La défense des droits et de la dignité des travailleurs de l'industrie du spectacle

Les acteurs en quête d'emplois

Dans la plupart des pays, les acteurs doivent passer une audition pour trouver du travail. Le processus est le suivant : le producteur du film contacte les directeurs de casting avec une liste de personnages. Le département du casting envoie cette liste aux agents artistiques.

Les agents soumettent les acteurs de leur liste pour la distribution de chaque rôle et si le bureau de distribution artistique choisit un de leurs acteurs pour l'audition, celui-ci est contacté par son agent.

La plupart des auditions sont des « auditions Zoom » ou des bandes enregistrées et réalisées par les acteurs. Les auditions Zoom sont organisées par les directeurs de distribution des rôles. Dans le cas d'une bande enregistrée, l'acteur se filme et envoie sa cassette d'audition à son agent. Ces cassettes d'audition sont généralement réalisées au domicile de l'acteur et parfois dans un studio professionnel.

L'industrie du cinéma est très organisée et tout est fait pour répondre aux besoins des producteurs. Les acteurs, comme tous les travailleurs du cinéma, n'ont pas leur mot à dire. Il en va de même pour les auditions. Refuser une audition est très mal vu par les agents et les responsables de distribution des rôles et un acteur peut être mis sur une liste noire pour avoir agi de la sorte.

Les acteurs ont besoin des auditions et ils n'aiment pas dire non même si c'est le seul moyen dont ils disposent pour se protéger.

Une enquête menée en 2016 par l'ACTRA (Alliance des artistes canadiens du cinéma, de la télévision et de la radio) a montré que le salaire annuel moyen d'un acteur était de 15 000 dollars et que 20 % des membres de l'ACTRA ne gagnent rien annuellement.

On demande aux acteurs de passer des auditions dans des délais très courts, parfois en seulement vingt-quatre heures. Cela signifie que le travail créatif de l'acteur est réduit au minimum et que tous les efforts sont consacrés à la mémorisation du texte.

En Grande-Bretagne, la situation est similaire et un code de pratique pour les auditions sur cassettes a été élaboré, pour aborder les délais irréalistes et les exigences du scénario pour les acteurs et favoriser un meilleur environnement de travail.

Quatre grands organismes du secteur se sont réunis pour la première fois afin de créer ces lignes directrices. Equity, la Casting Directors' Guild, la Co-operative Personal Management Association et la Personal Managers' Association ont élaboré et publié le code, et se réuniront régulièrement pour contrôler son efficacité.

Les points clés comprennent la limitation du nombre de pages que l'on peut demander aux acteurs d'apprendre pour une cassette enregistrée ou une audition Zoom, ainsi que des délais d'exécution minimums et des engagements à informer les acteurs s'ils ont réussi ou pas l'audition.

Un nombre important d'artistes-interprètes ayant répondu à une enquête de British Equity ont déclaré qu'on leur avait demandé de réaliser des auditions en moins de 24 heures, certains devant produire des cassettes enregistrées en moins de cinq heures. Des acteurs ont également déclaré avoir dû apprendre jusqu'à 50 pages pour une seule audition.

La section A28 de l'Accord de production indépendante entre l'Alliance des artistes canadiens du cinéma, de la télévision et de la radio (ACTRA) et l'Association canadienne des producteurs de médias (CMPA), traite des auditions et des entrevues. La clause A2801, Auditions, stipule que « les interprètes ne seront pas tenus d'apprendre du matériel spécial ou des lignes parlées ou des activités spéciales ».

Même si cette clause est en vigueur, les acteurs canadiens ont l'habitude d'apprendre leur texte et la plupart d'entre eux se sentent obligés de le faire en pensant que cela augmentera leurs chances d'obtenir un rôle.

Ces dernières années, depuis la pandémie, les studios qui produisent du contenu en continu ont réalisé des profits records et s'empressent de produire de plus en plus de contenu. La production atteint des sommets au Canada et dans d'autres pays. Cette quantité et cette pression pour produire rapidement forcent les acteurs à passer des auditions en peu de temps et en faire beaucoup.

Un plus grand nombre d'acteurs auditionnent pour le même rôle, car les producteurs peuvent maintenant faire défiler les propositions sur un appareil à la recherche d'un acteur qui leur convient. Cela signifie que le travail de l'acteur n'est pas examiné attentivement, ce qui ajoute de l'humiliation à sa vie de travail comme acteur.

Le bureau de distribution des rôles a le pouvoir sur les acteurs, et il peut donc demander n'importe quoi aux acteurs qui font des bandes enregistrées, y compris un bon éclairage, un bon fond, de bons lecteurs et que les acteurs aient mémorisé leur texte. Cela signifie que le fardeau des auditions repose désormais sur les épaules des acteurs.

Souvent, il est difficile pour un acteur de trouver quelqu'un pour lire avec lui pour une bande enregistrée car les auditions sont données avec un avis très court.

L'ACTRA est en train d'élaborer son propre guide et d'insérer de nouvelles clauses dans l'accord afin de mieux protéger les acteurs qui font des bandes enregistrées.


Cet article est paru dans

Numéro 110 - 22 novembre 2021

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