » des travailleurs et du
syndicat, ajoutant qu'ils ont une « responsabilité
morale » envers les Québécois. La ministre
fédérale de l'Agriculture Marie-Claude Bibeau a
dit : « Ça ne peut plus durer. Franchement,
c'est intolérable de laisser des animaux destinés
à l'alimentation être abattus pour aucun usage »,
exhortant le syndicat à accepter l'arbitrage.
Attaquer ceux et celles
qui produisent la richesse sociale et livrent les
services, qui nourrissent et protègent la
population, et tenter de tourner le peuple contre
eux, est criminel. Avoir recours aux pouvoirs de
prérogative des exécutifs gouvernementaux et aux
agences de l'État pour attaquer et réduire au
silence les travailleurs ne fait qu'aggraver les
problèmes. Nous l'avons vu clairement avec les
arrêtés ministériels qui ont été imposés aux
travailleurs de la santé et des services sociaux
au Québec depuis mars 2020. Ces mesures ont
accéléré le saccage du système de santé en
imposant des conditions intenables au personnel et
en tentant de les réduire au silence. La voix des
travailleurs est essentielle pour résoudre les
problèmes, défendre leurs droits et les droits de
tous et toutes et défendre les vies. C'est pour
cela que luttent les travailleurs d'Exceldor et
d'Olymel.
Forum ouvrier appelle tous les travailleurs à
multiplier nos efforts communs pour dénoncer les
attaques des gouvernements, des médias et d'autres
contre ces travailleurs en grève et tous les
travailleurs, en particulier les plus vulnérables
qui doivent se débrouiller seuls. La lutte des
travailleurs des abattoirs est une lutte pour les
droits et la dignité de tous.
Cet article est paru dans
Numéro 60 - 23 juin 2021
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