Québec

Les travailleurs de la santé réclament de vraies solutions et la fin des décrets ministériels

Les syndicats de la santé du Québec s'élèvent contre les modifications annoncées par le ministre de la Santé, Christian Dubé, à l'arrêté ministériel qui accorde des primes temporaires aux professionnels de la santé, affirmant qu'elles « ratent la cible ». Dans un communiqué publié le 26 novembre sur le site du Syndicat québécois des employées et employés de services (SQEES) au nom des syndicats de la santé du Québec, on peut lire que « ces aménagements montrent que le gouvernement n'entend pas le message de mettre fin à la gestion par arrêtés et d'implanter les solutions mises de l'avant par les organisations syndicales qui sont au diapason avec les besoins du réseau. En outre, elles rappellent que jamais elles ne négocieront un arrêté ministériel ».

L'arrêté ministériel a été émis le 16 octobre 2021 et prévoit des primes offertes à toute infirmière qui signerait une entente pour travailler à temps plein pendant un an. Selon le gouvernement, cet arrêté permettrait de régler la crise de pénurie de personnel au Québec. Selon l'arrêté, pour recevoir la prime, la personne doit accepter des conditions de travail auxquelles les professionnelles de la santé sont opposées et qui violent les dispositions des conventions collectives récemment négociées. Par exemple, elle doit accepter d'être affectée à un poste de travail en dehors de son poste habituel. Dans l'ordonnance initiale, un congé sans solde ou une absence non rémunérée pouvait entraîner la perte de l'admissibilité à la prime ou l'obligation de rembourser une prime déjà reçue. Avec les changements annoncés le 26 novembre, diverses mesures d'exclusion et punitives sont maintenues, y compris l'obligation pour une personne incapable de travailler à temps plein en raison d'un accident de travail de rembourser la prime, ce qui constitue une violation des lois du travail.

Les syndicats soulignent que la pénurie de personnel dans le secteur de la santé est un problème complexe qui exige plus que des mesures temporaires et invitent le gouvernement à examiner sérieusement les solutions proposées par les syndicats depuis des années, dont les mesures déjà contenues dans la convention collective. Ils soulignent également que plusieurs semaines après la publication de l'arrêté ministériel, on ne parvient toujours pas à attirer et à retenir les travailleuses et travailleurs en soins infirmiers et cardiorespiratoires pour répondre aux besoins urgents sur le terrain, ce qui prouve que le ministre Dubé fait fausse route.

Les syndicats ont demandé au gouvernement de les rencontrer pour discuter de solutions durables qui sont fondées sur la reconnaissance du travail essentiel que font leurs membres et ont présenté 15 propositions en réponse aux problèmes que l'arrêté ministériel a créés.

« En refusant notre main tendue, souligne le communiqué, le gouvernement rate une belle occasion de prendre les moyens de répondre aux préoccupations des professionnel-les en soins. Son arrêté ministériel [à Dubé] n'arrive pas à régler la situation parce que pour le faire, il faut entendre les solutions des gens qui sont sur le terrain. Avec son annonce d'aujourd'hui, le gouvernement montre qu'il est plus intéressé à tout gérer tout seul qu'à améliorer la situation. Son attitude antisyndicale a de graves conséquences, car elle a pour effet de priver la population de son droit aux soins et aux services essentiels dans le réseau de la santé. Les bris de service sont encore monnaie courante dans le réseau. »

Les syndicats réitèrent qu'ils veulent et sont prêts à discuter de solutions à long terme pour résoudre la crise de la pénurie de personnel et de l'épuisement professionnel, et ajoutent que le décret de conditions de travail et d'incitatifs qui contournent les syndicats en tant que représentants des travailleurs est inacceptable, que les négociations sur les conditions de travail doivent se faire avec les syndicats et être basées sur les lois du travail et la convention collective existantes. En ce qui concerne le programme d'incitation, ils ont présenté diverses propositions visant à éliminer les conditions discriminatoires et punitives.

Pour lire le texte intégral du communiqué de presse, cliquez ici.


Cet article est paru dans

Numéro 121 - 17 décembre 2021

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