Les travailleurs des sables bitumineux parlent de leurs conditions
Les travailleurs de Canadian Natural Resources
Ltd. (CNRL), à la fois ceux qui font de la
maintenance entre les périodes de production et
les travailleurs de la production ainsi que leurs
familles, prennent la parole sur des conditions de
vie et de travail dangereuses et inacceptables qui
les exposent à de graves dangers. En brisant le
silence, ils démasquent les fraudes perpétrées par
les entreprises, le gouvernement et les Services
de santé de l'Alberta. Si les travailleurs ne
prennent pas la parole, les gouvernements s'en
tirent à bon compte alors qu'ils protègent les
monopoles et les crimes qu'ils commettent aux
dépens des travailleurs et de l'environnement
social et naturel du Canada.
Les Services de santé
de l'Alberta n'ont pas visité le site de CNRL
Horizon depuis le mois de mars. Les travailleurs
soulèvent que les conditions sont les mêmes et
pires encore que celles que les AHS ont
identifiées en mars. Parmi ces conditions, il y a
la distanciation physique inadéquate, les salles à
dîner surpeuplées, les salles de bain partagées
par au moins 50 travailleurs ce qui rend la
désinfection impossible, et les autobus bondés qui
vont du campement à l'endroit de travail.
« Dans les salles de bain, il n'y a même pas de
désinfectant pour les mains », a dit un
travailleur à CBC. « Je partage ma salle de bain
et ma douche avec quelqu'un qui a la COVID, et
chaque semaine j'ai été dans une salle à dîner
avec 36 personnes dont 34 avaient eu un
test positif à la COVID. »
Les travailleurs soulignent que des tests de
dépistage hebdomadaires ne sont pas suffisants
face à ce genre d'éclosion. En outre, des
travailleurs ont dit à Forum ouvrier que
le CNRL était responsable du traçage des contacts,
mais que ni le CNRL ni les Services de santé de
l'Alberta ne fournissaient les ressources humaines
nécessaires pour faire ce traçage et que les
travailleurs se sont fait dire qu'ils avaient été
en contact étroit avec une personne infectée
lorsque la période de quarantaine était presque
terminée.
Les travailleurs parlent de comment ils ont été
traités lorsqu'ils sont tombés malades, laissés à
eux-mêmes dans des pièces de la taille d'un
placard sur les « étages de confinement » du
campement, sans soins médicaux adéquats, sans
nourriture et sans paie. Des travailleurs infectés
ont aussi été transportés dans des hôtels.
La conjointe d'un travailleur qui est maintenant
dans une unité des soins intensifs à Edmonton a
dit à Global News que son conjoint avait eu un
test positif le 23 avril, à peu près un mois
après son arrivée au chantier de CNRL Horizon à la
fin de mars pour le travail de maintenance. « Cet
emploi était important pour notre famille parce
qu'à cause de la COVID-19 l'endroit de travail de
mon conjoint a été fermé il y a presque un
an », a-t-elle expliqué. Après avoir eu un
test positif, il est resté dans le camp où il
était en rotation de quarts de
travail – 12 jours de travail, 2
jours de repos – et a commencé à ressentir des
symptômes, après quoi il est devenu très malade.
Pendant toute une semaine en confinement, il n'a
eu aucune aide médicale. Lorsqu'il a lancé un
appel à l'aide avec l'encouragement de sa famille,
il a été évalué par un paramédic et immédiatement
transporté à l'hôpital de Fort McMurray. Il est
maintenant dans une unité de soins intensifs à
Edmonton où son état demeure critique.
Les travailleurs déclarent qu'ils ne se sentent
pas en sécurité, mais continuent tout de même de
travailler parce qu'ils ont besoin de ce travail,
la saison de la « maintenance » étant une
source importante de travail pour un grand nombre
de métiers. Le fait que ces oligarques mondiaux et
les gouvernements qui les servent traitent les
travailleurs, dont le dur labeur crée la richesse,
comme quelque chose de sacrifiable est intolérable
et doit être traité pour ce qu'il est, de la
négligence criminelle. Lorsqu'ils prennent la
parole, la discussion se développe et les
travailleurs contribuent à briser la norme qui
leur est imposée selon laquelle cette situation
est acceptable. Il faut forcer les employeurs à
assumer leur responsabilité envers les
travailleurs qui deviennent malades aux endroits
de travail et il faut forcer les gouvernements à
assumer leur responsabilité envers les actions des
employeurs. Les travailleurs ne sont pas
sacrifiables. Ils doivent être payés lorsqu'ils
deviennent malades ou perdent leur emploi de façon
indépendante de leur volonté. Notre sécurité est
dans la lutte pour défendre les vies de tous et de
toutes ! C'est en luttant pour les droits de tous
et de toutes qu'on défend les vies de tous et de
toutes !
Cet article est paru dans
Numéro 47 - 21 mai 2021
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