L'Université
Laurentienne sous la protection de la faillite
L'élite dirigeante place l'université publique à la merci de l'oligarchie financière
Les professeurs, le personnel, les étudiants et
la communauté sont sous le choc, ayant appris que
l'Université Laurentienne de Sudbury est sous la
protection de la faillite.
Le 1er février 2021, l 'oligarchie
financière a placé l'Université Laurentienne de
Sudbury, en Ontario, sous la protection de la
faillite de la Loi sur les arrangements avec
les créanciers des compagnies (LACC). La
LACC est un instrument frauduleux dans les mains
des oligarques les plus puissants pour sécuriser
leurs avoirs privés dans une propriété donnée. La
LACC est conçue pour supprimer le droit des
travailleurs à ce qui leur appartient de droit,
bafouer les intérêts de la communauté locale et de
l'ensemble de la société et s'emparer des avoirs
de créanciers plus petits non garantis.
Les travailleurs de l'Université Laurentienne et
les membres de la communauté veulent savoir
comment une université publique a même pu se
retrouver dans cette terrible situation. Plusieurs
demandent de savoir quel rapport il y a entre la
LACC et fournir un avenir à nos jeunes ayant une
éducation postsecondaire. L'Université
Laurentienne est une institution importante qui
est censée être financée publiquement afin de
servir le bien commun. Le fait qu'une institution
cruciale à l'édification nationale vive un tel
gâchis révèle l'étendue des ravages que
l'offensive antisociale a causés au pays depuis
les trente dernières années.
En refusant de bâtir et de financer l'université
dans le nord de l'Ontario et en la remettant dans
les mains des oligarques pour qu'ils fassent le
maximum de profit et servent leurs intérêts,
l'élite dirigeante a en fait préparé les
conditions pour détruire tout semblant
d'édification nationale et le droit à l'éducation.
L'Université Laurentienne est la première
institution d'enseignement postsecondaire
canadienne à être acculée à la protection de la
faillite sous la LACC. Les Canadiens ne peuvent
pas accepter qu'un tel précédent soit créé.
L'attaque par le biais de la LACC contre
l'Université Laurentienne est une première salve
contre toutes les universités publiques du Canada
visant à les transformer complètement en
entreprises privées pour assouvir la soif de
l'oligarchie pour le profit maximum. Cela ne doit
pas passer !
Le tristement célèbre Ernst and Young, qui s'est
rempli les poches depuis des décennies à même la
LACC aux dépens des travailleurs et des
communautés à l'échelle du Canada, est le «
contrôleur nommé par le tribunal » pour
départager les avoirs de l'Université Laurentienne
et faire en sorte que les intérêts des
travailleurs, du personnel et des étudiants de
l'université et de la communauté n'ont aucune
place.
Le juge en
chef Geoffrey Morawetz de la Cour supérieure de
l'Ontario a donné jusqu'au 30 avril à
l'Université Laurentienne pour présenter un plan
en vertu de la LACC pour restructurer ses
activités et ses finances. En émettant un tel
diktat, la cour a démontré qu'elle se fiche du
droit à l'éducation et cherche uniquement à
défendre la propriété privée, à laquelle il semble
que l'université doit beaucoup d'argent. Le juge a
autorisé un financement de 25 millions de
dollars de débiteur-exploitant (DIP) que
l'université peut emprunter afin de continuer ses
activités pendant trois mois. Selon les règles de
la LACC, les débiteurs-exploitants sont les
premiers en ligne pour s'emparer de propriétés si
leurs dettes ne sont pas remboursées.
Dans son jugement au premier jour du dépôt de la
demande de protection, le juge Morawetz a dit que
l'université avait le droit, mais n'était pas
obligée, de payer « les salaires horaires dus et
futurs, les salaires à la semaine, les avantages
sociaux des employés et des retraités, les
pensions ou les cotisations, les paies de
vacances, etc. »
Le 12 février, le juge Geoffrey Morawetz a
ajouté que l'Université Laurentienne aurait le
droit, en vertu du diktat de la LACC, de terminer
de façon permanente ou temporaire, de réduire ou
de fermer n'importe lesquelles de ses affaires et
activités et de terminer l'emploi de ses employés
ou de les mettre à pied de façon temporaire comme
l'université le juge opportun.
L'ordonnance de la cour est légale au sein de la
société civile canadienne où le droit de propriété
prive les gens des droits qui leur appartiennent
parce qu'ils sont des êtres humains. Tel est le
problème et le diktat auxquels le peuple est
confronté dans le système économique, politique et
juridique actuel du Canada. Voilà le défi auquel
le peuple fait face pour affirmer ses droits,
notamment le droit à un moyen de subsistance, à la
sécurité d'emploi et à l'éducation. Seul le peuple
organisé a le pouvoir du nombre, de la conscience
sociale et de la vision du monde pour bâtir la
nation afin de servir le peuple et mettre fin à
ces attaques contre ses droits.
En ce qui le concerne le président de
l'Université Laurentienne dont on présume qu'il
est censé défendre les intérêts de l'université,
de son personnel et de ses étudiants et le droit à
l'éducation, il a proféré une menace ouverte dans
le numéro du 20 mars du Sudbury Star en
disant : « Si nous ne réussissons pas notre
médiation avec toutes les différentes parties et
si la recommandation du sénat est rejetée,
l'université cessera ses activités le 30
avril. La question n'est pas si, et, ou,
peut-être, c'est à cette date qu'il ne restera
plus d'argent ».
Trente ans de destruction nationale néolibérale
nous ont amené à cette situation : quand il
n'y aura plus d'argent pour payer les riches,
l'oligarchie financière fermera le pays.
Forum ouvrier se joint aux expressions de
colère face à ces attaques contre le nord de
l'Ontario, les jeunes, les travailleurs, le droit
à l'éducation et la société elle-même. Les
administrateurs qui sont nommés pour diriger une
entreprise et non une institution d'enseignement
doivent être remplacés par d'autres qui sont
nommés par les professeurs et les membres du
personnel qui sont des éducateurs dévoués. Les
universités doivent être organisées et financées
de manière à réaliser le droit à une éducation
supérieure pour ceux qui le veulent sur une base
moderne. Les gens s'attendent à ce que les
universités accomplissent leur devoir envers la
société et soutiennent le droit à l'éducation pour
tous.
Tous les niveaux de gouvernement doivent
immédiatement augmenter leurs investissements dans
les programmes sociaux y compris l'Université
Laurentienne. Toutes les entreprises du pays qui
emploient des diplômés de l'Université
Laurentienne ou utilisent de quelque façon le
matériel de pensée que l'université produit
doivent payer immédiatement pour ces services et
cette valeur et, de pair avec l'investissement
accru des gouvernements, placer les finances de
l'université sur une base moderne solide.
Il faut mettre fin immédiatement à cet outrage
contre les jeunes, les travailleurs et les autres
résidents du nord de l'Ontario.
Reprenons l'Université
Laurentienne des mains des oligarques financiers !
Arrêtez de payer les riches ! Augmentez les
investissements dans les programmes sociaux !
Cet article est paru dans
Numéro 22 - 26 mars 2021
Lien de l'article:
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