Ce que les travailleurs ont à dire

Lorsque le gouvernement Trudeau a remis des fonds publics à Algoma Steel en juillet, la section locale 2251 du Syndicat des Métallos, avec raison, n'a pas assisté à la séance de photos. Justin Trudeau a annoncé que l'argent était destiné à aider Algoma à faire la transition vers la fabrication d'acier par four à arc électrique (FAE). Forum ouvrier s'est entretenu avec Mike Da Prat, le président de la section locale, pour connaître son opinion sur l'accord.

Mike Da Prat : L'accord avec le gouvernement a été conclu sans aucune consultation avec les travailleurs. Le libellé de notre convention collective stipule que nous sommes censés être impliqués de manière consultative dès le début. Le gouvernement fédéral aurait dû dire qu'il doit parler aux travailleurs parce qu'ils ont fait face trois fois à la protection de la faillite en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). Ils nous le devaient. Pourquoi le gouvernement intervient-il sans penser à exiger de l'entreprise qu'elle protège au moins les emplois ? Certains d'entre nous, toujours présents à l'usine, ont vécu ces trois épisodes de la LACC.

À l'heure actuelle, Algoma Steel fait de l'argent et elle a décidé qu'elle va de l'avant avec le financement du gouvernement. Le gouvernement aurait dû communiquer avec nous, entendre nos préoccupations. Ce que nous aurions pu faire, en utilisant les prêts comme levier, c'est obtenir des garanties sur les affectations de travail et sur la façon dont se fera le mouvement des travailleurs une fois que les changements vont entrer en vigueur. Cela ne s'est pas produit. Le ministre Champagne était présent lors de l'annonce. Il n'est pas inquiet des réductions d'emplois mais nous le sommes. Nous n'avons pas assisté à l'annonce car, selon nous, il s'agissait d'une simple séance de photos entre le gouvernement et l'entreprise.

Ce processus n'est pas comme un interrupteur qui s'allume et s'éteint : nous sommes en ce moment une aciérie intégrée, on éteint l'interrupteur et on allume le FAE. Ce n'est pas comme ça que cela fonctionne. Il y aura une période de transition. Ils devront faire fonctionner les deux processus simultanément pendant un certain temps. De nouvelles personnes vont arriver pour être formées au nouveau processus. Les travailleurs plus âgés qui sont formés au processus actuel ne peuvent pas être laissés sur le carreau et abandonnés lorsque le FAE va fonctionner à plein régime. Ils auront besoin d'un emploi. Nous parlons ici d'un grand nombre de travailleurs. Cela pourrait être un gâchis et l'entreprise veut nous impliquer dans cette affaire afin de pouvoir dire que nous avons participé alors qu'ils ne nous ont pas consultés sur le projet.

Des déclarations ont été faites selon lesquelles nous devenons verts, mais il n'y a aucune preuve de cela. Si nous voulons parler de prendre le virage vert, quel critère utilisons-nous ? Utilisons-nous les calculs d'émissions effectués à l'époque où Algoma était nouvelle ? Mesurent-ils les émissions réelles qu'ils produisent maintenant, alors que certaines pièces d'équipement ne sont pas entretenues de façon optimale ? Nous avons du mal à maintenir l'entretien de l'équipement environnemental maintenant. Avec la décision qui a été prise de passer au FAE, les chances qu'ils investissent de l'argent dans l'équipement existant pour prévenir la pollution sont nulles. Allons-nous émettre encore plus de pollution à court terme ?

On ne nous a même pas donné la possibilité de discuter des raisons pour lesquelles nous ne modernisons pas notre équipement existant. Maintenant, quand ils disent que la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui sera créée par ce projet est égale à ce que produisent 900 000 véhicules de passagers, je ne pense pas qu'ils ont réellement mesuré quoi que ce soit. Si nous parlons d'une réduction théorique des émissions brutes d'une quantité x, est-ce vraiment le résultat net si vous avez augmenté les émissions de diesel parce que la ferraille pour le FAE va maintenant nous arriver par transport ? On doit également tenir compte de cette augmentation des émissions.

Chez Algoma, nous avons vécu trois épisodes de LACC. La direction nous a présenté des décisions dont elle a dit qu'elles étaient des solutions à long terme à nos problèmes. Tout ce que la direction déclare être à notre avantage ne l'est pas. Ils font beaucoup d'argent, ils accumulent des dettes, ils ne mettent pas l'argent manquant dans le régime de retraite et ensuite ils ne sont plus capables de continuer. Ils ne sont pas capables de payer ce qu'ils doivent, disent-ils. Puis, on repart à zéro aux dépens des travailleurs et des contribuables, et plus tard ça recommence. Ils nous disent que ce nouveau projet va être bon pour le long terme. C'est exactement la même chose qu'ils nous ont dit à chaque fois. Certains des travailleurs qui étaient là pendant tout ce temps là sont encore là aujourd'hui. Pas les PDG - ils sont passés à autre chose.

À mon avis, c'était une séance photo à des fins électorales. L'entreprise obtient l'argent et le gouvernement obtient la séance de photos. C'était ça l'entente.

C'est la raison pour laquelle nous n'y avons pas participé.


Cet article est paru dans

Numéro 100 - 27 octobre 2021

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