Le droit à des services de garde d'enfants
La pandémie a mis en lumière les failles du
système actuel de services de garde d'enfants
subventionnés par les coffres du gouvernement,
mais réclamant quand même de lourds frais
d'usager. Les services de garde à 10 dollars
par jour du Québec sont présentés comme un
meilleur système, mais à quel point le système est
inadéquat n'est pas discuté. C'est un système qui
est fortement critiqué parce qu'il ne fournit pas
aux travailleuses et travailleurs des services de
garde les conditions, la formation et le salaire
dont ils ont besoin et qu'ils revendiquent. En
plus, il ne produit pas suffisamment d'espaces et
force les familles à ajouter leur nom à une liste
d'attente après l'autre pour un espace en
garderie. Les ressources humaines sont gaspillées
dans des calculs d'impôt compliqués et on n'aborde
pas le diktat du chacun pour soi qui prévaut
malgré l'existence de ce système de garderies. Les
éclosions de la COVID-19 dans les centres de la
petite enfance au Québec sont aussi devenues une
autre cause d'anxiété.
Les cercles d'affaires ont été saisis de
consternation devant le fait que l'économie,
certains secteurs en particulier, n'auront pas
assez de travailleurs pour combler la demande dans
la période qui vient. Ils affirment que la
pandémie a fait chuter le nombre de travailleurs
immigrants et de travailleurs temporaires
étrangers que les entreprises réclament de façon
régulière. Les plus grands intérêts privés sont
néanmoins autorisés à faire venir des travailleurs
à contrat sans restriction. En plus, de nombreuses
femmes ont dû se retirer de la force de travail
active pour s'occuper de leurs enfants, soit par
manque de places en garderie, ou qu'elles sont
trop chères ou que les enfants se sont fait
imposer l'apprentissage en ligne et ont besoin de
supervision.
Les milieux d'affaires veulent plus de femmes
dans la force de travail. Afin de combler cette
demande, l'élite s'est rendue compte qu'une forme
de services de garde va lui permettre de ramener
les femmes au travail. Bien sûr cependant, l'élite
d'affaires refuse de payer pour la valeur que les
travailleuses et les travailleurs des services de
garde et de l'apprentissage préscolaire produisent
et ceci est un problème sérieux. Elle veut que le
paiement provienne des revenus en impôt touchés
par le gouvernement et des frais d'usager et non
par un échange adéquat pour la valeur qu'elle
reçoit et consomme des travailleuses qui sont
libérées et peuvent travailler pour eux et des
futurs travailleurs dont on aura pris soin et
qu'on aura éduqués socialement.
Payer moins cher pour
les services de garde d'enfants est un besoin
urgent pour les familles qui ne sont pas capables
de payer les frais exorbitants qu'elles doivent
payer à l'heure actuelle pour ces services.
Cependant, ce serait une sérieuse erreur de croire
que dans les conditions d'une offensive
antisociale brutale dont l'objectif est la
privatisation et le démantèlement de tous les
services publics, des services publics seront
créés. C'est comme croire que les établissements
privés pour les aînés prennent soin des aînés.
Il doit y avoir un système de garde d'enfants et
d'apprentissage préscolaire centré sur l'humain
qui étend le droit à l'éducation pour tous de la
naissance au décès. Cela requiert une pensée
nouvelle afin d'établir l'unité entre l'objectif
et la pratique de servir le peuple et non les
oligarques. La construction d'un système éducation
et de garde d'enfants centré sur l'humain requiert
une infrastructure physique et des travailleurs et
des éducateurs formés.
Bâtir l'infrastructure pour servir le nouveau
requiert des entreprises de construction centrées
sur l'humain dans lesquelles la valeur que les
travailleurs produisent est réinvestie dans le
système pour le bien commun au lieu d'être
emprisonnée dans les coffres des oligarques
mondiaux. Former les travailleuses et travailleurs
des services de garde et de l'apprentissage
préscolaire avec les compétences nécessaires
requiert une infrastructure d'éducation. Garder
les travailleuses et les travailleurs requiert des
conditions de travail et des salaires qui
garantissent leur engagement continu envers le
travail.
Un système de garde d'enfants et d'apprentissage
préscolaire centré sur l'humain pourrait devenir
un exemple et un catalyseur pour réaliser le rêve
du droit à l'éducation pour tous et même du droit
au logement pour tous. Cela pourrait être le
résultat de la création d'entreprises publiques
permanentes de construction centrées sur l'humain
à l'échelle du pays pour construire et entretenir
l'infrastructure sans que des oligarques
accaparent la valeur nouvelle que produisent les
travailleurs de la construction et les autres
travailleurs.
Seules les actions collectives concertées des
familles et des communautés pour affirmer leur
droit à des services de garde d'enfants vont
fournir au peuple ce dont il a besoin. Le peuple
canadien doit établir les normes et s'assurer
qu'elles sont mises en oeuvre. Toute autre
approche revient à marquer le pas et les Canadiens
ne peuvent pas se le permettre.
Cet article est paru dans
Numéro 31 - 22 avril 2021
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