La situation à l'Université
Laurentienne
Sudbury dit NON! au démantèlement de l'Université Laurentienne par la LACC
- David Starbuck -
Les résidents de Sudbury sont furieux contre le
démantèlement de l'Université Laurentienne par
l'oligarchie financière au moyen de la Loi sur
les arrangements avec les créanciers des
compagnies (LACC). L'administration
laurentienne, qui avait déclaré faillite et
demandé le 1er février la protection contre
les créanciers en vertu de la LACC, a annoncé son
plan de restructuration le 12 avril, qui
annule 69 programmes (58 programmes de
premier cycle et 11 programmes d'études
supérieures) et met fin à l'emploi
d'environ 150 employés (du corps professoral
et du personnel).
Cela fait suite au démantèlement de la Fédération
Laurentienne avec les trois autres universités
nordiques et à l'annulation de tous les programmes
offerts par les universités fédérées. Cette
restructuration a décimé en particulier les
programmes de langue française, autochtones et de
la Faculté des arts.
Le 2 mai, le juge
Geoffrey Morawetz de la Cour supérieure de
l'Ontario a approuvé la restructuration de
l'université, y compris la fin de la Fédération.
L'avocat de la Laurentienne, D.J. Miller, a
soutenu que la Laurentienne devait conserver
les 7,7 millions de dollars en subventions et
en financement, qu'elle verserait normalement aux
partenaires fédérés, afin de rassurer son prêteur
et de se qualifier pour un autre prêt de 10
millions de dollars. Dans sa décision, le juge a
approuvé le plan de restructuration de la
Laurentienne et approuvé le nouveau prêt
de 10 millions de dollars qui permet à
l'université de continuer à fonctionner « à l'abri
des créanciers » jusqu'au 31 août.
Un grand nombre de ceux qui ont été licenciés ont
officiellement perdu leur emploi à midi le 30
avril. Des rassemblements en voitures ont été
organisés ce jour-là à Sudbury ainsi qu'à Toronto,
Ottawa, Kingston et Kitchener-Waterloo pour
protester contre le démantèlement de l'Université
Laurentienne, le sous-financement chronique de
l'enseignement secondaire et le refus du premier
ministre Doug Ford et de son gouvernement de
défendre l'éducation publique en Ontario, de
fournir un financement d'urgence à la Laurentienne
et d'arrêter les procédures de la LACC.
Plus tôt dans le mois,
le 16 avril, un rassemblement de protestation
de quatre heures qui a observé la distanciation
physique, a eu lieu près de la résidence du
président de la Laurentienne. Environ deux cents
personnes étaient présentes à différents moments
de la journée et il y avait un concert de klaxons
de voitures en appui. L'événement était organisé
par des étudiantes dans le programme en
sages-femmes de la Laurentienne qui a été annulé.
Il était l'un des trois programmes de sages-femmes
en Ontario et le seul programme de sages-femmes
bilingue au Canada. L'annulation du programme de
sages-femmes, sous prétexte de faibles
inscriptions, est particulièrement choquant, car
le programme comptait trois cents demandes pour
trente places dans le programme et les coûts du
programme étaient entièrement couverts par les
frais de scolarité et les subventions
provinciales.
Sudbury et la communauté laurentienne sont
également choqués par l'étendue et l'ampleur des
annulations de programmes : des programmes en
sciences de l'environnement où la Laurentienne est
un chef de file mondial dans la réhabilitation des
terres contaminées par les processus industriels;
son programme de physique qui a joué un rôle
déterminant dans le développement de
l'Observatoire des neutrinos de Sudbury (SNOLAB)
dont le directeur, Arthur McDonald (Ph.D.) a
remporté le prix Nobel de physique en 2015. Les
programmes de philosophie et de sciences
politiques sont disparus, même chose pour les
programmes en génie et en soins infirmiers de
langue française. Les coupures ne sont pas non
plus limitées aux programmes académiques.
L'Université a également supprimé les programmes
de hockey et de natation universitaires. Le Club
de natation de la Laurentienne a remporté deux
médailles d'or olympiques pour le Canada
en 1984.
Les étudiants et les
professeurs de la Laurentienne ont révélé
l'insensibilité avec laquelle le processus de la
LACC est mis en oeuvre à la Laurentienne par
l'administration universitaire et l'oligarchie
financière. Normalement, lorsque les
établissements d'enseignement annulent des
programmes, les programmes demeurent offerts sous
une forme ou une autre aux étudiants déjà
inscrits. En vertu de la LACC, ce n'est pas le cas
à la Laurentienne. Les étudiants ont été
abandonnés à leur sort. On a dit aux étudiantes du
programme de sages-femmes de passer aux soins
infirmiers. Les étudiants en sciences politiques
ont été invités à suivre des études
interdisciplinaires. Les étudiants ne croient pas
que ces options leur permettent de poursuivre les
études auxquelles ils se sont consacrés.
Les professeurs ont montré comment ils ont été
acculés au mur pour qu'ils acceptent les
conditions de la restructuration financière de la
Laurentienne en vertu de la LACC. Les employés
licenciés ont été informés par des réunions Zoom
obligatoires, une procédure que le corps
professoral jugeait dégradante et insultante.
Le Sénat a eu quatre heures pour approuver le
plan de restructuration, à huis clos, sans aucune
possibilité de consulter ses collègues, sous la
menace que si le Sénat n'approuvait pas le plan de
restructuration de la LACC, l'Université
Laurentienne cesserait d'exister à la fin du mois
d'avril.
Le lendemain, l'Association des professeures et
des professeurs de l'Université Laurentienne
(LUFA) s'est vu remettre une nouvelle convention
collective avec une réduction de 5 % de
la rémunération et des autres avantages, y compris
l'indemnité de départ pour les employés licenciés.
Ils ont eu douze heures pour l'accepter sous la
menace que l'Université tout entière cesserait
d'exister s'ils refusaient.
La situation à la
Laurentienne a retenu l'attention nationale. C'est
la première fois que la LACC est utilisée pour un
établissement d'enseignement postsecondaire
public. Si l'oligarchie financière réussit à
détruire la Laurentienne au moyen du processus de
la LACC, elle pourra faire la même chose pour
n'importe quelle institution du secteur
public : créer une crise, proclamer la
faillite, faire une demande à la LACC et réécrire
toutes les relations sociales, économiques et
politiques en faveur de l'oligarchie financière.
Le 15 avril, un débat d'urgence sur la
situation à l'Université Laurentienne a eu lieu à
la Chambre des communes, mais aucune solution n'a
été proposée et le 19 avril, Paul Lefebvre,
député libéral de Sudbury, a annoncé qu'il n'y
aurait pas d'aide financière fédérale pour la
Laurentienne.
La communauté laurentienne a reçu des messages de
soutien et d'opposition au démantèlement de
l'Université Laurentienne sous la LACC de la part
de syndicats, d'organisations de professeurs,
d'organismes communautaires et de particuliers de
partout au Canada. Deux personnes qui avaient reçu
des doctorats honorifiques de la Laurentienne ont
retourné ces diplômes en signe de protestation. Le
chancelier de l'Université Laurentienne a
démissionné en signe de protestation.
Sudbury, le Nord de l'Ontario et la communauté
laurentienne ont mis de l'avant plusieurs
revendications face au processus de la LACC à
l'Université Laurentienne :
1) que les procédures de la LACC à l'Université
Laurentienne soient arrêtées immédiatement;
2) que le gouvernement de l'Ontario fournisse à
l'Université Laurentienne des fonds suffisants
pour qu'elle fonctionne, en maintenant toutes les
offres de programmes existants; pendant que
3) Sudbury, le Nord de l'Ontario et la communauté
laurentienne examinent les programmes, les
opérations, les structures organisationnelles et
les finances de l'Université Laurentienne sur une
période de deux ou trois ans dans le but de bâtir
une université qui sert les intérêts et les
besoins de toute la communauté; et que
4) le gouvernement de l'Ontario fournisse le
financement nécessaire pour faire fonctionner
l'Université Laurentienne en tant qu'institution
bilingue et triculturelle de façon continue.
Arrêtez les procédures de la
LACC ! Financez l'Université Laurentienne!
Cet article est paru dans
Numéro 44 - 14 mai 2021
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