Les travailleurs industriels et du secteur public tiennent une vigie devant l'Assemblée nationale au Québec

Les travailleurs s'expriment contre le démantèlement du régime de santé et sécurité au travail

Du 31 mai au matin au 2 juin à 17 h, soit pendant 59 heures, des centaines de travailleurs ont participé à une vigie devant l'Assemblée nationale à Québec pour empêcher l'adoption du projet de loi 59 du gouvernement du Québec, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail. Dans les déclarations qu'ils ont faites pendant la vigie, ils ont tous rejeté le projet de loi comme étant inacceptable. Si le projet de loi était adopté, il réduirait dramatiquement l'accès aux traitements et aux indemnisations pour les travailleurs blessés ou devenus malades au travail afin de faire « épargner » aux employeurs plus de 4 milliards de dollars en dix ans. Le projet de loi donne aussi un pouvoir unilatéral aux employeurs en ce qui concerne la détermination des programmes de prévention et de santé, des heures consacrées à la prévention, du fonctionnement des comités mixtes de santé et sécurité et de nombreux autres aspects du régime.

Parmi les syndicats et les organisations de défense des travailleurs accidentés qui ont participé à la vigie, on compte le Syndicat des Métallos, l'Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades (UTTAM), le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec), Unifor, le Syndicat de professionnelles et de professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), le Syndicat québécois des employées et employés de services (SQEES) et plusieurs autres. Les centrales syndicales comme la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) ont aussi assuré une présence régulière à la vigie.

Les travailleurs d'ArcelorMittal se joignent à la vigie contre le projet de loi 59, le 1er juin 2021.

Les travailleurs en grève d'Olymel à Vallée-Jonction participent à la vigie, le 2 juin 2021.

Le premier juin, environ 200 travailleurs en grève chez ArcelorMittal qui accèdent à la Côte-Nord par navette aérienne sont venus participer à la vigie. Le 2 juin, ce fut au tour d'environ 200 travailleurs d'Olymel en grève à Vallée-Jonction en Beauce de venir y participer. Les travailleurs ont clairement indiqué qu'un des aspects importants de leur grève est précisément les conditions de santé et sécurité aux endroits de travail, notamment le refus d'ArcelorMittal de faire les investissements nécessaires pour rendre sécuritaires les lieux et les équipements, et les demandes de concessions en santé et sécurité de la part d'Olymel. Ils ont déclaré qu'ils mènent la lutte contre le diktat de ces monopoles et que la situation ne ferait que s'aggraver avec l'adoption du projet de loi 59 qui renforce leur pouvoir au nom de la « modernisation ».

Les participants à la vigie ont passé beaucoup de temps à discuter avec les gens sur la rue et aussi avec les députés de l'Assemblée nationale, leur expliquant ce que fait le projet de loi et pourquoi il ne doit pas passer. Cela faisait suite à des semaines d'activités de la part d'activistes syndicaux qui ont parlé au téléphone ou tenu des rencontres virtuelles avec les députés de leur circonscription et de leur région pour leur présenter leur position et leur demander de prendre position contre le projet de loi et à la défense de la santé et de la sécurité des travailleurs.

Les mois d'actions et de mobilisation contre ce démantèlement du régime de santé et de sécurité ont fait en sorte qu'il est maintenant pratiquement impossible pour l'Assemblée nationale d'adopter le projet de loi avant son ajournement pour l'été prévu le 11 juin. Le projet de loi 59 modifie deux lois majeures, la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) et la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) et l'étude article par article du projet de loi par la Commission de l'économie et du travail n'a pas encore abordé les articles qui se rapportent à la LSST.

Les travailleurs ont appris le 1er juin que la Commission ne siégerait pas les 1er et 2 juin comme elle devait le faire. Le climat surréel dans lequel le gouvernement manoeuvre a bien été exprimé lors de la session du 31 mai pendant laquelle le ministre du Travail Jean Boulet a dit qu'il appréciait que tout le monde, supporters comme opposants au projet de loi, reconnaît la « légitimité » du projet de loi 59. Il a ajouté que si on arrivait à le convaincre que le projet de loi doit être amélioré, il le ferait ! Ceci, au moment où des centaines de travailleurs manifestaient non loin de là pour déclarer que son projet de loi va détruire des vies et est inacceptable de A à Z. 

Ces déclarations pathétiques, qui montrent que les ministres du gouvernement sont au service des intérêts privés étroits, en disent long sur le fossé qui existe entre ce qui est appelé l'autorité publique, qui exerce des pouvoirs de prérogative au nom des riches, et les travailleurs qui font le travail et font vivre l'économie. Les travailleurs ont le droit à des conditions salubres et sécuritaires et d'avoir tous les services dont ils ont besoin en ce qui conerne les traitements, la réadaptation, l'indemnisation et la formation professionnelle s'ils se blessent ou tombent malades au travail. Ces services doivent être payés par ceux qui achètent leur capacité de travailler.

Les options qui s'offrent au gouvernement alors que s'achève la session actuelle de l'Assemblée nationale, sont la continuation de l'étude article par article à la fin de l'été ou en septembre, l'invocation du bâillon pour forcer l'adoption du projet de loi, son retrait pur et simple ou son abandon en le laissant mourir au feuilleton.

Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec ferait mieux d'y penser à deux fois avant d'invoquer le bâillon ou de reprendre l'étude article par article. Les actions collectives des travailleurs ne vont pas s'arrêter, à cause des vies qui sont en jeu. La mobilisation des derniers mois et l'action collective de la vigie les a rendus plus confiants et plus déterminés à avoir un impact en prenant la parole sur les changements à faire qui leur sont favorables et qui sont favorables à la société. Le projet de loi doit être retiré. Aucune réforme ne peut être faite au régime de santé et sécurité au travail sans que les travailleurs y aient un mot décisif à dire, sans qu'elle ne soit basée sur leurs revendications, leurs droits et leurs besoins.

Forum ouvrier appuie fermement les actions qu'entreprennent les travailleurs du Québec pour faire entendre leur voix et créer l'opinion publique pour empêcher l'adoption du projet de loi 59.

(Photos : CSN, FTQ)


Cet article est paru dans

Numéro 53 - 4 juin 2021

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