Sonner l'alarme pour souligner la crise dans le secteur de la santé au Québec

Les travailleurs de la santé et des services sociaux au Québec continuent d'organiser des actions pour informer les gens de leur situation. Leur convention collective est arrivée à échéance à la fin de mars 2020 et il n'y a eu aucun développement dans les négociations. Non seulement le gouvernement Legault ignore-t-il leurs revendications, mais il ne prend aucunement en compte les solutions qu'ils mettent de l'avant pour améliorer le système de santé en temps de pandémie et en tout temps.

Le gouvernement Legault tourne le dos aux graves problèmes que ses arrêtés ministériels et diverses mesures telles que la réduction des services ont exacerbés, et continue de traiter de questions sociales comme de questions de loi et d'ordre. Sa réaction à l'une de ces actions des travailleurs, des rassemblements le 31 mars sous le mot d'ordre « On sonne l'alarme », l'illustre bien. Les travailleurs ont organisé des manifestations et d'autres actions pour se faire entendre à l'occasion du premier anniversaire de la fin de leur convention collective.

La réponse du gouvernement Legault a été, par le biais de son comité patronal de négociation, de faire appel au Tribunal administratif du travail (TAT). Ce dernier, prenant « sonner l'alarme » à la lettre, a émis un avis le 30 mars pour indiquer quelles alarmes étaient « autorisées » lors de cette action, déclarant que « aucune cloche, cadran, flûte, alarme d'incendie, ni tout autre instrument bruyant ne seront utilisés ». Il a même statué que ces alarmes devaient se limiter aux cellulaires ou aux montres, et qu'ils ne devaient pas être activés plus de quatre fois pour chacun des salariés, pour une durée maximale de trente secondes et à un volume raisonnable !

Mis à part l'absurdité de cette histoire, c'est la raison mise de l'avant par le TAT qui est préoccupante. Il prétend que son objectif est « d'éviter les risques de porter préjudice aux services publics de santé auxquels les usagers ont droit » ainsi que d'éviter que soient menacés « les soins de santé sécuritaires et continus auxquels la population a droit ». Voilà ce qui est le plus scandaleux.

Cette semaine, avant que les actions pour souligner l'anniversaire n'aient lieu, le premier ministre Legault a déclaré que concernant les décisions touchant à la pandémie, il en assumait « l'entière responsabilité ». Mais la responsabilité n'est pas quelque chose à prendre à la légère. Est-il prêt, lui et ses prédécesseurs, à rendre des comptes pour toutes les mesures qui ont causé et continuent de causer de terribles souffrances et des décès évitables aux travailleurs de la santé et aux personnes qu'ils soignent ? Les travailleurs de la santé, et les travailleurs en général, n'ont pas besoin des tribunaux pour décider comment ils vont assumer leurs responsabilités sociales. Ils l'ont montré à maintes reprises, au risque de leur propre santé et même de leur vie. Ceux au pouvoir doivent rendre des comptes pour leur propre manque de responsabilité sociale, si la « primauté du droit » doit signifier quelque chose aujourd'hui.

(Photos : FTQ)


Cet article est paru dans

Numéro 41 - 7 mai 2021

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