Le rôle clé des travailleurs pour contenir la propagation de la COVID-19

Les travailleurs réussissent à faire fermer l'usine non sécuritaire d'Olymel

Le 15 février, Olymel a annoncé soudainement que son usine de transformation de porc de Red Deer, en Alberta, fermerait pour une durée indéterminée, dix jours après que le syndicat eut informé Olymel que les travailleurs avaient déclaré à une écrasante majorité dans un sondage qu'ils considéraient que l'usine était dangereuse et devrait être fermée. Pendant ces 10 jours, le nombre de cas actifs dans l'usine a plus que doublé.

Olymel n'a pas répondu à la revendication de la section locale 401 des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce que les travailleurs doivent recevoir leur plein salaire pendant la fermeture. Au lieu de cela, la compagnie dit qu'elle « aidera » les travailleurs à accéder aux ressources disponibles. C'est inacceptable.

La grave éclosion chez Olymel a commencé vers le 20 janvier et un jeune travailleur, Darwin Doloque, est décédé tragiquement le 28 janvier. Les Services de santé de l'Alberta ont confirmé un total de 192 cas actifs et 326 cas confirmés liés à l'usine en date du 15 février. La mairesse de Red Deer a exprimé sa grave préoccupation face à l'augmentation des cas de COVID-19 dans la ville, mais l'entreprise n'en a pas tenu compte non plus. Les Services de santé de l'Alberta (AHS) ont déclaré le 8 février : « Olymel a mis en place des processus robustes pour limiter la propagation de la maladie dans son établissement et a mis en place des protocoles stricts concernant la distanciation physique, l'ÉPI, la désinfection et d'autres mesures de sécurité pour favoriser la distanciation physique du personnel. » Trois jours plus tard, AHS a écrit une lettre confidentielle à Olymel indiquant que les tests révélaient qu'un travailleur sur cinq était probablement positif à la COVID-19. Olymel a annoncé la fermeture peu de temps après la publication de la lettre.

Si AHS avait parlé aux travailleurs, cela aurait confirmé que leurs préoccupations étaient fondées sur la situation réelle et qu'une action immédiate était nécessaire. Les travailleurs ont dit que la cafétéria, où les travailleurs doivent retirer leurs masques pour manger, était très encombrée. Pourquoi les restaurants sont-ils fermés ou obligés de mettre en oeuvre une distanciation sociale, alors que cela ne s'applique pas aux endroits de travail ? Les travailleurs ont également expliqué qu'ils avaient été renvoyés au travail après le test, pour être informés plus tard d'un test positif. Et comme le syndicat l'a souligné, l'ÉPI et le plexiglas ne suffisent pas une fois qu'une grave éclosion fait rage dans une usine où 1 850 travailleurs travaillent à proximité les uns des autres.

AHS et le médecin hygiéniste en chef (CMOH) se sont trouvés discrédités en blâmant les travailleurs au lieu d'assumer leur responsabilité sociale. Le CMOH a suggéré que certaines « activités hors site » étaient responsables du nombre croissant de cas, tandis que l'AHS encourageait Olymel à menacer les travailleurs d'amendes, de mesures disciplinaires et de licenciement possible pour toute infraction aux exigences de santé publique.

La situation à Olymel confirme que ce qui est décisif ce sont les actions collectives des travailleurs qui parlent en leur propre nom, demandent le respect de leurs droits à un endroit de travail sécuritaire et refusent un travail dangereux. Les agences d'État comme AHS et Santé et sécurité au travail sont devenues captives des oligarques mondiaux, de leurs intérêts et de leur quête pour le profit maximum. Ce sont les travailleurs qui protègent leurs collectifs, leurs familles et leur communauté et ils doivent avoir le dernier mot sur ce qui constitue un travail sécuritaire et exercer ce droit sans perte de salaire ou de moyens de subsistance.

(Photos : FO, TUAC)


Cet article est paru dans

Numéro 8 - 19 février 2021

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