Deux offres rejetées : les travailleurs de John Deere rejettent un régime à trois vitesses et les attaques contre les régimes de retraite

Ligne de piquetage à l'usine John Deere à Denver au Colorado, le 22 octobre 2021

Le 12 novembre, les Travailleurs unis de l'automobile (TUA) ont émis une déclaration intitulée « La grève se poursuit pendant le vote de ratification » qui annonce que John Deere a présenté « une nouvelle offre, la meilleure et la dernière, à l'équipe de négociation des TUA » qui sera présentée aux membres pour ratification. Les travailleurs de John Deere sont en grève depuis le 14 octobre et ont rejeté deux offres de la compagnie. Près de 10 000 travailleurs participent à la grève dans 13 usines au Colorado, en Géorgie, en Illinois, en Iowa et au Kansas. C'est la première grève en 35 ans contre la plus importante compagnie d'équipement agricole et de construction au monde. Plus de 90 % des membres des TUA (UAW) à Deere ont rejeté la première convention collective qu'on leur a proposée.

Les sections locales en grève sont :

Section locale 74, Ottumwa, Iowa (John Deere Ottumwa Works)
Section locale 94, Dubuque, Iowa (John Deer)
Section locale 186, Denver, Colorado (John Deere)
Section locale 434, Moline, Illinois (John Deere)
Section locale 450, Des Moines, Iowa (John Deere Des Moines Works)
Section locale 472, Covington, Géorgie (John Deere)
Section locale 2366, Coffeyville, Kansas (John Deere Coffeyville Works)

Depuis qu'ils ont déclenché la grève, les membres tiennent des lignes de piquetage 24 heures par jour 7 jours/semaine. Les sections locales ont imprimé des chandails où on peut lire : « Jugés essentiels en 2020. Prouvez-le en 2021. Assemblage impossible à la maison ». Le 18 octobre, plusieurs sections locales ont appelé à une large participation aux piquetages du matin. À Waterloo, en Iowa, les membres ont rapporté qu'il y a eu un refoulement pendant trois heures de salariés et d'employés de la direction qui tentaient de traverser la ligne de piquetage. À Davenport, la durée a été de deux heures et demie. Une « démonstration de force » massive par la section locale 865 à Harvester Works De Deere à East Moline, en Illinois, a attiré 1 000 piqueteurs qui ont formé une ligne couvrant 15 pâtés de maisons. Les travailleurs poursuivent leur lutte en adoptant des tactiques similaires.

Ils ont aussi reçu un appui massif de leurs communautés, des agriculteurs et de plusieurs autres.

Les travailleurs insistent pour éliminer un régime à deux vitesses mis en place en 1997. Les conditions, les salaires et les avantages sociaux sont si différents que les travailleurs parlent d'un avant et un après 1997. Ceux qui ont été embauchés après 1997 ont des salaires considérablement inférieurs et n'ont pas de régime de santé à la retraite. Maintenant, Deere veut un troisième régime pour les futurs travailleurs qui comprend les mêmes coupures et l'inéligibilité aux régimes de retraite.

Comme d'autres monopoles, Deere offre des augmentations de salaire qui sont en fait des baisses de salaires car elles sont inférieures au taux d'inflation actuel qui est de 5 %. L'entente de principe de 6 ans rejetée comprenait une augmentation de salaire de 2 % pour la première année. En 2022, 2024 et 2026, les travailleurs auraient reçu des sommes forfaitaires de 2 % plutôt que des augmentations de salaires, une méthode qui vise à réduire encore plus les salaires et les montants eux-mêmes sont bien en deçà de l'inflation. L'augmentation réelle des salaires n'est que de 5 %.

Comme l'a dit un représentant de Milan en Illinois : « En 1997, Deere a rapporté un revenu net de 817 millions de dollars. En 2021, il prévoit faire 5,7 milliards. » Pendant ce temps, le salaire de base à Deere est passé d'un peu moins de 15 dollars en 1997 à un peu plus de 20 dollars avec l'offre actuelle. « Alors que les profits de Deere ont augmenté de près de 700 % depuis 1997, notre pouvoir d'achat a diminué de 35 %. »

Bien que les travailleurs de Deere sont considérés comme étant « absolument essentiels » parce qu'ils fabriquent de l'équipement agricole, leurs droits sont brutalement attaqués. Deere a aussi proposé de mettre fin au moratoire sur la fermeture de l'usine, de mettre fin à la paie de temps supplémentaire après 8 heures, d'éliminer l'ancienneté dans les échelles salariales et de forcer les travailleurs à payer 20 % de leurs primes d'assurance-santé, et a proposé plusieurs autres concessions draconiennes. La grève a fait reculer Deere sur certaines de ces concessions, mais le système à trois vitesses, la baisse de salaire et d'autres concessions sont toujours présents.

La compagnie a aussi cherché à obtenir des injonctions auprès des tribunaux pour empêcher les lignes de piquetage et d'autres activités syndicales. Dans un cas, ils ont obtenu l'injonction, et dans un autre, non. Un juge a rejeté la demande de Deere de limiter le piquetage de son usine Des Moines Works à Ankeny, en Iowa, disant qu'après avoir présenté plusieurs heures de vidéos de sécurité, Deere n'avait pas réussi à prouver que les membres des TUA avaient fréquemment eu recours à des activités illégales. Dans l'autre cas, le juge a accordé une injonction provisoire contre les grévistes qui pénètrent sur le terrain de la compagnie à l'usine Davenport Works ou entravent son entrée et ses sorties. Il a limité le nombre de piqueteurs à un maximum de 4 à chaque barrière de l'usine.

Les travailleurs demeurent déterminés et persistent dans leur lutte et maintiennent des lignes de piquetage 24/7. Ils sont déterminés à faire reculer la compagnie sur la question des régimes à deux et à trois vitesses et à obtenir des salaires et des conditions de travail qu'ils jugent acceptables.


Les travailleurs de John Deere en grève à Des Moines en Iowa, le 18 octobre 2021

(Photos : TUA)


Cet article est paru dans

Numéro 107 - 15 novembre 2021

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