Quelques réflexions sur la thèse de base de l'Assemblée générale du CTC
- Pierre Chénier -
Les énoncés de politique du CTC critiquent les
politiques néolibérales des gouvernements actuels.
En même temps, ils appellent le mouvement syndical
à renforcer les institutions démocratiques
libérales politiques existantes qui sont
responsables des attaques. Ils disent qu'il faut
appuyer ces institutions antiouvrières pour
empêcher la montée de courants extrémistes de
droite qui mèneraient à des attaques encore plus
graves. Au bout du compte, ils lancent l'appel à
appuyer les libéraux de Justin Trudeau, qu'ils
considèrent comme un parti non extrémiste, un
parti de l'équité. Ils n'expliquent pas en quoi le
Parti libéral mérite cet appui, lui qui est depuis
des décennies un ardent défenseur des politiques
néolibérales qui attaquent les travailleurs, les
programmes sociaux et les services publics et qui
paient les riches.
Les
documents considèrent que la pandémie est un
moment charnière pour la préservation du système
de démocratie libérale et des institutions
libérales et empêcher que les sociétés se tournent
vers l'extrémisme. Le fait que la démocratie
libérale et ses institutions se consacrent depuis
leur création à la protection de la propriété
privée plutôt que des droits humains ne semble pas
préoccuper les auteurs. Ils ne voient pas la
nécessité de faire des droits humains un objectif
charnière de la société plutôt que les droits de
propriété. Selon ces énoncés, le mouvement ouvrier
doit faire en sorte que les travailleurs soient
mobilisés comme une force pour consolider les
institutions qui défendent la propriété privée et
non les droits humains.
Les auteurs des énoncés de politique évitent
toute discussion sur la recherche et la lutte pour
une nouvelle direction de l'économie qui met fin à
l'économie qui paie les riches, qui sert
l'oligarchie mondiale et qui considère les droits
humains comme un obstacle aux droits de propriété
ou quelque chose qui peut être manipulé à
l'échelle internationale pour servir leurs
intérêts. Ils insistent que les travailleurs n'ont
pas à devenir politiques eux-mêmes, ni à chercher
à s'investir du pouvoir de décision ou à avoir un
ordre du jour indépendant de l'élite dirigeante et
de ses institutions politiques. Ils encouragent
les travailleurs à faire confiance aux forces qui
sont les architectes du néolibéralisme.
Les énoncés de politique appellent
systématiquement les travailleurs à céder leurs
politiques et leurs voix à ceux qui appartiennent
aux partis politiques cartellisés. Les
travailleurs doivent se réduire à un rôle de
groupe de pression sur l'élite dirigeante pour
qu'elle agisse correctement. Ceci nie toute
discussion sur le fait que les travailleurs
doivent devenir eux-mêmes les preneurs de décision
et exercer leur contrôle sur l'économie, la
politique et toutes les affaires qui les touchent
de près et affectent leur vie.
Les énoncés de politique mettent de l'avant
l'argument que les travailleurs ne doivent pas
être militants et prendre une position ferme à la
défense des droits et des réclamations car cela
ternit l'image des syndicats. Les travailleurs
doivent plutôt se faire les défenseurs de l'équité
et démontrer que ce sont les syndicats qui
fournissent l'équité à la société, etc., en
opposition à tout ce qui est mauvais dans la
société. Les énoncés de politique ignorent la
réalité que les travailleurs sont en contradiction
avec leurs employeurs. Ils font face à une force
sociale qui achète leur capacité de travailler
afin de l'exploiter pour le profit maximum.
L'équité et la justice ne sont pas possibles et
c'est seulement par la lutte organisée à la
défense des droits et des réclamations qu'il est
possible d'atteindre un certain équilibre entre
les forces en conflit, qui favorise la classe
ouvrière.
Les énoncés de politique laissent entendre que la
pandémie a montré que les travailleurs sont
essentiels et que la réponse des cercles
dirigeants a été de mettre l'austérité sur pause
pour faire couler l'argent à flot, emprunté pour
la plus grande partie aux riches eux-mêmes. Ils
mettent en garde contre les dangers à venir d'une
croissance de l'extrémisme de droite, ce qui
voudrait dire que les travailleurs doivent être à
la hauteur du défi en se faisant les défenseurs de
la démocratie libérale et de ses institutions,
plutôt que de renforcer leurs propres
organisations de défense et se préparer
consciemment à passer à l'offensive pour défendre
leurs droits et leurs réclamations et bâtir le
Nouveau.
Les auteurs semblent penser que le parlement et
les autres institutions n'ont pas perdu de leur
pouvoir et de leur contrôle aux mains des intérêts
privés des oligarques mondiaux. Dans cette
perspective, ils proposent que les syndicats
continuent de jouer le rôle de groupes de pression
extra-parlementaire. Ils semblent proposer une
ligne de marche qui a déjà disparu. Les énoncés de
politique s'accrochent à un statu quo qui s'est
déjà effondré. Dans ce sens, ils ne sont pas
utiles pour ouvrir une voie pour le renouveau
démocratique que la réalité elle-même montre comme
étant nécessaire.
Cet article est paru dans
Numéro 57 - 16 juin 2021
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