Les travailleurs des sables bitumineux parlent de leurs conditions

Les travailleurs de Canadian Natural Resources Ltd. (CNRL), à la fois ceux qui font de la maintenance entre les périodes de production et les travailleurs de la production ainsi que leurs familles, prennent la parole sur des conditions de vie et de travail dangereuses et inacceptables qui les exposent à de graves dangers. En brisant le silence, ils démasquent les fraudes perpétrées par les entreprises, le gouvernement et les Services de santé de l'Alberta. Si les travailleurs ne prennent pas la parole, les gouvernements s'en tirent à bon compte alors qu'ils protègent les monopoles et les crimes qu'ils commettent aux dépens des travailleurs et de l'environnement social et naturel du Canada.

http://www.cpcml.ca/images2017/WorkersEconomy/PostOffice/File/160806-Montreal-Postiers-63cr.jpgLes Services de santé de l'Alberta n'ont pas visité le site de CNRL Horizon depuis le mois de mars. Les travailleurs soulèvent que les conditions sont les mêmes et pires encore que celles que les AHS ont identifiées en mars. Parmi ces conditions, il y a la distanciation physique inadéquate, les salles à dîner surpeuplées, les salles de bain partagées par au moins 50 travailleurs ce qui rend la désinfection impossible, et les autobus bondés qui vont du campement à l'endroit de travail.

« Dans les salles de bain, il n'y a même pas de désinfectant pour les mains », a dit un travailleur à CBC. « Je partage ma salle de bain et ma douche avec quelqu'un qui a la COVID, et chaque semaine j'ai été dans une salle à dîner avec 36 personnes dont 34 avaient eu un test positif à la COVID. »

Les travailleurs soulignent que des tests de dépistage hebdomadaires ne sont pas suffisants face à ce genre d'éclosion. En outre, des travailleurs ont dit à Forum ouvrier que le CNRL était responsable du traçage des contacts, mais que ni le CNRL ni les Services de santé de l'Alberta ne fournissaient les ressources humaines nécessaires pour faire ce traçage et que les travailleurs se sont fait dire qu'ils avaient été en contact étroit avec une personne infectée lorsque la période de quarantaine était presque terminée.

Les travailleurs parlent de comment ils ont été traités lorsqu'ils sont tombés malades, laissés à eux-mêmes dans des pièces de la taille d'un placard sur les « étages de confinement » du campement, sans soins médicaux adéquats, sans nourriture et sans paie. Des travailleurs infectés ont aussi été transportés dans des hôtels.

La conjointe d'un travailleur qui est maintenant dans une unité des soins intensifs à Edmonton a dit à Global News que son conjoint avait eu un test positif le 23 avril, à peu près un mois après son arrivée au chantier de CNRL Horizon à la fin de mars pour le travail de maintenance. « Cet emploi était important pour notre famille parce qu'à cause de la COVID-19 l'endroit de travail de mon conjoint a été fermé il y a presque un an », a-t-elle expliqué. Après avoir eu un test positif, il est resté dans le camp où il était en rotation de quarts de travail – 12 jours de travail, 2 jours de repos – et a commencé à ressentir des symptômes, après quoi il est devenu très malade. Pendant toute une semaine en confinement, il n'a eu aucune aide médicale. Lorsqu'il a lancé un appel à l'aide avec l'encouragement de sa famille, il a été évalué par un paramédic et immédiatement transporté à l'hôpital de Fort McMurray. Il est maintenant dans une unité de soins intensifs à Edmonton où son état demeure critique.

Les travailleurs déclarent qu'ils ne se sentent pas en sécurité, mais continuent tout de même de travailler parce qu'ils ont besoin de ce travail, la saison de la « maintenance » étant une source importante de travail pour un grand nombre de métiers. Le fait que ces oligarques mondiaux et les gouvernements qui les servent traitent les travailleurs, dont le dur labeur crée la richesse, comme quelque chose de sacrifiable est intolérable et doit être traité pour ce qu'il est, de la négligence criminelle. Lorsqu'ils prennent la parole, la discussion se développe et les travailleurs contribuent à briser la norme qui leur est imposée selon laquelle cette situation est acceptable. Il faut forcer les employeurs à assumer leur responsabilité envers les travailleurs qui deviennent malades aux endroits de travail et il faut forcer les gouvernements à assumer leur responsabilité envers les actions des employeurs. Les travailleurs ne sont pas sacrifiables. Ils doivent être payés lorsqu'ils deviennent malades ou perdent leur emploi de façon indépendante de leur volonté. Notre sécurité est dans la lutte pour défendre les vies de tous et de toutes ! C'est en luttant pour les droits de tous et de toutes qu'on défend les vies de tous et de toutes !

(Photo : FO)


Cet article est paru dans

Numéro 47 - 21 mai 2021

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/FO2021/Articles/FO06472.HTM


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca