Certains des changements apportés par le projet
de loi 59 au régime de réparation des lésions
professionnelles et d'indemnisation des
travailleurs
L'Union des travailleuses et travailleurs
accidentés ou malades (UTTAM), qui défend les
travailleurs du Québec victimes de blessures au
travail et de maladies professionnelles, a publié
des bulletins d'information sur le projet de
loi 59. On peut accéder à ces bulletins sur
le site
Web de l'UTTAM.
Nous reproduisons certains des points principaux
mis en lumière par l'UTTAM.
« En effet, la réforme prévoit des modifications
importantes à la LATMP (Loi sur les accidents
du travail et les maladies professionnelles)
qui auront pour effet, dans bien des cas, de nier
le droit des victimes à une vraie réparation de
leur lésion.
« Pour ne nommer que quelques-unes de ces
attaques, mentionnons :
- l'abolition de la liste des maladies
professionnelles dans la loi pour la remplacer par
un règlement que la CNÉSST (Commission des normes,
de l'équité, de la santé et de la sécurité du
travail) pourra modifier à sa guise, ce qui rendra
plus difficile l'indemnisation des maladies
professionnelles;
- l'introduction de critères supplémentaires
concernant certaines maladies professionnelles
courantes, notamment les tendinites et la surdité,
réduisant l'admissibilité au régime
d'indemnisation;
- l'abolition du droit à la réadaptation
physique, programme qui a pour but d'éliminer ou
d'atténuer l'incapacité physique;
- la
possibilité pour la CNÉSST d'imposer des mesures
de réadaptation professionnelle en période de
traitements médicaux (avant la consolidation) qui
ne seraient pas contestables, ni par la
travailleuse ou le travailleur, ni par son médecin
traitant[1];
- l'affaiblissement du rôle prépondérant du
médecin traitant, notamment en donnant préséance à
l'opinion du médecin de la CNÉSST lorsque le
Bureau d'évaluation médicale (BÉM) ne respecte pas
les délais prévus par la loi;
- des restrictions au droit à l'assistance
médicale (médicaments, orthèses, prothèses,
traitements) et la possibilité de faire payer une
partie des traitements par les victimes de lésions
professionnelles;
- l'abolition des présomptions d'invalidité des
travailleuses et travailleurs âgés de 55 ans
et plus au moment d'une maladie professionnelle ou
de 60 ans et plus au moment d'un accident du
travail, qu'on pourrait désormais obliger à
chercher un emploi malgré leur incapacité à
refaire leur emploi;
- la limitation du pouvoir des tribunaux sur la
notion d'emploi convenable afin d'éviter qu'ils
donnent raison aux travailleuses et aux
travailleurs qui contestent une décision de la
CNÉSST à ce sujet;
- le maintien de mesures discriminatoires envers
les travailleuses domestiques.
« De plus, ce projet de loi contient plusieurs
mesures complexifiant encore plus les démarches
que doivent faire les travailleuses et les
travailleurs (procédures de réclamations, délais,
etc.). Tout dans ce projet de loi vise
essentiellement à rendre plus difficile l'accès au
régime et à l'indemnisation.
« Face à un projet de loi qui risque d'élargir le
contrôle des employeurs sur la santé et la
sécurité du travail et qui propose une réduction
importante des droits des travailleuses et des
travailleurs accidentés ou malades, il faut
réagir.
« Dans les prochaines semaines, il faudra dire
haut et fort au ministre du Travail que si c'est
vraiment ça pour lui la 'modernisation' du régime
de santé et de sécurité du travail, pour nous, la
réponse, c'est non ! ».
Note
1. Dans son
mémoire soumis à l'occasion des consultations
particulières et auditions publiques sur le
projet de loi no 59, l'UTTAM écrit :
« Le projet de loi 59 prévoit, à son article 27,
la création d'une nouvelle période pendant
laquelle elle pourra mettre en place des
'mesures de réadaptation avant la
consolidation'. La CNÉSST disposerait alors du
pouvoir d'imposer à la travailleuse ou au
travailleur des mesures de réadaptation pour
'favoriser sa réinsertion professionnelle'
pendant que la travailleuse ou le travailleur
est en suivi médical et reçoit des traitements
pour sa lésion.
« Parmi les mesures que la CNÉSST pourrait
imposer, on retrouve notamment le retour
progressif au travail pour que la travailleuse
ou le travailleur puisse développer sa capacité
à reprendre graduellement les tâches que
comporte son emploi. Une fois que la Commission
aurait décidé d'une telle mesure, la
travailleuse ou le travailleur serait forcé d'y
participer, sous peine de suspension de ses
indemnités. »
Cet article est paru dans
Numéro 18 - 17 mars 2021
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