Anne-Marie Taylor, opératrice au ravitaillement en carburant à l'Aéroport international de Calgary
L'aéroport ressemble à une ville fantôme. Notre
zone de ravitaillement en carburant à l'aéroport
est exploitée par un consortium de grandes
compagnies aériennes et de certains transporteurs
de fret. Il contrôle les installations et tout
l'équipement. Nous ravitaillons tous les avions en
carburant, conduisons les camions, travaillons
dans les
bureaux et dans un endroit souterrain appelé le
parc de réservoirs.
Bien que ces grandes compagnies aient la
responsabilité de l'exploitation et de l'entretien
des installations, c'est nous, en tant que
travailleurs individuels, qui avons pris en main
la question de la sécurité pendant la pandémie. Je
ne laisse passer aucun problème relatif à la
sécurité. Je suis membre des Teamsters et j'ai été
active dans mon
syndicat quand je travaillais dans l'industrie des
télécommunications.
Dans notre dos, le consortium donne des ordres et
les tentatives d'éroder nos conditions de travail
sont constantes.
Jusqu'à tout récemment,
il n'y avait pratiquement pas de conditions de
santé et de sécurité. Nos employés les plus
vigilants ont été les femmes. Dès le début, une
travailleuse à temps partiel au parc de réservoirs
a donné l'exemple en portant un masque. J'ai
apporté des produits de nettoyage et désinfecté
toutes les surfaces possibles. De notre
propre initiative, certaines d'entre nous se sont
mises à porter le masque. Mais ni notre compagnie
ni le consortium ou le gouvernement n'ont rendu le
port du masque obligatoire à ce moment-là. Alors
que la pandémie progressait, les parents de
certains de nos collègues de travail sont décédés
de la COVID-19 et, plus tard, certains de nos
travailleurs et leurs conjoints ont contracté la
COVID-19. À un moment donné, quelques procédures
de sécurité, certaines pas vraiment pratiques dans
notre espace de travail, ont été mises en place,
sans inclure le port du masque obligatoire.
Nous sommes en contact les uns avec les autres et
avec les autres employés d'aéroport et avec les
camionneurs qui livrent le carburant. Des
centaines de travailleurs ont perdu leur emploi et
ceux qui travaillent encore ont le droit de le
faire en sécurité. J'ai alerté tous les
travailleurs que j'ai pu rejoindre lorsqu'un
travailleur du parc de
réservoirs a été déclaré positif afin qu'ils
prennent leurs précautions. J'ai encouragé mes
collègues de travail à faire la même chose. Chaque
camionneur a été gardé informé jusqu'à ce que
l'employé qui avait contracté la COVID revienne au
travail. Ceci se passait au moment où le premier
cas a été déclaré. Encore une fois, notre
employeur et le
consortium n'ont pas pris leur
responsabilité ! Finalement, quelques mesures
de sécurité ont été mises en place.
Ce sont seulement ces dernières semaines qu'une
vérification de sécurité en ce qui concerne la
COVID a été effectuée. Des cours de formation ont
été mis sur pied, dans les espaces confinés
seulement, et cela alors que la pandémie était à
l'oeuvre depuis longtemps, et la personne assurant
la formation ne portait même pas le masque. Ceux
et
celles d'entre nous qui reconnaissent la nécessité
continuent de diriger par l'exemple et vont
continuer de le faire.
Nous avons été grandement aidés par l'exemple
donné par les travailleurs d'Air Canada, qui
suivent toujours les protocoles de sécurité. Nous
leur parlons sur le tarmac et je suis certaine
qu'ils ont contribué à pousser le consortium à
mettre en place finalement des mesures plus
strictes dans notre secteur. Cela montre que nous
devons tous
travailler ensemble et défendre les droits de
chacun.
Cet article est paru dans
Numéro 14 - 8 mars 2021
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