Les travailleurs de la transformation des aliments s'opposent aux attaques contre leurs conditions de travail
En grève depuis le 5 octobre, les travailleurs de Kellogg persistent
à dire non aux concessions
Les travailleurs en grève
chez Kellogg à Lancaster, en Pennsylvanie, 8 novembre 2021
Les travailleurs de Kellogg sont toujours sur la ligne de
piquetage, exigeant de mettre fin au système salarial à deux vitesses
imposé en 2015 et qui force plusieurs travailleurs à travailler
pour des salaires inférieurs avec très peu d'avantages sociaux. Près de
1 400 travailleurs ont débrayé le 5 octobre à Battle Creek, au
Michigan, à Lancaster, en Pennsylvanie, à Memphis, au Tennessee et à
Omaha, au Nebraska. Les travailleurs jouissent d'un vaste appui, comme
en témoigne un rassemblement de centaines de personnes au siège social
de Kellogg à Battle Creek, le 27 octobre. Les travailleurs de
Kellogg, comme ceux de Nabisco et de Frito-Lay qui ont aussi
fait la grève l'an dernier, font partie du Syndicat des travailleurs et
travailleuses de la boulangerie, de la confiserie, du tabac et des
minoteries (BCTGM). Quoique relativement petit (environ 65 000
au total) le syndicat a maintenant organisé des grèves avec la
participation de milliers de personnes contre les trois principaux
monopoles,
à chaque fois sur des questions de temps supplémentaire obligatoire, de
salaires à deux vitesses et des cotisations/prestations liées aux
avantages sociaux. Kellogg exige présentement de nouvelles coupures au
régime de santé, aux régimes de retraite, aux congés statutaires payés
et aux vacances, aux augmentations en fonction du coût de la vie et aux
emplois syndiqués. La compagnie veut aussi éliminer les régimes de
retraite pour les futurs travailleurs.
En 2015,
la compagnie a menacé de fermer une de ses quatre usines pour ensuite
imposer un système à deux vitesses, alors que 30 % de la
main-d'oeuvre était considérée comme « transitoire » et
l'autre 70 % comme employés réguliers à temps plein. Les
travailleurs « transitoires » font
environ 12 dollars de moins de l'heure que les autres employés à
temps plein, et les primes d'assurances sont plus élevées, le temps
alloué aux vacances est moindre et il n'y a pas de régime de retraite.
En acceptant les concessions, les travailleurs ont pensé qu'ils allaient
pouvoir être transférés vers un poste régulier mais cela n'est pas arrivé.
Maintenant ils sont en grève pour exiger l'élimination du système à deux
vitesses et pour défendre des régimes de retraite pour tous.
En outre, les travailleurs ont régulièrement été forcés de travailler
des journées de 12 à 16 heures, 7 jours sur 7, sans
journées de congé ni vacances. La pandémie a fait en sorte que les
exigences sont encore plus grandes pour augmenter la production de
céréales comme Corn Flakes, Rice Crispies, Frosted Flakes et
Fruit Loops.
Avec la présente grève, les travailleurs rejettent les plans de
Kellogg de forcer les jeunes et les relativement nouveaux travailleurs à
faire le même travail dans des conditions inférieures – comme le font
déjà plusieurs monopoles. Les conditions à deux vitesses sont une façon
de diviser les travailleurs et d'affaiblir le syndicat, mais les
travailleurs
refusent de faire plus de concessions et prennent position. Comme l'a
dit un travailleur : « Nous sommes dehors à nous battre contre un
système à deux vitesses et pour que la prochaine génération de
travailleurs ait le même salaire et les mêmes avantages sociaux. »
Grève des travailleurs de Nabisco : « Nous sommes plus nombreux qu'eux »
Les travailleurs de Nabisco ont été en grève pendant un mois en
août, comme plusieurs travailleurs face aux menaces de fermeture et aux
coupures dans les régimes de santé. Déjà, deux usines ont été déménagées
au Mexique et deux autres ont fermé plus tôt cette année, à Fair Lawn,
au New Jersey et à Atlanta en Géorgie. Dans les
négociations qui viennent juste de se conclure par une entente, Nabisco
exigeait un régime de santé à deux vitesses et 3 plages horaires
de 12 heures comprenant les fins de semaine, sans payer les
travailleurs en temps supplémentaire (le salaire étant normalement à
temps et demi les fins de semaine et à temps double le dimanche). Les
travailleurs ont refusé. Nabisco a immédiatement coupé leur régime de
santé, une tactique souvent utilisée contre les grévistes. Mais les
travailleurs ont tenu le coup. Ils ont pu bloquer le régime de santé à
deux vitesses et conserver la paie de temps supplémentaire ainsi que les
mêmes horaires de travail que les travailleurs actuels. Aussi, les
cotisations de l'employeur aux régimes 401(k) des travailleurs
seront doublées. Nabisco pourra toutefois fixer l'horaire à trois quarts
de travail de douze heures les fins de semaine durant lesquels les
nouveaux travailleurs seront forcés de travailler sans toucher la paie
pour le temps supplémentaire.
La tentative d'imposer des quarts de travail de 12 heures sans
temps supplémentaire était un des principaux points de litige, surtout
compte tenu que la plupart des travailleurs sont obligés maintenant de
faire du temps supplémentaire. Pour plusieurs, ce serait l'équivalent
d'une baisse de 20 000 dollars annuellement de paie en
temps supplémentaire. En outre, sur la base de leur expérience,
plusieurs savaient que 12 heures se transformeraient en 16.
Bien que certains travailleurs étaient en colère face aux attaques
contre les nouveaux travailleurs et, voyant cette attaque comme une
première étape vers l'élimination des gains comme la paie de temps
supplémentaire pour tous les travailleurs, l'entente a été ratifiée.
La grève a été déclenchée à Portland, en Oregon, le 10 août et
s'est propagée aux deux autres boulangeries américaines à Richmond, en
Virginie, et à Chicago ainsi que dans des centres de distribution à
Aurora, au Colorado, et Norcross, en Géorgie. Les travailleurs
fabriquent les biscuits Oreos, les croustilles Chips Ahoy, les
craquelins
Ritz et Saltines, entre autres produits.
Les grévistes se sont joints à des organisations et des syndicats
locaux pour se donner plus de force. À Portland, les organisations
locales ont tenu des rassemblements hebdomadaires le samedi, qui ont
attiré des centaines d'alliés. Des « brigades de boycott » sont
ensuite sortis pour distribuer des dépliants et placarder les
supermarchés
d'autocollants disant « N'achetez pas du Nabisco ! Respectez la
grève ! ». Des membres des Thorns de Portland, l'équipe
féminine de soccer professionnel, ont participé aux lignes de piquetage,
comme l'ont fait les Teamsters, les infirmières, les menuisiers et des
collègues travaillant dans des épiceries à l'extérieur de l'État.
Des alliés ont organisé une visite en pleine nuit à un hôtel Marriott
local pour exiger qu'il arrête d'abriter des briseurs de grève,
klaxonnant et faisant crier leurs alarmes d'auto pour bien passer le
message. Des activistes de Portland, dont plusieurs avaient participé
aux récentes batailles contre la violence et les meurtres aux mains des
policiers,
ont bloqué des camionnettes remplies de briseurs de grève pour les
empêcher d'entrer ou de sortir de l'usine. Munis de pancartes, ils ont
aussi bloqué le chemin de fer, convaincant ainsi un conducteur de train
syndiqué de reculer le train qui transportait des ingrédients à l'usine.
Plusieurs personnes ont participé à recueillir 91 000
dollars au moyen d'un fonds de grève en ligne.
Peu importe comment ils ont voté par rapport à l'entente, les
travailleurs ont été inspirés par l'appui qu'ils ont reçu et se sont
engagés à joindre les rassemblements d'autres travailleurs luttant pour
leurs droits. « Nous sommes plus nombreux qu'eux » était l'esprit
qui en animait plusieurs.
Les travailleurs de Frito-Lay font la grève pour mettre fin à des semaines de travail de 84 heures
Les travailleurs de Frito-Lay à Topeka, au Kansas, ont déclenché
une grève de 19 heures en juillet pour mettre fin au temps
supplémentaire obligatoire et aux semaines de travail de 84 heures
à 12 heures par jour, 7 jours sur 7. La nouvelle
convention collective de 2 ans garantit au moins une journée de congé
par
semaine. Malgré une augmentation de salaire de 4 % sur 2
ans, elle est tout de même inférieure au taux d'inflation actuel
de 5 % par année.
Les travailleurs de l'usine de Topeka exigeaient qu'on mette fin aux
doubles et triples quarts de travail et ont voté contre la première
offre de convention collective. Plusieurs d'entre eux travaillaient des
quarts de travail éreintants de 12 heures dans des conditions de
chaleur extrême avec aussi peu que 8 heures entre les quarts de
travail. Même s'ils sont des travailleurs de première ligne, ils ne
reçoivent pas de prime de risque pendant la pandémie. Ils prennent la
parole sur les préoccupations touchant à la sécurité, y compris les
longues heures, et ont débrayé en partie pour cette raison.
Frito-Lay, le fabricant des produits appelés Cheetos, Doritos,
Ruffles et d'autres aliments préemballés, est une filiale de Pepsi Co,
l'oligopole d'aliments et de breuvages basé à New York. Les travailleurs
ont produit 4,5 milliards de dollars en revenus seulement au cours
du deuxième trimestre, représentant 23 % des revenus
de PepsiCo.
Cet article est paru dans
Numéro 107 - 15 novembre 2021
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