Alberta
Les travailleurs d'Amazon en Alberta font une requête d'accréditation syndicale
- Peggy Morton -
Les sections locales 362 et 987 de Teamsters Canada ont fait
une requête d'accréditation pour représenter les travailleurs des «
centres de traitement » d'Amazon de Nisku (Edmonton) et Calgary,
situés près des aéroports des deux villes. La section locale 362 des Teamsters a fait la
requête pour l'entrepôt de Nisku le 14 septembre et la section locale 987 a fait la requête pour
l'entrepôt de Calgary le 19 octobre. Les Teamsters ont lancé leur campagne
organisationnelle lors du Congrès de la Fraternité internationale
des Teamsters en juin 2021. Des douzaines de sections locales
participent à la campagne organisationnelle au Canada et aux États-Unis.
Les requêtes d'accréditation syndicale dans les deux villes
albertaines sont présentement devant la Commission des relations de
travail de l'Alberta (CRTA). Les requêtes sont à l'étape de l'étude par
laquelle la CRTA rencontre le syndicat et
l'employeur pour déterminer si la requête a été faite correctement et,
si oui, fixer une date pour un vote de représentation supervisé par la
commission.
Forum ouvrier félicite les sections locales 362 et 987 pour leur
succès à être les premiers à soumettre des requêtes pour une
accréditation syndicale aux entrepôts d'Amazon, ou « centres de
traitement » comme Amazon se plaît à les nommer.
L'appui de l'État aux tactiques antisyndicales d'Amazon
La loi antiouvrière adoptée par le gouvernement du Parti
conservateur uni (PCU) en 2020 exige un vote supervisé par la
commission même lorsqu'une majorité des travailleurs ont signé des
cartes d'accréditation syndicale. Cette loi accorde six mois à la
Commission des relations de travail de l'Alberta, avec la possibilité
d'extensions, pour vérifier les cartes, tenir un vote et prendre une
décision finale. Cela accorde aux employeurs plusieurs mois
pour propager de la fausse information et pour menacer et intimider les
travailleurs et cibler les organisateurs. Les travailleurs de Calgary
ont rapporté que l'employeur a organisé des réunions restreintes pour
dire qu'il savait qui avait signé les cartes d'accréditation du
syndicat.
Un représentant de la section locale des Teamsters a dit à Forum ouvrier que les travailleurs demeurent très vigilants en raison de l'histoire d'antisyndicalisme virulent d'Amazon.
Le syndicat a déposé des plaintes de pratiques de travail déloyales
par rapport aux actions d'Amazon aux entrepôts de Calgary et de Nisku.
Amazon a souvent été déclarée coupable de pratiques de travail déloyales
au Canada et aux États-Unis, mais on leur permet néanmoins de continuer
en toute impunité. Les gouvernements, avec la vitesse de
l'éclair, criminalisent les travailleurs et leurs collectifs et imposent
d'énormes amendes et d'autres pénalités injustes pour leurs actions à
la défense de leurs droits et de leur dignité. Mais lorsque les
oligopoles violent le droit du travail, les commissions de relations de
travail et les tribunaux agissent au ralenti, s'ils agissent du tout.
Les gouvernements justifient ces attaques contre les droits des
travailleurs en disant que les intérêts privés comme Amazon sont les
créateurs de la richesse et que leurs réclamations doivent être
satisfaites alors que les travailleurs sont un coût qui doit être contenu.
L'action d'Amazon à son entrepôt à Bessemer, en Alabama, où un vote
de syndicalisation a échoué, en est un bon exemple. La Commission
nationale des relations du travail des États-Unis (CNRT) a jugé
qu'Amazon avait interféré dans le vote de syndicalisation. La compagnie
avait installé une boîte aux lettres pour recueillir les bulletins de
vote et distribué divers articles pour encourager les employés à voter
contre cet effort pour s'organiser. La décision d'un directeur régional de la
CNRT qui doit trancher sur la tenue d'un nouveau vote est imminente.
La CNRT a rapporté qu'Amazon avait installé des caméras de sécurité
au-dessus des boîtes aux lettres, créant l'impression que les employés
étaient surveillés. Une tente avait été érigée autour de la boîte aux
lettres arborant un slogan promotionnel de la compagnie, et la CNRT a
trouvé que ce n'était pas suffisant pour invalider le vote mais que
c'était tout de même une forme d'intervention électorale qui a entaché
l'élection. Amazon a distribué des épingles et d'autres articles aux
employés contre leur effort pour s'organiser, les appelant à « voter non
» en présence de gestionnaires et de superviseurs. Elle a organisé des
réunions obligatoires pour tenter d'influencer le vote, fait parvenir
des messages texte aux travailleurs et même disposé de la littérature
liée à la campagne dans les salles de toilettes.. En attendant la
décision sur
un nouveau vote, Amazon a aussi lancé une nouvelle campagne
antisyndicale agressive à Bessemer, alors que des représentants de la
compagnie se promènent dans l'entrepôt et demandent aux travailleurs ce
qu'ils pensent d'avoir un syndicat.
Les travailleurs d'Amazon prennent la parole
Les anciens travailleurs et les travailleurs actifs d'Amazon
prennent la parole en leur propre nom pour mettre en lumière leurs conditions de
travail brutales, ainsi que les tactiques antisyndicales d'Amazon, et
pour défendre leurs droits et leur dignité. Amazon est tristement
célèbre pour ses lourdes charges de travail, sa surveillance continue
des
travailleurs et de leurs moindres gestes, son taux élevé de graves
accidents de travail et sa négligence à protéger les travailleurs de la
COVID-19.
Des
anciens travailleurs d'Amazon de la grande région de Toronto (GTA) ont
fait connaître comment la compagnie avait riposté contre les
travailleurs essayant d'organiser un syndicat pour les chauffeurs.
Amazon a recours à la sous-traitance pour livrer les colis, une façon de
faire à laquelle elle a recours pour empêcher les travailleurs de
s'organiser en mettant fin à un contrat avec une compagnie dont les
travailleurs se sont syndiqués.
« Lorsque la compagnie s'est rendu compte que j'avais commencé à
parler aux autres chauffeurs de syndicat, elle a initié une campagne
antisyndicale », un travailleur a dit à l'émission The Fifth
Estate. « La compagnie a convoqué une réunion générale. » Le
propriétaire de la compagnie a dit qu'Amazon romprait avec la
compagnie et donnerait le travail à une autre compagnie, a dit le
travailleur. Celui-ci a été congédié, et même si la Commission du
travail de l'Ontario a donné l'ordre de le réintégrer, lorsqu'il est
retourné travailler, il est resté assis dans le stationnement parce que
son badge était toujours désactivé.
Un autre travailleur a expliqué qu'après que 75 % des
travailleurs à sa compagnie ont voté en faveur d'un syndicat, la
compagnie s'est placée sous la protection de la faillite après qu'Amazon
a donné le travail à une autre compagnie.
Les travailleurs ont pris la parole sur les éclosions nombreuses et
répétées de COVID-19 dans les entrepôts. Amazon a finalement été forcée
par les autorités de la santé de fermer son entrepôt du chemin Heritage à
Brampton en Ontario après qu'au moins 600 travailleurs ont été
infectés par la COVID-19. L'entrepôt était en éclosion
d'octobre 2020 à mars 2021. Amazon a contesté l'ordre.
L'entrepôt d'Amazon à Nisku a connu des éclosions pendant cinq mois et
demi pendant la première année de la pandémie, avec au moins 100
cas, mais a tout de même pu rester ouvert pendant tout ce temps. Les
actions d'Amazon montrent clairement que les oligarques
qui contrôlent ces empires considèrent que les travailleurs sont
jetables, et comment les gouvernements facilitent leur mépris total pour
le mieux-être des travailleurs.
Une autre méthode antisyndicale est de faire de vagues annonces comme
quoi il y aura des améliorations aux salaires et aux conditions de
travail. La journée avant que la requête d'accréditation syndicale soit
déposée pour l'entrepôt de Nisku, Amazon a annoncé qu'elle augmenterait
le taux horaire de base de 17 dollars « allant jusqu'
à » 21,65 pour ses travailleurs « de première ligne ».
Mais les travailleurs ont pris la parole pour dire qu'ils allaient
peut-être se retrouver en réalité avec une baisse de salaire puisque le
programme de primes, basé sur l'assiduité et le taux de ventes pour
chaque entrepôt, avait été éliminé. Ce que veut dire « allant
jusqu'à »
est vague et le fait qu'Amazon laisse entendre que le fait d'embaucher
plus de personnel réduirait les charges de travail ne veut rien dire
compte tenu du roulement extrêmement élevé de personnel.
Tandis que les conditions de travail aux « centres de
traitement » d'Amazon et pour les travailleurs livrant les colis
d'Amazon se sont détériorées au cours de la pandémie, Amazon a connu des
bénéfices et des profits exorbitants en 2020, alors que le revenu
annuel a augmenté de 38 %, à 386 milliards de dollars
US, une augmentation annuelle de 100 milliards de dollars US. Le
profit net d'Amazon a augmenté de 84 % en 2020
comparativement à 2019 et la richesse personnelle du
fondateur et PDG d'Amazon, Jeff Bezos, a atteint 206 milliards de
dollars US, selon Forbes. Ce sont des exemples flagrants qui montrent
que cet énorme déploiement de forces productives ne peut être laissé
entre les mains privées qui ont le contrôle de l'État et de ses
institutions.
Forum ouvrier appelle tout le monde à appuyer fermement les
travailleurs d'Amazon pour qu'ils réussissent à s'organiser et à
défendre leur droit de décider des salaires et des conditions de travail
qui leurs sont acceptables.
Cet article est paru dans
Numéro 108 - 17 novembre 2021
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