Quelques réflexions sur la thèse de base de l'Assemblée générale du CTC

Les énoncés de politique du CTC critiquent les politiques néolibérales des gouvernements actuels. En même temps, ils appellent le mouvement syndical à renforcer les institutions démocratiques libérales politiques existantes qui sont responsables des attaques. Ils disent qu'il faut appuyer ces institutions antiouvrières pour empêcher la montée de courants extrémistes de droite qui mèneraient à des attaques encore plus graves. Au bout du compte, ils lancent l'appel à appuyer les libéraux de Justin Trudeau, qu'ils considèrent comme un parti non extrémiste, un parti de l'équité. Ils n'expliquent pas en quoi le Parti libéral mérite cet appui, lui qui est depuis des décennies un ardent défenseur des politiques néolibérales qui attaquent les travailleurs, les programmes sociaux et les services publics et qui paient les riches.

Les documents considèrent que la pandémie est un moment charnière pour la préservation du système de démocratie libérale et des institutions libérales et empêcher que les sociétés se tournent vers l'extrémisme. Le fait que la démocratie libérale et ses institutions se consacrent depuis leur création à la protection de la propriété privée plutôt que des droits humains ne semble pas préoccuper les auteurs. Ils ne voient pas la nécessité de faire des droits humains un objectif charnière de la société plutôt que les droits de propriété. Selon ces énoncés, le mouvement ouvrier doit faire en sorte que les travailleurs soient mobilisés comme une force pour consolider les institutions qui défendent la propriété privée et non les droits humains.

Les auteurs des énoncés de politique évitent toute discussion sur la recherche et la lutte pour une nouvelle direction de l'économie qui met fin à l'économie qui paie les riches, qui sert l'oligarchie mondiale et qui considère les droits humains comme un obstacle aux droits de propriété ou quelque chose qui peut être manipulé à l'échelle internationale pour servir leurs intérêts. Ils insistent que les travailleurs n'ont pas à devenir politiques eux-mêmes, ni à chercher à s'investir du pouvoir de décision ou à avoir un ordre du jour indépendant de l'élite dirigeante et de ses institutions politiques. Ils encouragent les travailleurs à faire confiance aux forces qui sont les architectes du néolibéralisme.

Les énoncés de politique appellent systématiquement les travailleurs à céder leurs politiques et leurs voix à ceux qui appartiennent aux partis politiques cartellisés. Les travailleurs doivent se réduire à un rôle de groupe de pression sur l'élite dirigeante pour qu'elle agisse correctement. Ceci nie toute discussion sur le fait que les travailleurs doivent devenir eux-mêmes les preneurs de décision et exercer leur contrôle sur l'économie, la politique et toutes les affaires qui les touchent de près et affectent leur vie.

Les énoncés de politique mettent de l'avant l'argument que les travailleurs ne doivent pas être militants et prendre une position ferme à la défense des droits et des réclamations car cela ternit l'image des syndicats. Les travailleurs doivent plutôt se faire les défenseurs de l'équité et démontrer que ce sont les syndicats qui fournissent  l'équité à la société, etc., en opposition à tout ce qui est mauvais dans la société. Les énoncés de politique ignorent la réalité que les travailleurs sont en contradiction avec leurs employeurs. Ils font face à une force sociale qui achète leur capacité de travailler afin de l'exploiter pour le profit maximum. L'équité et la justice ne sont pas possibles et c'est seulement par la lutte organisée à la défense des droits et des réclamations qu'il est possible d'atteindre un certain équilibre entre les forces en conflit, qui favorise la classe ouvrière.

Les énoncés de politique laissent entendre que la pandémie a montré que les travailleurs sont essentiels et que la réponse des cercles dirigeants a été de mettre l'austérité sur pause pour faire couler l'argent à flot, emprunté pour la plus grande partie aux riches eux-mêmes. Ils mettent en garde contre les dangers à venir d'une croissance de l'extrémisme de droite, ce qui voudrait dire que les travailleurs doivent être à la hauteur du défi en se faisant les défenseurs de la démocratie libérale et de ses institutions, plutôt que de renforcer leurs propres organisations de défense et se préparer consciemment à passer à l'offensive pour défendre leurs droits et leurs réclamations et bâtir le Nouveau.

Les auteurs semblent penser que le parlement et les autres institutions n'ont pas perdu de leur pouvoir et de leur contrôle aux mains des intérêts privés des oligarques mondiaux. Dans cette perspective, ils proposent que les syndicats continuent de jouer le rôle de groupes de pression extra-parlementaire. Ils semblent proposer une ligne de marche qui a déjà disparu. Les énoncés de politique s'accrochent à un statu quo qui s'est déjà effondré. Dans ce sens, ils ne sont pas utiles pour ouvrir une voie pour le renouveau démocratique que la réalité elle-même montre comme étant nécessaire.


Cet article est paru dans

Numéro 57 - 16 juin 2021

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