À titre d'information

Perte d'emplois record en Ontario

Le 18 février, le Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario a publié le rapport « Le marché du travail de l'Ontario en 2020 ». Le rapport fournit des données détaillées sur la situation de l'emploi de l'Ontario pour l'année 2020. Les données sont alarmantes. Pendant l'année, 355 300 emplois ont été perdus, ce qui constitue la plus grande perte d'emplois de l'histoire de la province. En plus, 342 690 travailleurs n'ont presque pas travaillé et 67 350 autres ont travaillé moins de la moitié de leurs heures habituelles. En tout, 765 340 travailleurs, soit environ un travailleur sur cinq, ont été affectés par le recul de l'emploi. C'est un nombre très élevé et les conséquences sont dévastatrices, notamment avec la perte de revenu, l'anxiété, les problèmes de santé mentale de toutes sortes, les problèmes familiaux, sans parler des dommages accrus qui sont causés à l'économie.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2018/Slogans/180127-MTL-ALENA-08cr2.jpgAlors que ces données sont utiles car elles permettent de mesurer l'étendue de la dévastation, le rapport attribue les pertes d'emplois à la pandémie uniquement, en particulier aux mesures de confinement qui ont été décrétées par le gouvernement dans différents secteurs de l'économie, lesquelles ont atteint un sommet au printemps. Après un assouplissement des restrictions pendant l'été, la deuxième vague de la pandémie a amené de nouvelles restrictions plus tard dans l'année qui ont été maintenues jusqu'à la fin de 2020. Le rapport n'examine pas le phénomène des fermetures et de l'impact des fermetures que les compagnies comme les transporteurs aériens ont décrétées parce que leurs profits se sont effondrés pendant la pandémie. Essentiellement, le point de vue qui est présenté est que l'effondrement de l'économie est inévitable à cause de la pandémie.

C'est précisément ce que les travailleurs ne peuvent pas accepter. Ce résultat n'a rien d'inévitable. Il se produit parce que notre économie socialisée est organisée pour garantir les profits d'intérêts privés étroits qui contrôlent et possèdent l'économie et parce que ceux qui sont en position d'autorité imposent cet objectif et affirment qu'il n'y a pas d'autre façon d'organiser l'économie. Les décisions de fermer les entreprises ou de les rouvrir sans prendre les mesures de sécurité nécessaires sont motivées par cet objectif étroit, peu importe le coût pour le peuple.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/180428-MTL-PremierMai-15cr3.jpgLes travailleurs mettent de l'avant des alternatives centrées sur l'humain qui seraient bénéfiques à la santé et à la sécurité de tous et à l'économie, mais ils sont bloqués parce qu'ils ne contrôlent pas l'ordre du jour de la société et n'ont pas le pouvoir décisionnel entre leurs mains. Dans un communiqué de presse récent, le SCFP-Ontario (Syndicat canadien de la fonction publique) affirme que l'augmentation des investissements dans les services publics fournirait de l'emploi productif dont on a grandement besoin dans les conditions actuelles. Il soulève, par exemple, que des milliers de préposés aux services au soutien de la personne sont nécessaires dans le secteur des soins de longue durée, que des milliers de préposés au traçage pour les unités de santé publique le sont aussi et qu'on a également besoin de plus de travailleurs de l'éducation pour restructurer les écoles afin d'en assurer la sécurité.

Au lieu d'être réduit, le transport en commun devrait être augmenté, avec plus d'autobus et de trains transportant moins de passagers par unité de service, avec un nettoyage constant et en mobilisant plus de travailleurs pour informer les passagers sur la façon d'utiliser les services en toute sécurité.

Les travailleurs demandent que le secteur de l'agro-alimentaire, de la construction et d'autres secteurs soient réorganisés pour assurer des conditions sécuritaires, respectant la distanciation physique et les autres mesures de sécurité et mobilisant des travailleurs pour garantir un fonctionnement sécuritaire du secteur. La discussion est à peine entamée que l'objectif de garantir les profits des entreprises est soulevé comme un obstacle aux propositions des travailleurs qui sont rejetées avec l'argument que les compagnies vont devoir fermer leurs entreprises si leurs coûts augmentent.

La première chose que font les travailleurs dans cette situation est de rejeter le chantage selon lequel, s'ils insistent pour que leurs droits soient reconnus, il n'y aura plus d'emplois. Une économie qui repose sur les alternatives centrées sur l'humain est non seulement nécessaire mais possible et la voix des travailleurs est essentielle pour qu'elle devienne une réalité.


Cet article est paru dans

Numéro 9 - 22 février  2021

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