Le budget fédéral
Camouflage des stratagèmes pour payer les riches et désinformation de la lutte pour les droits
Les conditions à l'échelle du pays et dans le
monde sont telles que des millions de personnes
réfléchissent à la nécessité d'une nouvelle
direction de l'économie qui sert le peuple et non
les riches. Elles aspirent à des projets
d'édification nationale qui placent le pouvoir
décisionnel entre les mains du peuple et non dans
celles d'intérêts privés étroits.
Le lundi 19 avril, le gouvernement fédéral
libéral a présenté un budget de 724 pages qui
énonce des plans pour payer les riches, une
escroquerie après l'autre. Les sommes censées être
allouées aux programmes de service de garde
d'enfants ou aux soins de longue durée
représentent une part relativement petite du
budget et doivent être dépensées sur plusieurs
années. La plupart de ces dépenses sociales sont
une dépense pour l'avenir ou qui dépendent de la
participation des provinces et les chances sont
minces qu'elles soient réalisées.
Pour saisir quelles sont les priorités réelles du
gouvernement libéral, il est important d'examiner
ce qui entre en vigueur immédiatement. À cet
égard, le budget est un exercice visant à masquer
les escroqueries pour payer les riches. Il est
écrit de façon à faire de la désinformation, donc
de la destruction, pour nuire au mouvement des
travailleurs, des femmes, des jeunes et des
peuples autochtones du pays, qui est imprégné de
la compréhension que la lutte pour leur vie est
une lutte pour les droits. Les tactiques libérales
illustrent le cynisme de la classe dirigeante qui
croit que le peuple est naïf et peut être forcé au
silence pendant qu'elle contrôle la concurrence
pour le pouvoir entre les partis cartellisés en
satisfaisant les oligopoles qui demandent des
escroqueries pour payer les riches.
Une des mesures immédiates que contient le budget
a été annoncée par le gouverneur de la Banque du
Canada le 21 avril. La banque centrale va
continuer d'acheter les obligations du
gouvernement au rythme de 3 milliards de
dollars par semaine, et la fin de cette pratique
n'est pas en vue, a dit le gouverneur. Cette
pratique porte le nom d' « assouplissement
quantitatif ». Le gouverneur a tenu à dire
que cette pratique, qui a cours depuis le début de
la pandémie, est maintenant « mieux
maîtrisée » et que cela marque un grand
progrès. Le fait que depuis avril 2020, la Banque
du Canada a injecté 5 milliards de dollars
par semaine dans les revenus du gouvernement et
que ce montant est maintenant réduit à 3
milliards est censé être rassurant bien que cela
n'ait pas de sens. Cela révèle la vraie nature de
l'économie qui paie les riches dans laquelle aucun
argent n'est disponible pour des investissements
en éducation ou en santé, ou pour faire des
transferts adéquats aux provinces pour des
programmes sociaux.
Les 3 milliards de dollars alloués dans le
budget sous prétexte de rectifier la situation
désastreuse dans les soins de longue durée seront
peut-être dépensés ou non lors des trois ou quatre
prochaines années et seront ultimement remis aux
monopoles privés qui profitent des besoins des
aînés en soins. Par contre, l'injection de trois
milliards de dollars par semaine dans l'économie
pour satisfaire les intérêts privés continue
chaque semaine sans relâche, et cela depuis le
début de la pandémie, et va continuer indéfiniment
en autant que l'élite dirigeante est concernée. Le
fardeau de payer pour cette pratique de
manipulation de la banque centrale, en plus des
emprunts en cours aux prêteurs d'argent étrangers,
va retomber sur les épaules des travailleurs qui
doivent produire cette valeur pour les décennies à
venir. Une préoccupation immédiate est le fait que
ceci s'accompagne de toutes sortes de changements
structurels qui placent la prise de décision
directement entre les mains des intérêts privés
étroits et des ministres qui ont recours à des
pouvoirs de prérogative pour anoncer des
règlements et imposer des mesures qui empêchent
les travailleurs de lutter collectivement pour
leurs droits.
La pièce maîtresse du budget, les services de
garde d'enfants, en est un exemple. On prétend que
son objectif est de libérer les femmes afin
qu'elles rejoignent la main-d'oeuvre active dans
les conditions de la pandémie. Son objectif réel
est de détourner l'attention du fond du problème
en ce qui concerne ce programme et tout le reste
du budget.
L'essence de l'affirmation du gouvernement qu'il
veille sur l'économie est de satisfaire
l'obsession des oligarques en ce qui concerne le
taux de participation au marché du travail de tous
les travailleurs et de faire en sorte qu'ils ne
luttent pas pour de meilleurs salaires et de
meilleures conditions de travail. C'est la raison
pour laquelle le budget entreprend de réduire les
prestations de pandémie des travailleurs à partir
de juin et les élimine complètement à partir de
septembre. Afin d'augmenter le taux de
participation des femmes au marché du travail, la
grande entreprise recherche une forme de service
de garde d'enfants aux frais d'usager «
abordables ». Le budget comprend des
graphiques qui montrent que les garderies du
Québec à 10 dollars par jour ont rapidement
amélioré le taux d'activité des femmes de 4 %
et rapidement dépassé la moyenne du pays après
leur introduction en 1997, lorsque le tarif
était de 5 dollars par jour. Faire la même
chose à l'échelle du Canada vise à aider la grande
entreprise et les employeurs gouvernementaux et
non les femmes en soi, qui devront encore se
débrouiller pour trouver des places et s'assurer
que les conditions sont réglementées et que des
conditions de travail et des salaires adéquats y
sont en vigueur. L'élite d'affaires demande que
les provinces suivent l'exemple du Québec et
égalent l'offre fédérale avec des fonds publics
équivalents pour subventionner les services de
garde privés, ou « réglementés », comme
aiment à les qualifier les libéraux.
Les jeunes ont bien vu
que le budget n'aborde pas la crise de l'éducation
postsecondaire en investissant dans l'éducation.
La privatisation de l'éducation postsecondaire
élimine les normes d'idées éclairées et de culture
au profit de la formation de cadres pour les
grands intérêts d'affaires aux dépens de ceux qui
sont formés. Le nord de l'Ontario souffre des
attaques des prêteurs d'argent et du gouvernement
contre l'Université Laurentienne. Les jeunes
partout au pays sont ou bien exclus de l'éducation
postsecondaire ou ils accumulent un énorme fardeau
de dettes. Les occasions existent pour ceux qui
sont capables de participer à la concurrence
féroce pour les emplois, lesquels ne sont pas
considérés comme un droit, mais un privilège
accordé à ceux qui gardent le silence au sujet des
conditions de travail marquées par l'exploitation,
en particulier aux endroits de travail non
syndiqués qui sont la majorité.
L'élite riche manipule également la discussion au
sujet d'un programme d'assurance-médicaments et la
nécessité d'une solution centrée sur l'humain qui
ne paie pas les riches et ne met pas le Canada en
banqueroute. Les plaintes voulant que les libéraux
fédéraux ne fournissent pas dans ce budget
l'assurance-médicaments si nécessaire sonnent
creux parce que pendant la pandémie les libéraux
ont introduit la vaccination de type
assurance-médicaments pour la COVID-19 afin de
payer les riches. Ils versent aux grandes
entreprises pharmaceutiques étrangères des
milliards de dollars pour des vaccins pour la
COVID-19 qui pourraient très bien être développés
et produits au moyen d'entreprises centrées sur
l'humain au Canada qui garantissent que la valeur
nouvelle que les travailleurs produisent est
réinvestie dans une véritable
assurance-médicaments pour tous qui ne paie pas
les riches. La situation est si scandaleuse que
les négociations et les contrats avec les grandes
entreprises pharmaceutiques pour acheter des
vaccins contre la COVID-19 sont considérés comme
une information classifiée ultra-secrète.
Le budget fédéral suit la même vieille direction
en ce qui concerne la situation désastreuse qui
règne dans le secteur des soins de longue durée.
Au lieu de bâtir un système centré sur l'humain
sans les vautours du profit privé, le budget les
récompense en leur versant 3 milliards de
dollars bien qu'ils aient échoué misérablement à
veiller sur ceux dont ils ont la charge. Le budget
aligne seulement quelques mots vagues à l'effet
que l'argent permettra de « faire appliquer les
normes relatives aux soins de longue durée et
d'apporter des changements permanents ».
Plusieurs se demandent ce que sont ces normes.
Jusqu'à maintenant, les gouvernements ont autorisé
des normes qui ont causé une misère sans précédent
et la mort. Le pays a besoin d'une nouvelle
direction vers des soins de longue durée centrés
sur l'humain pour tous ceux qui en ont besoin, une
direction humaine et éclairée et non une affaire
pour remplir les poches des oligarques.
Le budget ne mentionne pas les choses que les
travailleurs réclament, comme les congés de
maladie payés. Les travailleurs et leurs
organisations font valoir depuis longtemps qu'il
s'agit d'un programme social « qui va de
soi » dans une société moderne. Sans ce
programme, tout discours sur un contrôle de la
propagation de la COVID-19 n'a aucun sens.
Les fonds réguliers pour les forces armées,
l'activité de la police et la bureaucratie
gouvernementale sont tous incorporés dans le
budget comme si cela allait de soi. Sont aussi «
incorporés » sans discussion les paiements de
transfert inadéquats en santé et en éducation au
Québec, aux provinces et aux territoires. Pendant
ce temps, le gouvernement fédéral conclut
directement des ententes d'affaires avec les
fournisseurs de soins de santé et les banques,
éliminant les autorités compétentes afin que leur
pouvoir soit le seul pouvoir qui contrôle la prise
de décision.
Le budget ne comprend que des énoncés de
politique et des mots pour aborder les problèmes
sérieux auxquels sont confrontés les peuples
autochtones. C'est semblable à tout ce que les
gouvernements ont fait pendant des décennies sans
qu'il y ait d'amélioration significative. Ce sont
des paroles en l'air alors que la situation des
peuples autochtones continue de s'aggraver. C'est
inacceptable.
Le problème de la corruption d'un gouvernement
qui emprunte des fonds à des prêteurs mondiaux
n'est pas abordé. Le fait que le gouvernement
emprunte de sources privées est simplement
escamoté avec des phrases joviales selon
lesquelles les taux d'intérêt sont bas et
l'économie va croître, ce qui va ramener la
prospérité. L'emprunt à des sources privées permet
aux prêteurs de s'empiffrer pendant les prochaines
décennies de la valeur nouvelle que les
travailleurs produisent. Le déficit est
de 354,2 milliards de dollars pour l'année
fiscale en cours et de 154,7 milliards pour
la prochaine année fiscale. À la fin de cette
deuxième année fiscale, la dette fédérale devrait
dépasser 1,2 billion de dollars. Une grande
partie de cet argent emprunté sera consacrée aux
nombreux stratagèmes pour payer les riches que le
budget comprend et aux nombreux autres qui vont
inévitablement surgir quand les oligarques vont
réclamer de l'argent pour « créer ou sauver des
emplois ». En ce moment, personne ne peut
prédire la direction que va prendre la pandémie et
ce qui sera nécessaire pour finalement la
contrôler. Une chose constante que le peuple peut
prédire c'est que le gouvernement va continuer de
payer les riches.
Une autre chose constante que le peuple peut
prédire est qu'il va continuer de lutter pour ce
qui lui revient de droit jusqu'à ce qu'il
réussisse à renverser la situation et que la crise
soit résolue à son avantage et non à l'avantage
des riches. Pour changer les choses, un point de
départ est de cesser les emprunts aux prêteurs
privés. Loin d'adopter cette mesure, le
gouvernement fédéral et la ministre des Finances
sont des maîtres dans l'art de trouver de
nouvelles façons de payer les riches ! Ils
assimilent la prospérité des riches à celle de la
société bien que les intérêts de la société soient
foulés au pied. Ceci doit être dénoncé.
Tous les paiements aux riches doivent cesser et
cet argent doit plutôt être consacré à
l'établissement d'entreprises publiques centrées
sur l'humain et sur la mobilisation de millions de
travailleurs pour les faire fonctionner et
produire de cette façon la valeur nouvelle pour le
bien commun et non pour les riches.
Cet article est paru dans
Numéro 31 - 22 avril 2021
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