Les travailleurs du transport prennent la parole

Les camionneurs persistent à bâtir les organisations dont ils ont besoin pour défendre leurs droits

Normand Chouinard est un camionneur du secteur du commerce au détail.

Quand on parle du camionnage au Canada et de la vie des camionneurs, on parle à la fois du camionnage à l'intérieur du Canada et du camionnage transfrontalier. Ce qui ressort le plus de la vie au travail des camionneurs depuis le début de la pandémie est qu'ils s'organisent pour se donner une voix collective. Ils n'ont cessé d'affirmer que leur sécurité doit être garantie pour que la chaîne d'approvisionnement soit garantie. Ils ont immédiatement exigé que les normes sanitaires de base soient présentes partout et que des arrangements sécuritaires et nécessaires à l'exécution de leur travail soient établis tout le long des réseaux routiers, autant dans les points de service privés que dans les haltes routières publiques. Ils ont même émis des demandes auprès de leur entreprise respective pour que les fournisseurs, les expéditeurs ainsi que les clients respectent les mesures sanitaires mises en place par la santé publique.

Dès le premier confinement en avril/mai 2020, une pression énorme reposait sur les épaules des travailleurs du transport pour acheminer la marchandise coûte que coûte, sans que des mesures ne soient prises pour les protéger. La résistance des routiers a fait en sorte que les changements ont été relativement rapides et que des aménagements ont été réalisés et des mesures sanitaires ont été prises.
Entre autres choses, durant la dernière année, les différentes communautés de camionneurs ont travaillé très fort pour construire des organisations de défense. Ce fut particulièrement le cas aux États-Unis où des actions ont eu lieu partout et où les camionneurs se sont fait entendre lors de rassemblements devant les capitoles des différents États dont celui qui a duré près de 20 jours devant la Maison-Blanche. Pendant ces vingt jours, ils se sont organisés pour satisfaire tous leurs besoins en nourriture et en mesures sanitaires, ont organisé des discussions de rue et plusieurs autres activités. La situation est semblable au Québec et au Canada. Les camionneurs intensifient leur mouvement pour créer les organisations dont ils ont besoin pour garantir leur sécurité, en dépit des difficultés causées par la pandémie. 

Bien que les gouvernements aient adopté certaines mesures de sécurité pour les camionneurs, la réalité est que les camionneurs ont fait face à l'augmentation de leurs cadences de travail pour répondre à la demande d'une consommation de masse qui fluctuait énormément. Les camionneurs ne connaissent pas de stabilité en ce qui concerne le rythme de leur travail. Au contraire, la pression pour réaliser n'importe quel horaire de livraison que dictent les compagnies a été plus forte que jamais. Les camionneurs n'ont droit à aucun repos réel. Maintenant, aux États-Unis, au nom des causes humanitaires de Biden, toute la réglementation normale concernant les charges et les heures de travail admissibles peut être mise de côté. Cette situation dans les deux pays a créé des conditions de travail très dangereuses qui ont mené à plusieurs accidents de travail et accidents de la route.


Les camionneurs américains rassemblés devant la Maison-Blanche, le 1er mai 2020, pour une action qui a duré près de 20 jours

Pour ces raisons, la Journée de commémoration du 28 avril au Canada a revêtu cette année un caractère particulier. Les camionneurs ont commémoré leurs disparus, leurs blessés et tous ceux et celles qui, durant cette dernière année très difficile marquée par la pandémie, ont pris leurs responsabilités de garantir l'approvisionnement constant de biens pour leur communauté tout en luttant sans relâche pour leur sécurité. Entre autres événements, ces commémorations ont compris un événement en ligne organisé par l'organisme à but non lucratif Syndrome post-traumatique chez les camionneurs (SSPT) qui a tenu une session virtuelle le Premier Mai. Des organisations syndicales, tant nationales que locales, ont également souligné la Journée de commémoration.

La Journée de commémoration et le Premier Mai cette année ont été l'occasion de réaffirmer les revendications principales des camionneurs qui sont l'amélioration sans compromis de leurs conditions de travail par la participation directe des travailleurs du transport à la modernisation de la Loi sur les transports au Canada et l'amélioration de toutes les conditions dans l'industrie du transport. Cela inclut le droit d'avoir leur mot à dire sur l'établissement et la mise en oeuvre des réglementations mais, chose encore plus importante, leur droit inhérent de définir la direction des lois et des règlements qui les concernent, ce qui comprend garantir leur propre sécurité.

(Photos: FO, FTQ, C. Lee)


Cet article est paru dans

Numéro 40 - 4 mai 2021

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