Les enseignants du postsecondaire en Alberta

L'Association des professeurs de l'Université Concordia à Edmonton vote en faveur de la grève

Le 1er décembre, les membres de l'Association des professeurs de l'Université Concordia à Edmonton (CUEFA) ont voté à plus de 90 % en faveur de la grève. Soixante-dix-sept des 81 membres ont pris part au vote. L'unité de négociation comprend le personnel à temps plein, les instructeurs de laboratoire, les bibliothécaires et les coordonnateurs du placement étudiant. En ce moment, plusieurs membres du corps professoral sont à contrat à Concordia et ne sont pas membres de la CUEFA.

Concordia est une petite université privée en Alberta, avec cinq facultés et 2 333 étudiants. Concordia offre des programmes de premier cycle en Arts, Science et Gestion, ainsi que des programmes d'études supérieures en Éducation, Technologies de l'information, Sécurité informatique et Psychologie. Concordia a été fondée en 1921 par le synode de Missouri de l'Église luthérienne, mais, en 2015, elle s'est identifiée comme étant une institution laïque.

Le vote de grève massif signifie que les membres de CUEFA ont maintenant l'option d'aller en grève dans les prochains 120 jours. La convention collective actuelle est arrivée à échéance le 30 juin 2021. Le comité de négociation a l'intention de continuer de négocier et fera part des nouveaux plans et développements en cours de route. Le 6 décembre, la Commission des relations de travail de l'Alberta a autorisé l'Université Concordia à mettre le corps professoral en lockout.

Le principal sujet de négociation est la charge de travail pour les professeurs. À l'heure actuelle, elle est considérablement plus lourde que dans toute autre université au Canada. Afin de fournir de plus amples informations aux membres, aux étudiants et au public, la CUEFA a créé un espace pour les « Questions récentes » sur le site web du corps professoral. On y trouve présentement les sept questions suivantes, avec les réponses de CUEFA qui ont été affichées après que l'université ait annoncé publiquement que le corps enseignant votait la grève et avant que le vote ne soit terminé.

Pourquoi l'Association des professeurs va-t-elle en grève ?

L'Association organise un vote de grève, ce qui pourrait possiblement mener à une grève. Nous constatons qu'il existe un appui au sein de l'Association pour des moyens de pression compte tenu d'où en est rendu le processus de négociation. Un vote de grève ne veut pas nécessairement dire que la grève est inévitable.

Comment le corps professoral en est-il arrivé à vouloir organiser un vote de grève ?

Nous sommes en négociation avec l'université depuis plusieurs mois. Bien qu'il y ait eu des progrès en ce qui concerne plusieurs aspects de la convention collective, au mois d'août, les pourparlers ont achoppé sur la question de la charge de travail. Nous sommes allés en arbitrage, où nous avons demandé à un expert en relations de travail de discuter avec les deux parties à ce sujet. Il n'y a pas eu de déblocage et malgré les requêtes, aucune réponse n'a été donnée pour ce qui est de bonifier la clause au-delà de ce qui avait été proposé jusque-là.

Quelles sont les principaux points en litige ?

Comme on l'a mentionné plus haut, la charge de travail est la question la plus importante pour le corps professoral. À l'heure actuelle, la charge de travail est considérablement plus lourde que dans toute autre université au Canada. L'équipe de négociation de l'Association a réclamé une méthode de classification selon laquelle certains membres du corps professoral conserveraient la tâche d'enseignement actuelle (4 cours par trimestre) mais sans travaux de recherche et certains membres du corps professoral auraient une charge de travail réduite (3 cours par trimestre) tout en ayant des travaux de recherche. Nous comprenons qu'obtenir les professeurs nécessaires pour donner ces cours coûtera de l'argent, et pour cette raison nous acceptons d'être flexibles sur le nombre de professeurs pouvant avoir accès à la charge de travail réduite. L'université a proposé une charge de travail 4-3 (4 cours pour un trimestre et 3 cours pour l'autre trimestre) mais avec de la recherche accrue pour tout le monde. Bien qu'il s'agisse d'une réduction en heures d'enseignement, les attentes sont plus élevées pour les travaux de recherche, ce qui veut dire que la charge de travail comme telle n'est pas allégée mais seulement déplacée.

Des clauses ont aussi été introduites dans la section traitant de la discipline, permettant à l'université d'entreprendre des mesures disciplinaires contre les membres sans raison. Actuellement, il doit y avoir une justification pour imposer des mesures disciplinaires, y compris le renvoi (ou le congédiement).

De façon générale, lorsqu'il est question de discuter de l'ensemble d'une convention, il est important d'avoir une vue d'ensemble. L'université ne nous présente aucune proposition ou aucun libellé sur le salaire et les avantages sociaux. L'Association des professeurs a mis de l'avant sa proposition comme partie intégrante de notre proposition d'ensemble initiale en juin dernier.

Pourquoi avons-nous été informés d'un vote de grève par le président ?

L'équipe de négociation avait pris la décision de ne pas parler aux étudiants du vote de grève imminent. Nous ne connaissons pas les résultats du vote de grève, donc ce serait plutôt précipité d'en parler. En outre, nous savons à quel point ce trimestre a été bizarre et énervant pour les étudiants et nous avons cru qu'il était mieux de ne pas en rajouter en annonçant un vote de grève en fin de trimestre et en pleine période d'examens sans même en connaître les résultats.

Qu'arrive-t-il si le corps professoral vote OUI ?

À ce moment-là, l'exécutif de l'Association obtient un mandat des membres comme quoi ils ne sont pas satisfaits du résultat des négociations en ce moment. Nous avons constamment tenu les membres au courant des négociations et des offres de l'université. Si nous avons un mandat, nous continuons de négocier avec l'université, en espérant que nous puissions en arriver à un terrain d'entente acceptable pour les deux parties. Si l'université refuse de continuer de négocier avec nous ou refuse de travailler avec nous sur les clauses qui sont les plus importantes pour nos membres, alors nous avons le droit, en vertu du Code du travail de l'Alberta, d'aller en grève. Un avis de grève peut être annulé jusqu'au déclenchement de la grève. Une grève peut être annulée dès qu'une entente est conclue entre les deux parties.

Qu'est-ce que cela veut dire pour les étudiants ?

Nous visons à ce que les étudiants soient le moins perturbés possible. Nous comprenons que cette situation peut engendrer du stress et de l'anxiété, mais nous ne connaissons pas encore les résultats du vote de grève. Nous espérons un processus de négociation productif permettant d'en arriver à des ententes avec l'administration. Nous ne voulons pas aller en grève, mais la charge de travail  proposée par l'université est actuellement défavorable au bien-être de notre corps professoral et par conséquent il risque d'y avoir de graves problèmes de rétention et de recrutement de nouveaux professeurs.

Cela veut-il dire que les négociations sont rompues ?

L'Association s'engage entièrement à continuer de négocier avec l'université peu importe le résultat du vote de grève. Nous avons soumis une première proposition à l'université pour indiquer tous les changements que nous espérons négocier dans la convention collective. La proposition que nous avons reçue de l'université se résumait à un commentaire sur son intention d'apporter des changements, avec très peu d'information détaillée sur ce qu'elle demande. Le graphique sur le site web de l'université porte à confusion puisque nous avons proposé un libellé pour toutes les clauses pour lesquelles nous proposons des changements. »

Tout le monde en éducation postsecondaire, professeurs, personnel, étudiants. devrait appuyer l'Association des professeurs de l'Université Concordia (Edmonton). Par leur vote de grève, ses membres défendent leurs droits et ceux des étudiants, affirmant que leurs conditions de travail sont les conditions d'apprentissage des étudiants. Ils se défendent et luttent pour un système d'éducation public dont dépend toute la société.

(Information : CUEFA)


Cet article est paru dans

Numéro 119 - 13 décembre 2021

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