Une ferme opposition à la gouvernance par décret

Les revendications des travailleurs du Québec pour des solutions à la crise du système de santé

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Alors que les travailleurs de la santé au Québec insistent pour que leurs revendications soient satisfaites face à la crise du système de santé que la COVID-19 a encore aggravée, les exécutifs gouvernementaux tentent de renforcer la gouvernance par décret afin de priver les travailleurs de tout mot à dire sur leurs conditions de travail et la direction de leur secteur et de l'économie. Cela fait partie de la restructuration de l'État qui est en cours depuis plus de 30 ans et qui se poursuit aujourd'hui, avec la pandémie comme prétexte, pour imposer la volonté des intérêts privés étroits.

Les travailleurs de la santé et des services sociaux du Québec sont déjà sous le coup d'arrêtés ministériels qui donnent au gouvernement et aux employeurs le droit déclarer nulles et non avenues leurs conventions collectives et de changer unilatéralement leurs conditions de travail, sous prétexte de l'urgence sanitaire. Ces arrêtés ont été utilisés à de nombreuses reprises depuis qu'ils ont été émis en mars 2020 et ils ont créé le chaos dans la vie des travailleurs, forçant plusieurs d'entre eux à démissionner, et les rendant malades et incapables de travailler à cause de leurs conditions de travail intenables.

En ce moment, les quelque 550 000 travailleurs du secteur public du Québec tentent de renouveler leurs conventions collectives. On compte parmi eux environ 260 000 travailleurs de la santé et des services sociaux. Toutes les conventions collectives du secteur public sont expirées depuis le 31 mars. Les négociations ont débuté il y a un an et demi et une seule entente de principe a été conclue jusqu'à maintenant.

Les travailleurs de la santé rapportent que le gouvernement du Québec demande aux syndicats d'accepter d'adopter des « recommandations » aux tables de négociation qui seront faites au ministère de la Santé et des services sociaux, lequel émettra ensuite des directives ministérielles sur lesquelles les travailleurs et leurs syndicats n'ont aucun contrôle. Le gouvernement demande ainsi aux syndicats de renoncer à négocier des conditions de travail inscrites dans des conventions collectives ayant force de loi qui leur permettent de travailler dans des conditions sécuritaires et de fournir des services de qualité.

Un exemple est la tentative de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ)de renouveler sa convention collective. La FSQ-CSQ représente 5 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes des régions de Montréal, de Laval, de la Gaspésie, de la Côte-Nord et du Nord-Est-du-Québec. Parmi les enjeux majeurs que les négociateurs gouvernementaux ont proposé de traiter par des directives ministérielles, il y a celles des ratios personnel/patients et des agences privées de main-d'oeuvre, deux des principaux problèmes auxquels les travailleurs du secteur sont confrontés. Ces questions importantes, au sujet desquels les travailleurs luttent pour affirmer leurs besoins et leurs droits, seront ainsi déclarées hors d'atteinte pour eux.

Le 7 février, l'offre globale de règlement soumise le 21 janvier dernier par les porte-paroles du gouvernement a été rejetée à l'unanimité par le Conseil fédéral de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), composé de délégués de tous les syndicats affiliés.

Une des raisons premières qui a motivé ce rejet est la ferme opposition à la gouvernance par décret et l'exigence que le gouvernement du Québec doit satisfaire les revendications des travailleurs visant à améliorer immédiatement les conditions de travail et la livraison des services, ce qui contribuera à atténuer la crise.

Parmi ces revendications, on compte l'amélioration des salaires qui ont été gelés ou à peine ajustés au coût de la vie depuis plus de 15 ans, ce qui rend impossible la rétention et l'attraction des travailleurs dans le secteur; l'élimination du temps supplémentaire obligatoire qui est endémique et qui crée le chaos dans la vie des travailleurs, détruisant leur santé, leur vie de famille et les services; l'amélioration générale des conditions de travail par une charge de travail humaine, des équipes et des horaires stables; l'établissement de ratios personnel/patients qui permettent aux travailleurs de livrer des services de qualité aux gens; la réduction de l'utilisation des agences privées de placement qui coûtent très cher au système public de santé et l'investissement des sommes récupérées dans le système public afin d'améliorer les conditions de travail à la lumière des revendications des travailleurs.

Les travailleurs expriment la ferme conviction que leur mot décisif dans la détermination de leurs conditions de travail est essentiel à l'humanisation de leurs conditions et de la livraison des services.

Ils ont mené plusieurs actions de masse pour dénoncer les arrêtés ministériels et le diktat gouvernemental dans les négociations et sont déterminés à obtenir satisfaction de leurs revendications.

(Photos : FIQ, CSQ, FO)


Cet article est paru dans

Numéro 8 - 19 février 2021

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