L'anniversaire de l'Arrêté ministériel inacceptable - Il faut s'en débarrasser!
- Pierre Soublière -
Le 21 mars, à l'occasion du 1er
anniversaire de l'entrée en vigueur de l'Arrêté
ministériel 007 et à la suite de l'annonce
par le gouvernement qu'il allait le renouveler, la
Fédération interprofessionnelle de la santé du
Québec (FIQ) a demandé formellement une rencontre
avec le premier ministre du Québec ainsi qu'avec
le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Dans un communiqué, la FIQ fait le point : «
Il y a un an aujourd'hui entrait en vigueur l'un
des arrêtés ministériels des plus liberticides de
l'histoire du droit du travail. » L'Arrêté
007 venait suspendre l'application de la
convention collective afin de prévoir les
effectifs nécessaires pour affronter les vagues
d'hospitalisations anticipées par la COVID-19. La
Fédération constate aujourd'hui que le nombre
d'hospitalisations est en baisse et que le nombre
de cas est stable au Québec, mais que, malgré
tout, l'Arrêté demeure en vigueur. Les infirmières
se sentent trahies. Elles considèrent que l'Arrêté
devait être utilisé comme un outil d'exception
dans un contexte précis. Malheureusement, il est
toujours utilisé sans discernement par un grand
nombre de gestionnaires du réseau de la santé.
Le syndicat cherche à mettre fin à l'Arrêté
ministériel 007 et veut discuter des
solutions alternatives en ce qui concerne les
conditions de travail telles que prévues à la
convention collective des professionnelles en
soins et veut surtout garantir qu'elles pourront
prendre leurs vacances cet été. Cet arrêté stipule
que les gestionnaires du réseau ont le pouvoir,
entre autres, de suspendre ou d'annuler les congés
de toute nature des employés, y compris les
vacances déjà autorisées, ce qu'ils font depuis un
an.
La FIQ soutient que le
recours abusif à l'Arrêté 007 a eu des effets
dévastateurs sur le moral des professionnelles en
soins, menant à du surmenage et à l'exode massif
du personnel du réseau. Elle veut éviter à tout
prix que la crise de pénurie de main-d'oeuvre en
santé ne s'aggrave encore plus. Elle donne des
exemples de comment dans certaines régions, dont
l'Outaouais, le rehaussement des employés à temps
plein (des employés à temps partiel forcés en
vertu de l'Arrêté de travailler à temps plein) est
maintenu, les quarts de 12 heures demeurent
dans plusieurs centres et les déplacements sur les
différents quarts de travail continuent d'être
imposés.
La FIQ affirme qu'il n'a jamais été question que
l'Arrêté 007 serait utilisé comme une menace
pour annuler les vacances en cas de pénurie de
personnel. Elle affirme, au sujet des mesures du
gouvernement contre les travailleuses de la
santé : « On a bafoué leurs droits, sans
bienveillance, sans égard à leur conciliation
entre le travail, la famille et la vie
personnelle. La moindre des choses serait qu'on
leur témoigne de la reconnaissance, du respect, en
plus de déployer tous les efforts pour qu'elles se
sentent écoutées et soutenues en retrouvant des
conditions de travail acceptables. »
Rassemblement de la FIQ contre l'Arrêté
ministériel 007, le 26
mars 2021
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Lors d'une conférence de presse à Trois-Rivières,
le premier ministre Legault a continué d'afficher
un mépris total face aux préoccupations légitimes
des professionnelles de la santé et aux
répercussions destructrices sur le système de
santé lui-même. Il a soutenu que le gouvernement
serait encore obligé de maintenir le décret
d'urgence et qu'il comptait sur le ministre de la
Santé pour « faire entendre raison » à la
FIQ, ajoutant : « À l'impossible, nul n'est
tenu. »
Comment peut-il être « impossible » pour un
gouvernement de simplement s'asseoir avec les
travailleuses de la santé et discuter des
solutions alternatives qu'elles proposent pour
améliorer à la fois leurs conditions de travail et
les conditions de santé de la population ?
C'est le gouvernement Legault qui trouve
qu'assumer ses responsabilités sociales est
impossible. Il n'est définitivement pas impossible
d'imaginer ce que serait un gouvernement constitué
de travailleurs qui peuvent assumer et qui
assument dans les faits et de façon rigoureuse
leurs responsabilités sociales et cherchent des
solutions pour le plus grand bien de ceux et
celles qui font le travail ainsi que pour le
bien-être général de la société.
Cet article est paru dans
Numéro 23 - 29 mars 2021
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