Le gouvernement du Québec intensifie son offensive antisociale
Un autre arrêté ministériel contre les travailleurs de la santé au Québec
Le
16 octobre, le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec Christian Dubé a
signé un nouvel arrêté ministériel qui touche les travailleurs de la
santé, en l'occurrence les infirmières.
Le gouvernement affirme que son action permettra d'atténuer la crise du
personnel infirmier en ajoutant 3 000 infirmières à temps plein. Pour ce
faire, des primes seront offertes sur une période d'un an à toute
infirmière qui signera un contrat de travail à temps plein avant le 15
décembre. La prime de base est de 15 000 dollars et passe à 18 000
dollars dans les régions où les pénuries sont les plus graves. Elle est de 12
000 dollars pour les infirmières qui travaillent actuellement
pour des agences privées ou les infirmières retraitées qui viennent
travailler à temps plein dans le secteur public. Aucune explication
n'est donnée pour les montants inférieurs pour ces infirmières.
Bien que le gouvernement cherche à attirer les infirmières qui
travaillent pour des agences privées et celles qui sortent de leur
retraite pour revenir travailler à temps plein, la grande majorité des
nouvelles infirmières à temps plein qui sont ciblées sont celles qui
travaillent déjà à temps partiel et qui recevront la prime pour passer à
temps plein en autant qu'elles acceptent les conditions de travail
brutales sans se plaindre. De nombreuses infirmières à temps partiel
n'étaient pas intéressées par un passage à temps plein parce qu'avec les
heures supplémentaires obligatoires, une infirmière à temps plein
travaille beaucoup plus que des heures à temps plein. La prime est
destinée à inciter les infirmières à temps partiel à passer à temps
plein et toute autre infirmière qui peut être recrutée.
Ce plus récent décret ne résoudra pas la crise parce qu'il est
antisocial et antihumain. Pour obtenir la prime, les infirmières doivent
signer un contrat individuel qui supplante les contrats collectifs
négociés entre le syndicat et le gouvernement. Le contrat individuel
force les infirmières à accepter des conditions inacceptables qui sont
en violation de la convention collective, y compris des dispositions que
le gouvernement a récemment acceptées dans de nouvelles conventions
collectives dont l'encre n'est pas encore sèche. De plus, les primes
sont assorties d'un
si grand nombre d'exclusions, d'exceptions et de conditions que ce ne
sont pas toutes
les infirmières à temps plein qui y seront admissibles et que plusieurs
devront rembourser une partie de la prime
lorsqu'ils exerceront les droits que leur confère la convention
collective, notamment les congés personnels (voir l'entrevue dans ce
numéro pour des exemples). Attirer des travailleurs avec de l'argent
pour aggraver leurs conditions est inadmissible et ne fera qu'aggraver
la crise.
Voilà
ce que tous
les décrets gouvernementaux ont fait tout au long de la pandémie : ils
ont
permis aux employeurs de violer les conditions négociées sur les
horaires et les affectations de travail, et d'augmenter
l'utilisation du temps supplémentaire obligatoire. Des milliers
d'infirmières
ont quitté leur emploi en raison de ces conditions intenables.
La crise de pénurie de personnel doit être résolue d'une manière qui favorise la
population sur la base des solutions proposées par les travailleurs, qui
est avant tout de fournir des conditions de travail qui garantissent
que les infirmières sont en bonne santé et en sécurité afin qu'elles
puissent fournir les soins dont les patients ont besoin.
Forum ouvrier appuie fermement les infirmières qui
contestent cet arrêté ministériel et réclament que le gouvernement négocie au lieu de dicter.
Cet article est paru dans
Numéro 109 - 19 novembre 2021
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