Olymel invoque un cas de force
majeure pour ne pas assumer ses responsabilités
envers les travailleurs
Olymel doit être tenu responsable de ses actions!
- Peggy Morton -
Les membres des TUAC interviennent devant l'usine
d'Olymel à Red Deer le 18 février 2021 pour
s'assurer que l'usine est bien fermée.
Les travailleurs de l'usine de transformation du
porc d'Olymel à Red Deer en Alberta ont finalement
réussi à faire fermer l'usine pour arriver à
contrôler la propagation de la COVID-19. En date
du 19 février, il y avait 426 cas de
COVID enregistrés liés à l'éclosion, dont 212
cas actifs, et un travailleur est décédé. Les
travailleurs ont forcé la compagnie à effectuer
une fermeture temporaire face à son refus d'agir
de manière responsable. Le 17 février, douze
jours après que les travailleurs ont répondu à un
sondage de leur syndicat en demandant à très forte
majorité une fermeture temporaire, la compagnie a
procédé à la fermeture en déclarant de manière
honteuse une situation de force majeure afin de ne
pas payer leur salaire aux travailleurs. Les
travailleurs ont reçu des avis de mise à pied.
Prétendant que la fermeture de l'usine est due à
des « circonstances imprévues » hors de son
contrôle (une force majeure) et que par conséquent
elle n'est pas tenue de se conformer aux
dispositions de la convention collective touchant
aux mises à pied, la compagnie offre de verser des
avances sur les salaires que les travailleurs
devront rembourser et de l'aide aux travailleurs
pour accéder aux programmes fédéraux.
La section locale 401 des Travailleurs unis
de l'alimentation et du commerce rapporte qu'elle
envisage entreprendre des recours juridiques pour
faire en sorte que les travailleurs reçoivent leur
salaire entier. Le président Thomas Hesse dit que
les mises à pied vont à l'encontre de la
convention collective et pourraient aussi être en
violation des normes d'emploi de l'Alberta.
Selon Services de
Santé Alberta, plus de 60 % des
travailleurs d'Olymel ont au moins un autre
emploi, ce qui démontre à quel point les
conditions sont oppressives à l'usine. Il est
évident que ceux qui sont positifs ou qui se
confinent perdront aussi ce revenu de même que le
revenu d'autres membres de la famille qui devront
eux aussi se confiner. En plus, plusieurs
travailleurs sont des immigrants qui non seulement
subviennent aux besoins de leurs familles ici au
Canada mais à ceux de leurs familles dans leur
pays d'origine qui dépendent des fonds que les
travailleurs leur font parvenir.
« Nous continuons de croire qu'il relève de la
responsabilité de la compagnie d'appuyer et
d'offrir une rémunération pour ses employés
pendant cette pause obligatoire de la production
puisque c'est à cause des manquements de la
compagnie que l'endroit de travail a dû
fermer », a dit Thomas Hesse dans une
déclaration.
Les compagnies comme Olymel affirment leur «
droit de monopole » de contrôler les prises
de décisions sur les questions de santé et de
sécurité et se battent bec et ongles pour empêcher
les travailleurs d'exercer leur droit de décider
de ce qui constitue un environnement de travail
sain et sécuritaire. Elles refusent même de
reconnaître que ce sont les travailleurs qui
connaissent les problèmes et quelles mesures
doivent être prises pour rendre leurs endroits de
travail sécuritaires. Lorsque leur motif étroit de
profit maximum mène au désastre, elles déclarent
qu'elles ne sont pas responsables, que la
situation est hors de leur contrôle, que c'est un
cas de « force majeure », et ainsi de suite.
Les travailleurs et leur syndicat ont mis en
lumière plusieurs facteurs qu'Olymel pouvait
certainement contrôler. Par exemple, Olymel a
refusé de réduire la cadence de la chaîne de
production à une vitesse sécuritaire, et de mettre
à la disposition des travailleurs des endroits
sécuritaires pour qu'ils puissent prendre leurs
pauses et leur dîner. La compagnie a augmenté la
production et a embauché plusieurs centaines de
nouveaux travailleurs, faisant en sorte que les
travailleurs se sont trouvés encore plus à
l'étroit.
Il est absurde de prétendre qu'une importante
éclosion de COVID-19 était imprévisible. Les
usines de transformation de la viande partout en
Amérique du Nord et dans le monde ont été
particulièrement frappées par la COVID-19.
Seulement en Alberta à l'heure actuelle, il y a
des éclosions dans huit usines de transformation
de la viande. Le gouvernement doit rendre des
comptes de la permission qu'il donne aux
entreprises d'agir en toute impunité et c'est
précisément ce que font les travailleurs et leur
syndicat en luttant pour une entière rémunération.
Cet article est paru dans
Numéro 10 - 24 février 2021
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