Des milliers de travailleurs de la santé font la grève pour exiger des conditions de travail sécuritaires

Les infirmières de l'hôpital Mercy obtiennent une amélioration de l'affectation du personnel et des conditions de travail

Les travailleurs de l'hôpital Mercy de Buffalo ont fait la grève pendant plus de 35 jours, depuis le 1er octobre, pour exiger une affectation de personnel et des conditions de travail sécuritaires et de meilleurs salaires. Ils ont rejoint plusieurs centaines d'infirmières de Worcester, Massachusetts, en grève à l'hôpital St. Vincent depuis le 8 mars et plus de 900 travailleurs d'entretien et de services à l'hôpital Cabell Huntington en Virginie de l'Ouest qui ont déclenché la grève le 3 novembre. Comme de nombreux travailleurs de la santé, ils ont tous été contraints de travailler dans des conditions dangereuses, notamment en ce qui concerne l'affectation du personnel. Comme le font remarquer les infirmières de tout le pays, il n'y a pas de pénurie d'infirmières mais une pénurie de conditions de travail sécuritaires. Le travail difficile qu'elles accomplissent est devenu encore plus difficile pendant la pandémie. Nombre d'entre elles, dans tout le pays, sont toujours confrontées au manque d'équipement de protection individuelle, de tests de dépistage, de jours de maladie payés pour la mise en quarantaine, etc.

La grève à l'hôpital Mercy a mobilisé environ 2 500 infirmières, employés de bureau, personnel de service et personnel technique, et a mis de l'avant la revendication d'un ratio d'une infirmière pour quatre patients dans les zones médico-chirurgicales, soit le minimum requis. En outre, une grande partie du personnel a des salaires équivalents au seuil de pauvreté, y compris les travailleurs des services environnementaux et les aides diététiciennes, qui gagnent aussi peu que 13,45 dollars de l'heure. Ces travailleurs sont en contact direct avec la COVID et pourtant ils gagnent moins que ceux de McDonald's et d'autres établissements similaires de restauration rapide.

Tous sont membres des sections locales 1133 et 1168 des Travailleurs en Communications d'Amérique (CWA). La main-d'oeuvre, essentiellement féminine, s'est jointe aux piquets de grève et a reçu le soutien des patients et des membres de la communauté qui apprécient ses efforts considérables pour fournir des soins et exiger la sécurité des patients. Alors que Catholic Health a prétendu ne pas avoir les moyens d'augmenter les salaires, elle a payé des briseurs de grève 150 dollars de l'heure pour occuper des postes d'infirmières, soit plus du triple des salaires actuels, et a dépensé des dizaines de millions de dollars pour maintenir l'hôpital ouvert. Le 1er novembre, Catholic Health a également cessé de payer les avantages sociaux en soins de santé afin d'exercer un chantage sur les infirmières et le personnel pour les forcer à retourner au travail.

Une entente de principe a été conclue le 4 novembre et a été ratifiée à une écrasante majorité lors des réunions des 6 et 7 novembre. Selon CWA, l'accord prévoit des ratios d'affectation du personnel garantis qui font en sorte que Mercy devra embaucher environ 400 personnes. « Grâce à la détermination inébranlable et aux sacrifices de nos membres au cours des cinq dernières semaines, ces hôpitaux catholiques sont désormais les premiers à New York, et certains des seuls au pays à garantir des niveaux de personnel sécuritaires », a déclaré Debora Hayes, directrice régionale de CWA..

Hôpital Cabell Huntington

Les travailleurs en grève de l'hôpital Cabell Huntington sont membres du district 1199 du Syndicat international des employés de service (SIES). Les infirmières auxiliaires, les techniciens de laboratoire, le personnel d'entretien et de nettoyage ont rejeté une proposition de convention collective de l'entreprise qui augmentait considérablement les primes d'assurance-maladie privée et réduisait le salaire net. Il va sans dire que les travailleurs ont été soumis à un stress énorme pendant l'urgence sanitaire de la pandémie, la Virginie occidentale ayant récemment connu des éclosions particulièrement graves de la variante Delta de la COVID-19.

Hôpital St. Vincent

La grève à l'hôpital St. Vincent se poursuit. L'entreprise privée propriétaire de l'hôpital, Tenet Health, a annoncé des bénéfices de 448 millions de dollars pour le troisième trimestre, qui seraient en partie dus à l'augmentation des admissions aux urgences et des procédures chirurgicales.

Kaiser Permanente

Les travailleurs en grève et les ingénieurs biomédicaux des établissements de Vallejo de Kaiser Permanente seront rejoints sur le piquet de grève dans tout le nord de la Californie le 19 novembre par deux mille cliniciens, psychologues, thérapeutes et travailleurs sociaux spécialisés dans la santé mentale. Les travailleurs déclarent qu'ils se tiendront aux côtés de leurs collègues déjà en grève et exigeront que « Kaiser négocie de bonne foi pour réparer son système de soins de santé mentale défectueux qui laisse les patients attendre jusqu'à trois mois pour un rendez-vous de thérapie et des thérapeutes submergés par des charges de travail écrasantes ».

Des piquets de grève seront installés devant les hôpitaux Kaiser de Vallejo, San Francisco, Sacramento, Fresno, Santa Rosa, Oakland et San Jose à partir de 6 heures du matin le 19 novembre. L'action de masse est en solidarité avec les membres de la section locale 39 du Syndicat des mécaniciens de machines fixes, qui font la grève aux installations Kaiser du nord de la Californie depuis le 18 septembre.

« Chaque fois que nous avons fait la grève pour exiger de meilleurs soins pour nos patients, les ingénieurs se sont joints à nous sur les piquets de grève », a déclaré Willow Thorsen, une assistante sociale de Kaiser à Santa Rosa dans un communiqué de presse. « Nous faisons la grève maintenant pour défendre nos collègues et nos patients qui se voient refuser les soins dont ils ont besoin. »

Les cliniciens en santé mentale de Kaiser, représentés par le Syndicat national des travailleurs de la santé (NUHW), sont sans contrat depuis le 1er octobre. Le géant Kaiser a rejeté les propositions syndicales visant à augmenter les effectifs, à recruter davantage de thérapeutes bilingues et issus des minorités et à alléger les charges de travail insoutenables qui entraînent une augmentation du taux de rotation dans les cliniques Kaiser.

« Kaiser refuse de voir à quel point ses patients souffrent lorsqu'ils essaient d'accéder à des soins de santé mentale », a dit Kenneth Rogers, un psychologue chez Kaiser à Sacramento. « Il n'y a aucune norme clinique qui demande de faire attendre les patients un mois ou plus entre deux rendez-vous, et les thérapeutes partent parce que nous ne pouvons pas fournir des soins conformes à l'éthique. »

Pour accroître la pression sur Kaiser afin de parvenir à un règlement qui réponde à leurs droits et revendications, le NUHW a émis un autre préavis de grève touchant les pharmacies Kaiser de consultation externe, qui durera du 15 au 22 novembre.

Un sondage mené par le syndicat auprès des cliniciens en santé mentale de Kaiser, publié plus tôt cette année, a révélé que :

« 80 % ont déclaré que leurs cliniques manquent de personnel pour fournir des soins appropriés et opportuns aux patients;

« 65 % ont déclaré que chaque jour, ils doivent planifier des rendez-vous de suivi plus tard que ce qui est cliniquement approprié pour leurs patients;

« 87 % ont déclaré que les rendez-vous hebdomadaires de psychothérapie individuelle ne sont pas disponibles pour les patients qui en ont besoin;

« 55 % ont déclaré qu'au cours des six derniers mois, ils ont envisagé de quitter Kaiser. »

Sal Rosselli, président du Syndicat national des travailleurs de la santé, qui représente les cliniciens en santé mentale de Kaiser en Californie et à Hawaï, a déclaré : « Le refus de Kaiser d'envisager ne serait-ce que des propositions visant à augmenter le personnel et à améliorer les soins montre qu'il n'est pas sérieux dans sa volonté de travailler avec les cliniciens pour réparer son système de soins de santé mentale. »

Kaiser Permanente gère 39 hôpitaux et plus de 700 cabinets médicaux, avec plus de 300 000 employés, dont plus de 80 000 médecins et infirmières. Selon le NUHW, les états financiers annuels les plus récents de Kaiser font état de profits de 13,8 milliards de dollars et de réserves de liquidités s'élevant à 44 milliards de dollars.

La grève prévue de 32 000 travailleurs du secteur de la santé en Californie est évitée

Les syndicats représentant des milliers de travailleurs de Kaiser Permanente, qui avaient prévu de faire la grève le 15 novembre, ont annoncé le 13 novembre qu'une entente de principe a été conclue. Le syndicat United Nurses Associations of California/Union of Health Care Professionals avait planifié de déclencher la grève en opposition aux demandes de Kaiser qui visaient à « réduire davantage les salaires des employés actuels et à sabrer les salaires des nouveaux employés dans le contexte d'une crise nationale du personnel de la santé », avait déclaré le syndicat. Les travailleurs de la santé, environ 21 000 infirmières diplômées, pharmaciens, sages-femmes, kinésithérapeutes et ergothérapeutes, infirmières praticiennes et adjoints au médecin, font partie de l'Alliance des syndicats de la santé, qui comprend 21 sections locales représentant 52 000 travailleurs.

Kaiser veut créer un régime à deux niveaux d'échelles salariales régionales pour toutes les personnes embauchées après 2022, ce qui signifie une réduction considérable des salaires et des avantages sociaux. Les systèmes à deux vitesses sont inhabituels dans le secteur des soins de santé et les travailleurs considèrent qu'il s'agit d'une menace sérieuse pour tous, d'autant plus que Kaiser est considéré comme un acteur majeur du secteur. Comme l'a dit un travailleur, « le régime à deux vitesses trouve une fissure et crée un canyon ».

La proposition placerait également certains nouveaux embauchés dans une catégorie inférieure aux taux de salaires de départ actuels chez McDonald's ou dans les entrepôts d'Amazon. « Si on a le choix entre faire des hamburgers ou transporter des patients de la COVID à la morgue pour le même salaire, le choix devient évident », a dit un technicien de mobilité de longue date.

Opposition dans tout le pays au modèle de soins « tout seul à la maison »

En outre, les infirmières de l'État s'organisent pour bloquer les efforts de Kaiser qui visent à mettre en place un modèle de soins de santé de type « restez à domicile ». Sous l'impulsion de National Nurses United (NNU), les travailleurs de la santé s'organisent pour empêcher Kaiser, ainsi que la clinique Mayo et Medically Home d'imposer ce que les infirmières appellent le « tout seul à la maison ». Comme l'indique leur appel, « Imaginez que vous vous rendiez aux urgences pour une maladie grave et que le personnel médical convienne que vous devez être hospitalisé immédiatement – mais au lieu de vous admettre, on vous renvoie chez vous avec un iPad, un moniteur et la promesse de 'soins virtuels'. Pas de soins pratiques, pas d'infirmières diplômées et d'autres prestataires 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour surveiller ces légers changements révélateurs de votre état, personne pour vous tenir la main ou calmer vos craintes. » Cela détruit les attentes et la disponibilité de soins infirmiers sécuritaires et professionnels dans un cadre hospitalier.

Ce projet, déjà mis à l'épreuve dans deux hôpitaux, permettra à Kaiser de fermer des lits d'hôpitaux, d'utiliser du personnel sous-traitant et moins cher, d'éliminer des infirmières et d'autres membres du personnel tout en continuant à être remboursé par les assureurs et Medicare – tout cela aux dépens des patients et de la sécurité des soins. Ce plan est dangereux et met la vie des patients en danger à bien des égards, tout en transférant la charge des soins à des membres de la famille non formés, très probablement des femmes qui doivent déjà s'occuper des enfants, des personnes âgées, etc.

Le NNU a célébré le premier anniversaire de son Réseau de défense nationale qui rassemble des travailleurs de la santé et des personnes de tous horizons pour s'organiser afin de défendre les droits des travailleurs de la santé, des patients et de leurs communautés.

Il dit : « Nous sommes unis avec les infirmières de Kaiser, nos alliés communautaires et les patients par nos demandes d'augmentation des effectifs du personnel et que :

- Kaiser doit immédiatement mettre fin à tous les contrats « tout seul à la maison » avec des groupes comme Medically Home;
- Kaiser doit mettre fin aux contrats de sous-traitance qui mettent en danger la sécurité des patients et violent le contrat des infirmières;
- Kaiser doit embaucher plus d'infirmières en soins directs pour mettre en place les effectifs de personnel en fonction de l'acuité des besoins du patient;
- le jugement clinique des infirmières doit être la pierre angulaire des soins aux patients, et non des technologies et des algorithmes basés sur des conclusions préconçues.


Cet article est paru dans

Numéro 107 - 15 novembre 2021

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