Le point de référence impérialiste du premier ministre du Québec François Legault
- K.C. Adams -
Les travailleurs du secteur public
revendiquent des salaires et des conditions de
travail qui leur sont acceptables, et non sur la
base du point de référence de François Legault.
Le premier ministre François Legault a pris la
parole lors d'une conférence de presse le 2
mai au sujet des négociations pour les conventions
collectives des infirmières, des enseignants, des
travailleurs en soins pour personnes âgées et les
autres employés du secteur public du Québec. Il a
utilisé sa plateforme de chef du gouvernement non
pas pour négocier de bonne foi avec les dirigeants
syndicaux des collectifs des travailleurs, mais
pour exprimer son opinion en tant que représentant
de l'élite néolibérale qui mène l'offensive
antisociale. Il a dit : « On est au bout de
notre capacité de payer [...]. Alors lorsque les
chefs syndicaux disent 'Nous voulons plus
d'argent', eh bien, nous n'avons pas plus
d'argent. » Faisant référence aux discussions
entourant les conventions collectives des
travailleurs du secteur public qui languissent
depuis un an, il a réitéré sa position
antiouvrière en disant : « Je pense que
c'était important de le dire clairement aux chefs
syndicaux : même si vous continuez pendant
six mois, pendant un an, il n'y aura pas plus
d'argent sur la table. »
Pas d'argent dans le trésor public est le refrain
constant et le point de référence du gouvernement
du Québec, avec la promesse de ne pas augmenter
les impôts. À partir d'une réalité fantaisiste
inventée dans son cerveau, François Legault
demande aux travailleurs du secteur public de
renoncer à leurs revendications d'augmentations de
salaire et de conditions de travail acceptables
pour eux-mêmes et à ce qu'ils jugent nécessaire
pour maintenir des services publics dynamiques
dont le peuple, l'économie et la société ont
besoin.
Le point de référence de Legault ne correspond
pas à la réalité
En échange de la vente de leur capacité de
travail, les travailleurs du secteur public
revendiquent la valeur individuelle et sociale
reproduite qu'ils produisent avec leur travail.
Les salaires et les conditions de travail qu'ils
jugent nécessaires de recevoir proviennent de la
nouvelle valeur qu'ils produisent en tant que
travailleurs productifs dans les secteurs sociaux
de l'éducation, des soins de santé, des soins de
longue durée et ailleurs. Ils ne revendiquent pas
des salaires et des conditions de travail qui sont
payés par les impôts mais à même une partie de la
nouvelle valeur qu'ils produisent.
La valeur qu'ils
produisent doit être réalisée (payée) dans un
échange approprié avec ces entreprises de
l'économie qui la consomment et en tirent un
profit. Le gouvernement a la responsabilité
sociale de s'assurer que cela se produise. Le
gouvernement, en tant qu'employeur et acheteur de
la capacité de travail des travailleurs, a
autorité sur la valeur que produisent les
travailleurs du secteur public. Le devoir du
gouvernement dans cette situation est de s'assurer
que la valeur produite par les travailleurs du
secteur public se réalise dans l'économie
québécoise et canadienne en général. La valeur
sociale que les travailleurs produisent existe
matériellement et ne s'évapore pas dans les airs,
mais elle est consommée partout au Québec et
au-delà comme valeur produite socialement. Sans la
production et la consommation de cette valeur
produite socialement, l'économie et en fait la
société ne pourraient pas fonctionner ou même
exister. Alors qu'arrive-t-il à cette valeur
produite socialement ? Où est-elle allée et
pourquoi une partie réalisée de celle-ci
n'est-elle pas disponible pour répondre aux justes
revendications des travailleurs qui l'ont
produite ?
Le point de référence de François Legault de ne
pas avoir d'argent dans le trésor public nous
donne une idée d'où est allée la valeur produite
socialement. L'argent du trésor public provient
principalement des impôts prélevés
individuellement des travailleurs. L'argent n'est
pas venu sous forme de paiement, en échange avec
les entreprises privées et publiques de
l'économie, de la valeur socialement produite
qu'elles consomment. Elles refusent de le faire.
Elles refusent de payer (réaliser) la valeur que
les travailleurs du secteur public produisent bien
qu'elles en bénéficient et la consomment
régulièrement par le biais des travailleurs
qu'elles emploient et par d'autres moyens, et ne
pourraient pas fonctionner ou survivre sans elle.
La valeur socialement produite se trouve dans les
travailleurs instruits et en bonne santé qui
vendent leur capacité de travailler aux
employeurs, et dans la reproduction et le maintien
des travailleurs et des autres personnes de la
naissance à la mort. La valeur existe tout autant
que la valeur de l'électricité existe pour
alimenter et répondre aux besoins des entreprises
privées et publiques dans l'ensemble de
l'économie. Les travailleurs d'Hydro-Québec
réclament une partie de la nouvelle valeur qu'ils
produisent lorsque l'électricité est réalisée par
les entreprises qui la consomment. Le gouvernement
ne peut pas prétendre faussement que ses coffres
sont vides et qu'il ne peut pas payer aux
travailleurs d'Hydro-Québec ce qu'ils jugent
nécessaire. La valeur que produisent les
travailleurs d'Hydro-Québec est promptement
consommée et réalisée dans l'économie aux yeux de
tous. Eh bien, la classe ouvrière peut également
voir que la valeur sociale produite par les
travailleurs de l'éducation, de la santé et des
autres travailleurs du secteur public est
également promptement consommée, sinon l'économie
et la société s'effondreraient !
Le point de référence farfelu de François Legault
a été concocté au fil des ans en tant que
stratagème pour payer les riches afin que les
grandes entreprises, les oligopoles et les élites
qui ont usurpé le pouvoir exploitent les
travailleurs du secteur public. Elles le font en
expropriant la nouvelle valeur produite par les
travailleurs du secteur public non pas directement
en les employant et en expropriant la valeur
ajoutée qu'ils produisent sous forme de profit,
mais en volant la valeur produite socialement en
refusant de la payer dans un échange approprié.
Les
travailleurs du secteur public et les autres
travailleurs n'acceptent pas le point de référence
de François Legault et ne sont pas d'humeur à
permettre qu'il soit utilisé comme une matraque
pour attaquer leurs justes revendications et leurs
réclamations à la nouvelle valeur qu'ils
produisent. Le gouvernement doit respecter leurs
justes revendications et trouver une méthode
permettant de réaliser adéquatement et
intégralement la valeur sociale que les
travailleurs du secteur public produisent. Une
partie de l'argent perçu en échange de leur valeur
produite socialement devrait être consacrée aux
salaires. Leurs salaires ne devraient pas venir de
l'augmentation des impôts que le peuple paie. Ils
doivent venir d'un échange approprié avec les
entreprises qui consomment la valeur que les
travailleurs produisent et sans laquelle elles ne
pourraient pas exister. En plus, il faut forcer
les gouvernements à arrêter de conclure des
contrats de services publics avec des agences
privatisées qui fournissent de la main-d'oeuvre
avec des frais élevés pour elles-mêmes. Si le
gouvernement payait des salaires adéquats et
cessait d'être socialement irresponsable en ce qui
concerne les conditions de travail et arrêtait
d'imposer des lois qui décrètent des heures de
travail impossibles, les problèmes actuels ne
seraient pas une cause d'inquiétude. Organiser une
telle chose est la responsabilité du gouvernement.
La classe ouvrière prend la parole et demande ce
qui revient de droit à elle-même et à la société.
Les travailleurs rejettent le point de référence
néolibéral, antipeuple, antisocial et antinational de François
Legault ! Qu'il y ait beaucoup d'argent dans
le trésor public provenant des impôts ou qu'il y
en ait peu ne change pas le fait que les
travailleurs du secteur public ont une réclamation
légitime à la nouvelle valeur qu'ils produisent.
Le gouvernement du Québec doit satisfaire les
revendications des travailleurs du secteur public
pour des salaires et des conditions de travail qui
leur sont acceptables ! Ils produisent la
valeur; ils ont droit à leur réclamation à la
valeur qu'ils produisent !
Cet article est paru dans
Numéro 43 - 12 mai 2021
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