Les travailleurs sans papiers prennent la parole

Les organisations de défense des droits des migrants estiment qu'il pourrait y avoir entre 500 000 et 800 000 travailleurs sans papiers vivant au Canada. En 2008, il y avait 58 000 travailleurs étrangers temporaires qui vivaient et travaillaient en Alberta. En 2019, ils n'étaient plus que 10 000, mais ce nombre ne tient pas compte des milliers de travailleurs qui ont perdu leur statut et sont devenus sans-papiers. En ce moment, 475 professions sont jugées non admissibles par le gouvernement Kenney et ce nombre devrait augmenter à mesure que les permis de travail se terminent.

Des travailleurs ont perdu leur statut en raison des retards dans le traitement des demandes pendant la pandémie. Plusieurs ont été victimes du programme 4 et 4 de Jason Kenney lorsqu'il était ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. En vertu des nouvelles règles mises en place par Jason Kenney, après avoir travaillé au Canada pendant quatre ans, les migrants devaient quitter le pays pendant quatre ans avant de présenter une nouvelle demande. Bien que les libéraux de Justin Trudeau aient annulé cette directive, rien n'a été fait pour ceux qui ont perdu leur statut et qui n'ont aucune voie vers la résidence permanente à partir du Canada. Parmi les autres raisons de la perte de statut, citons le non renouvellement des permis de travail ou le licenciement de travailleurs pour avoir défendu leurs droits et s'être opposés aux attaques contre eux. De nombreux travailleurs sans papiers se sont endettés auprès de trafiquants d'êtres humains et/ou ont payé des frais exorbitants à des « consultants en immigration » ou à des écoles, dont certaines ont prétendu frauduleusement qu'ils seraient admissibles à un permis de travail après l'obtention de leur diplôme. Les soins de santé pour tous et la régularisation des travailleurs sans papiers sont une dette du Canada envers eux, en tant que pays qui se livre à la traite des travailleurs migrants.

Les travailleurs sans papiers prennent courageusement la parole et méritent l'appui complet de tous les Canadiens dans leur lutte pour des soins de santé pour tous et pour la régularisation et un statut pour tous !

Lors d'un récent forum organisé par Women for Rights and Empowerment, un travailleur a expliqué qu'il est venu au Canada avec un permis de travail, travaillant pour une entreprise qui a enfreint ses droits de travailleur et les droits de tous les travailleurs étrangers temporaires que l'entreprise de nettoyage embauchait. Avec d'autres travailleurs, il a joué un rôle de premier plan dans la campagne d'organisation d'un syndicat qui a été couronnée de succès. Cependant, il a perdu son statut en 2017 et demeure sans papiers. Malgré son statut de sans papiers, il continue à s'exprimer, à défendre les travailleurs migrants et à les organiser à la défense de leurs droits et des droits de tous.

Un travailleur sans papiers a partagé son expérience lors du forum « Des soins de santé pour tous » de Migrante. Il a expliqué qu'il est arrivé au Canada en 2014 comme technicien industriel qualifié. Après avoir quitté les Philippines et travaillé à Hong Kong pendant 12 ans, il a payé un courtier 3500 dollars américains juste pour obtenir une entrevue pour un emploi au Canada. Il a réussi et est venu au Canada avec un contrat de deux ans, avec l'assurance qu'il était maintenant sur la voie de la résidence permanente. Au lieu de cela, avec le ralentissement dans le secteur du pétrole et du gaz, aucun des travailleurs étrangers temporaires embauchés par son employeur n'a vu ses contrats renouvelés, et il a perdu son statut en 2017. Un consultant en immigration a promis de l'aider et l'a escroqué de 5 000 dollars, soit toutes ses économies, sans obtenir aucun résultat pour lui. Maintenant, le travailleur et sa partenaire sont tous deux sans papiers, avec deux enfants nés au Canada qui sont citoyens. Il a expliqué que la pandémie a rendu la vie encore plus difficile pour les travailleurs sans papiers, que plusieurs d'entre eux ont perdu leur emploi et leur accès aux soins de santé et sont plus vulnérables que jamais à la surexploitation par les employeurs.

Les travailleurs migrants font une contribution immense à la société canadienne, mais eux et leurs familles sont victimes d'une discrimination flagrante et sont traités comme étant jetables par l'État canadien. Ils luttent pour survivre, vivant dans le stress et l'angoisse de recevoir un ordre d'expulsion ou d'être détenus et envoyés en détention préventive. Cette discrimination organisée par l'État et cette violation de leurs droits doivent cesser. Fini les promesses creuses et les platitudes ! Un statut pour les réfugiés, pour les étudiants, les travailleurs et les sans-papiers, un statut pour tous et toutes !, est une revendication légitime pour humaniser notre société.

La lutte pour la santé des enfants de travailleurs sans papiers
nés au Canada

De nombreux travailleurs sans papiers ont des enfants nés au Canada qui sont citoyens canadiens. Migrante Alberta a mené une campagne fructueuse en faveur des soins de santé pour les enfants de travailleurs sans papiers nés au Canada. Il semble maintenant que le gouvernement de l'Alberta a concocté des critères non divulgués pour priver ces enfants de soins de santé.

Le site Web de l'AHS (Services de santé de l'Alberta) indique que « si un enfant est citoyen canadien et que le parent est physiquement présent en Alberta et a l'intention d'y rester, l'enfant pourrait être admissible à la couverture de l'AHCIP (Régime d'assurance-maladie de l'Alberta), indépendamment de l'admissibilité de son parent ».

Sur quelle base le gouvernement albertain déclare-t-il qu'un citoyen canadien vivant en Alberta « pourrait » être admissible à la couverture des soins de santé ? Il ne le dit pas. Cela rend encore plus difficile les décisions déjà difficiles que doivent prendre les travailleurs sans papiers confrontés à l'expulsion. Les agents de l'Agence des services frontaliers du Canada ont dit cruellement aux travailleurs et travailleuses sans papiers de l'Alberta qu'ils risquaient d'être expulsés, mais pas leurs enfants. On leur donne le « choix » entre le retrait volontaire, qui offre une possibilité de retour au Canada dans le futur, et l'expulsion sans pratiquement aucune chance de retour. Il semble maintenant que si les enfants restent au Canada pour aller à l'école, en demeurant avec la famille élargie ou d'autres aidants, ils peuvent être privés de soins de santé. C'est le signe d'un gouvernement hors de contrôle, pour qui les travailleurs migrants et leurs familles ne sont pas des êtres humains mais des choses à utiliser et à jeter, et pour qui les droits reconnus par la loi sont des choses à violer en toute impunité. Cela doit cesser ! Régularisation immédiate et statut pour tous et toutes !

(Photos : FO, Migrante Alberta)


Cet article est paru dans

Numéro 114 - 1er décembre 2021

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