Un vaste appui pour les travailleuses en grève des centres de la petite enfance
au Québec

Un appel à prendre position contre une loi de retour au travail

L'organisation de parents « Ma place au travail » qui demande que l'accès aux garderies devienne un droit garanti par la loi appelle les parents à appuyer fermement la lutte des travailleuses et des travailleurs des Centres de la petite enfance (CPE) à la défense de leurs droits. Forum ouvrier reproduit la lettre que l'organisation recommande aux parents d'envoyer à des ministres du gouvernement du Québec.

La lettre est écrite en réponse à la déclaration de la Présidente du Conseil du trésor qu'une loi de retour au travail fait partie des « outils » que le gouvernement a à sa disposition pour mettre fin à la grève dans les CPE.

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À l'intention de : Mathieu Lacombe - député de Papineau à l'Assemblée nationale du Québec, ministre de la Famille ; Sonia LeBel - députée de Champlain, présidente du Conseil du trésor ; François Legault, premier ministre du Québec.

Objet : Réaction à la grève illimitée du réseau des CPE

Cette lettre a pour but d'exprimer l'appui sans réserve des parents tels que représentés par Ma place au travail envers les éducatrices et le personnel de soutien des CPE.

Si le gouvernement désire éviter aux familles les conséquences d'une grève générale illimitée, nous l'encourageons vivement à régler cette situation par une entente négociée plutôt qu'en ayant recours à l'application d'une loi spéciale.

Le casse-tête que pourrait engendrer ce débrayage ne justifie pas l'imposition d'une mesure qui brime le droit de revendiquer l'amélioration des conditions de travail et la valorisation du réseau public de services de garde à la petite enfance. Nous craignons qu'en contraignant les travailleuses et travailleurs des CPE à retourner au travail, vous exacerbiez le conflit : qu'arrivera-t-il s'ils et elles se découragent au point de quitter le réseau qu'elles s'évertuent à protéger ? Leurs conditions de travail doivent être impérativement améliorées.

La pénurie de places abordables et de qualité en services de garde éducatifs à l'enfance nuit à la conciliation travail/famille depuis de nombreuses années. Les bris de services se multiplient en raison de l'exode du personnel des CPE. La qualité des services se détériore avec chaque départ. À cela s'ajoute l'angoisse qu'éprouvent des milliers de parents en attente d'une place, ou du désespoir qui habite ceux et celles contraints à sacrifier leurs carrières, leurs études ou leur santé mentale en réponse à cette crise.

Ce sont surtout nos enfants qui en paient le prix. Ceux à besoins particuliers qui ne reçoivent pas les services spécialisés dont ils ont besoin. Ceux qui doivent composer avec des changements abrupts et continuels qui fragilisent leur intégration dans un milieu de garde, dûs aux départs d'éducatrices. Ceux qui n'ont qu'un temps limité pour interagir avec ces dernières, épuisées par la surcharge de travail engendrée par le manque de temps pédagogique pour compléter les dossiers des enfants. Les travailleuses et travailleurs sont la clé de voûte des CPE et nous réclamons que le gouvernement reconnaisse le rôle essentiel qu'ils et elles jouent dans la vie de nos tout-petits.

Nous nous opposons à ce que le gouvernement justifie ses tactiques de négociation à partir des difficultés que nous éprouvons actuellement à concilier nos responsabilités familiales et professionnelles. Nous le prions plutôt d'adhérer aux changements proposés par celles et ceux chargés d'assurer le bien-être, la sécurité et le développement harmonieux de nos enfants. Ce faisant, nous vous demandons de leur accorder les ressources nécessaires pour y parvenir. Vous parlerez en notre nom si vous acquiescez à leurs demandes.

Au Québec, nous avons hérité d'un réseau de services éducatifs publics de qualité, fondés sur un modèle de gouvernance par les parents et pour la communauté. Aboutissement des luttes de regroupements féministes et populaires, nos CPE ont permis d'assurer le développement global de nos enfants en plus d'accroître notre richesse économique collective. Grâce à eux, le Québec s'est hissé au sommet du palmarès mondial du taux d'employabilité chez les femmes âgées de 20 à 54 ans.

Nous espérons de tout coeur que le gouvernement répondra aux demandes des employé(e)s en CPE, qui sont également celles des parents qui ont la chance de les fréquenter, mais aussi de ceux qui espèrent un jour que leur enfant s'y épanouisse.

Cordialement,

D'un parent fatigué, mais solidaire

(Photos: «Ma place au travail», SQEES)


Cet article est paru dans

Numéro 116 - 6 décembre 2021

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