Garder les
travailleurs et la société en sécurité et
défendre les droits des travailleurs
- Rob Ashton -
Les débardeurs de Colombie-Britannique expriment
leur solidarité avec les débardeurs
de Montréal, le 27 avril 2021.
Rob Ashton est le président du Syndicat
international des débardeurs et magasiniers.
Nous avons assez bien réussi à maintenir la
COVID-19 loin des quais. Dans l'industrie du
débardage, nous avons pu, de mars à mars,
maintenir la situation à environ 140 cas
positifs ou présumés sur un total
de 7 000 personnes. Nous avons de très
bons protocoles en place sur les quais que nous
avons élaborés au cours de la dernière année, la
plupart élaborés conjointement, certains par les
sections locales des syndicats. Chaque section
locale a ses propres protocoles avec les
employeurs. Si nos cas se mettent à augmenter, si
quelqu'un est testé positif, l'éclosion est
rapidement tuée dans l'oeuf grâce aux politiques
que nous avons mises en place. Nous avons changé
la façon dont nous procédons pour la répartition
des affectations dans quelques sections locales
jusqu'à ce que la pandémie soit terminée, car nous
ne pouvons pas maintenant tous venir au même
endroit pour l'attribution des tâches, de sorte
que certaines sections locales se sont tournées
vers une répartition automatisée ou par téléphone.
Tout le monde s'enregistre au début du quart de
travail. Il y a des équipes de nettoyage sur la
plupart des sites, presque à chaque quart de
travail, selon le terminal.
Maintenant, avec les vaccins, le gouvernement
provincial offre la vaccination dans différents
endroits de travail, et il a oublié nos gens qui
travaillent sur les quais, amènent les navires,
font la répartition des pilotes des navires,
travaillent dans les terminaux céréaliers, tous
ceux qui sont associés à l'industrie du transport.
Lorsque nous négocions et qu'il pourrait y avoir
une grève ou un lockout, le gouvernement s'énerve
qu'il y ait une perte d'un demi-milliard de
dollars par jour et il dit « Oh mon Dieu, la
fermeture, nous ne pouvons pas les laisser faire
ça », mais quand il est question de vacciner,
que peut-être il y aura des fermetures dues à la
COVID-19, ils nous ont oubliés. Dans l'industrie
du débardage, si 15 personnes qui occupent
des emplois clés dans l'industrie tombent malades
avec la COVID-19, un terminal entier pourrait être
fermé. Nous avons rédigé quelques lettres et en
avons corédigé aussi quelques-unes avec le port de
Vancouver et nos employeurs. Ces lettres sont
jusqu'à présent restées sans réponse du
gouvernement. Cela cause beaucoup de stress à nos
membres. Chaque jour, vous vivez avec une bombe à
retardement. Tout le monde dans notre industrie
connaît les ramifications d'une éclosion, mais
ceux qui sont au pouvoir et ceux qui dirigent
l'administration des vaccins ne le comprennent
pas. Tous les travailleurs qui veulent le vaccin
devraient l'obtenir, les employés des épiceries,
les personnes dans les services d'urgence, les
travailleurs de la santé et toutes les personnes
qui font tourner l'économie, dans l'industrie des
transports, les chauffeurs d'autobus, les
chauffeurs de taxi.
À propos de la situation à
Montréal : les travailleurs luttent pour une
meilleure conciliation travail/famille. À l'heure
actuelle, un débardeur à Montréal est obligé de
travailler 17 à 19 jours d'affilée sans avoir
le droit de prendre un congé. Imaginez ce que cela
fait à une famille. Les travailleurs ne voient pas
leur famille pendant des jours, ne peuvent pas se
rendre à des rendez-vous médicaux. S'ils ne
travaillent pas, ils peuvent être frappés de
mesures disciplinaires. Ce que dit l'employeur,
c'est qu'ils n'ont pas le droit de se plaindre
parce que le salaire est bon. C'est bien beau mais
ils veulent une vie aussi. Ils luttent pour ce que
les syndicats revendiquent depuis toujours, huit
heures de travail, huit heures de loisirs et huit
heures de repos.
Ils ont commencé à faire du piquetage les fins de
semaine parce que les employeurs continuaient de
jouer avec leurs horaires et de prendre des
mesures disciplinaires contre eux. Si
l'Association des employeurs maritimes (AEM) avait
simplement accepté de négocier l'année dernière,
rien de tout cela ne se serait produit. Ils
doivent se défendre et la seule façon de le faire
dans les négociations contractuelles est de
retirer leur travail, ce qui est un droit protégé
par la Charte. À l'heure actuelle, l'employeur n'a
rien à faire, il peut simplement s'asseoir pendant
que le gouvernement intervient et impose une
convention collective. La première année où ils
ont négocié, ils sont allés au conseil fédéral du
travail, le Conseil canadien des relations
industrielles (CCRI), parce que l'employeur disait
qu'ils n'avaient pas le droit de faire la grève
parce qu'ils étaient essentiels pour que tout
continue de fonctionner. Le CCRI a jugé qu'ils ne
sont pas essentiels, que l'employeur a eu tort.
Cela a pris un an. Il n'y a pas eu de négociation
pendant ce temps-là, et maintenant, l'employeur ne
négocie toujours pas et il attise les flammes en
ajustant les règles de travail, ce qui oblige le
syndicat à réagir. Maintenant, le gouvernement a
pratiquement neutralisé le syndicat avec cette
loi. Il existe des liens très étroits entre le
gouvernement libéral et l'AEM
L'avocat de l'employeur dans cette audience
devant le CCRI était Nicola Di Iorio, l'ancien
député libéral de Saint-Léonard-Saint-Michel au
Québec d'octobre 2015 à janvier 2019. Il
travaillait comme conseiller à l'AEM en 2018
alors qu'ils tentaient de nier le droit de grève
des travailleurs.
L'AEM fait la même chose que certains hôtels en
Colombie-Britannique, profitant de la situation de
la pandémie pour maltraiter les travailleurs. Ils
profitent certainement de la situation, tout comme
le gouvernement canadien. À l'heure actuelle, le
gouvernement fédéral tente d'introduire une
nouvelle réglementation sur la sécurité. Le
gouvernement nous a dit récemment qu'il
envisageait peut-être de modifier la
réglementation qu'il applique sur les
vérifications des antécédents en matière de
sécurité auxquelles il soumet certains de nos
travailleurs, ceux qui travaillent avec les
navires de croisière et pour certains emplois dans
les terminaux à conteneurs. Maintenant, ils
veulent que chaque travailleur qui oeuvre dans des
installations de manutention de fret maritime soit
soumis à une vérification approfondie de ses
antécédents et nous leur demandons pourquoi. Rien
n'indique que nous ayons été informés que les
débardeurs représentent un risque pour la
sécurité. Ils nous traitent comme des criminels.
Lors d'une récente réunion, j'ai demandé au
gouvernement : « Faites-vous cela en ce
moment parce que nous ne pouvons prétendument pas
descendre dans la rue à cause de la
pandémie ? Essayez-vous de nous enlever notre
voix ? Vous ne l'avez pas fait au cours des
20 dernières années et vous avez choisi cette
année pour le faire ? C'est bien commode que
nous ne puissions pas descendre dans la rue et
fermer des villes ou prendre l'avion pour aller
parler aux députés. » Ils ont juste haussé
les épaules.
C'est un autre combat que nous devons mener.
Le SIDM souligne la Journée de commémoration à
Vancouver le 28 avril 2021. Le SIDM a déclaré à
cette occasion que pour garantir la sécurité au
travail, il faut plus que jamais écouter la voix
des travailleurs et mettre en oeuvre leurs
demandes.
Cet article est paru dans
Numéro 40 - 4 mai 2021
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