Changements antisociaux aux lois et règlements sur les soins de santé

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Les défenseurs du système de santé public en Ontario font remarquer que les lois adoptées en 2019 et 2020 font des changements significatifs à la façon dont les services de santé à domicile et en milieu communautaire sont organisés et livrés, qui causent de sérieux problèmes à la fourniture des soins aux malades et aux aînés. Ces changements ont un certain nombre de conséquences qui sont destructrices pour le système de santé public, notamment le manque de normalisation dans toute la province, la déréglementation, la fragmentation et la perte d'uniformité des services et une privatisation accrue. Par exemple, les équipes Santé Ontario (ÉSO) et les fournisseurs de services de santé (FSS) comprennent des organisations à but lucratif et sans but lucratif, y compris les agences privées de soins à domicile, ce qui crée un conflit d'intérêts où les organisations qui prennent des décisions sur la coordination et la prestation des services soumissionnent également pour des contrats pour fournir ces services.

La loi 175 de l'Ontario, Loi de 2020 pour connecter la population aux services de soins à domicile et en milieu communautaire a été présentée à l'Assemblée législative de l'Ontario le 25 février 2020 et a reçu la sanction royale le 8 juillet 2020.

Cette loi suit et complète deux lois adoptées en 2019 qui faisaient partie d'une restructuration majeure du système de soins de santé au service des intérêts privés. La Loi de 2019 sur les soins de santé pour la population et la Loi de 2019 pour des soins interconnectés (LSI) ont mené à la création d'une nouvelle agence, Santé Ontario, qui est responsable de la gestion des services de santé de toute la province, y compris l'élimination des régies régionales de la santé, les Réseaux locaux d'intégration des services de santé (RLISS), ainsi que d'autres organismes dont Action Cancer Ontario et CyberSanté Ontario.

La Loi a également créé un nouveau modèle de soins, une équipe Santé Ontario, dont le ministère de la Santé dit que l'objectif est de « fournir une nouvelle façon d'organiser et de prodiguer des soins qui sont mieux interconnectés pour les patients dans leur communauté locale. Grâce aux équipes Santé Ontario, les fournisseurs de soins de santé (dont les hôpitaux, les médecins et les fournisseurs de soins à domicile et en milieu communautaire) travailleront en tant qu'équipes coordonnées — peu importe l'endroit où ils offrent leurs soins. Les équipes Santé Ontario sont des groupes de fournisseurs et d'organisations de soins de santé qui, à maturité, seront cliniquement et financièrement responsables d'offrir un continuum de soins complet et coordonné à une population géographique déterminée ». La transition des RLISS vers les ÉSO est en cours et les services de soins de santé sont actuellement gérés au niveau régional par un mélange des deux. Le fonctionnement de Santé Ontario est régi par un conseil d'administration, dont bon nombre des membres sont des dirigeants actuels ou passés, par exemple, de TD Bank, Invesco Canada, Brookfield Asset Management, GE Canada, l'institut C.D. Howe et autres[1].

La loi 175 a abrogé la Loi de 1994 sur les services de soins à domicile et les services communautaires et a déplacé les soins à domicile et les soins communautaires vers les LSI, et rend les ÉSO et les autres fournisseurs de services de santé (FSS) responsables de coordonner et de fournir ces services. Un autre résultat est qu'une grande partie de ce qui était inclus dans la législation précédente a été déplacée vers des règlements et des politiques, y compris la définition des services de soins communautaires, les cadres des soins, l'admissibilité aux services, une version mise à jour de la Déclaration des droits et les exigences pour le traitement des plaintes. Contrairement aux modifications de la législation, qui nécessitent des décisions de la législature, les modifications des politiques et des règlements peuvent être apportées par le Cabinet, sans consultation ni examen du public.

Donner carte blanche aux ministères pour privatiser en introduisant des règlements qui vont à l'encontre de l'intérêt public est une forme de légalisation de l'impunité que les travailleurs de la santé n'acceptent pas.

Notes

1. Directeurs du conseil d'administration de Santé Ontario, site Web de Santé Ontario

(Photos : FO, OFL)


Cet article est paru dans

 Numéro 9 - 22 février  2021

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