Les travailleurs du Québec
intensifient leur lutte contre le projet de
loi 59
Le projet de loi 59 antiouvrier et antisocial doit être retiré!
- Pierre Chénier -
Ces derniers mois, les travailleurs et les
travailleuses du Québec ont intensifié leurs
actions contre le projet de loi 59
antiouvrier et antisocial du gouvernement du
Québec, frauduleusement appelé Loi modernisant
le régime de santé et de sécurité du travail.
Lors des actions du 1er mai, Journée
internationale des travailleurs, et des actions
du 28 avril, Journée nationale de
commémoration, l'opposition au projet de
loi 59 était omniprésente. Une bannière qui
est devenue très populaire barre d'un trait le mot
« modernisant » et le remplace par le mot «
démolissant ». Il n'y a pas d'autre façon de
qualifier ce geste arrogant du gouvernement qui se
targue ouvertement de vouloir faire «
épargner » 4 milliards de dollars aux
employeurs sur une période de dix ans.
Cette «
épargne » veut dire une réduction dramatique
de l'accès aux traitements et de l'accès aux
indemnisations pour les travailleurs blessés ou
devenus malades au travail. Cela veut dire aussi
un pouvoir unilatéral accordé aux employeurs en ce
qui concerne la détermination des programmes de
prévention et de santé, des heures consacrées à la
prévention, du fonctionnement des comités mixtes
de santé et sécurité et de nombreux autres aspects
du régime. Le projet de loi prévoit même un
programme multi-établissements en vertu duquel
l'entreprise pourrait décider qu'un seul
représentant à la prévention et un seul comité de
santé et sécurité pourraient exister pour tous ses
établissements dans une région donnée !
Dans le cadre de leur compétition féroce pour le
profit et la domination, les monopoles
introduisent des processus de production qui
comportent de plus en plus de dangers. Par
exemple, alors que la technologie permet
l'extraction du minerai de plus en plus en
profondeur dans les mines souterraines, le danger
posé aux travailleurs par les coups de terrain
augmente. La téléopération à une grande distance
du site minier accroît aussi le danger pour les
travailleurs. Répondant aux demandes des
employeurs, le gouvernement démantèle et
déréglemente le régime de protection, ce qui
diminue la protection pour les travailleurs et
pour les communautés. La déréglementation de
l'industrie du rail et le travail de sape contre
les procédures de sécurité ont causé des
désastres, comme la catastrophe de Lac-Mégantic, à
la suite de quoi les sociétés ferroviaires et les
gouvernements ont versé des larmes, mais aucun
changement n'a été fait et les tragédies
continuent. Le fait que des ministres, dont les
conditions de vie et de travail n'ont rien à voir
avec celles des travailleurs, imposent un projet
de loi qui méprise les enjeux de sécurité et nie
aux travailleurs leur mot décisif essentiel dans
la détermination de leurs conditions de santé et
de sécurité, démontre qu'il faut forcer ces
gouvernements à rendre des comptes et que la voix
indépendante des travailleurs droit primer comme
une question urgente.
Forum ouvrier joint
sa voix à celle des travailleurs et de leurs
syndicats et organisations de défense qui exigent
le retrait de ce projet de loi, comme c'est le cas
du Syndicat des Métallos et d'Unifor. Le projet de
loi en est à l'étape de l'étude article par
article à la Commission de l'économie et du
travail de l'Assemblée nationale. Les travailleurs
et les travailleuses du Québec sont unanimes à
dénoncer le projet de loi comme inacceptable et
s'expriment à chaque jour avec plus de force
contre cette démolition du régime de santé et de
sécurité au travail. On entend de plus en plus la
revendication que le projet de loi doit être
retiré immédiatement ou mourir au feuilleton à la
fin de la présente session de l'Assemblée
nationale qui est prévue le 11 juin. Mieux
vaut tuer dans l'oeuf ce projet de loi que de
perdre une énergie précieuse dans des
contestations en cour à n'en plus finir contre la
loi.
Le renouvellement du régime de santé et de
sécurité du travail doit reposer sur les
revendications que les travailleurs et leurs
organisations mettent de l'avant. Il ne faut pas
permettre que les changements aux lois et à la
réglementation de santé et de sécurité soient
décidés sur la base des préoccupations des
propriétaires des mines, des moulins, des usines
et des autres établissements, qui dénigrent le
facteur humain et veulent que l'État reconnaisse
uniquement leurs demandes pour des profits plus
élevés. Les travailleurs prennent la parole contre
cela, qui est inacceptable et va à l'encontre de
la solidarité sociale qui est à la base de la
société québécoise et qui imprègne leur sens
moral. Forum ouvrier va continuer de
contribuer à leurs importantes initiatives en
faisant entendre leur voix.
Cet article est paru dans
Numéro 46 - 19 mai 2021
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