L'Association
des avocats et avocates en droit des réfugiés s'oppose
à l'expulsion des réfugiés pendant la
pandémie
Dans une lettre adressée à Bill Blair, ministre
de la Sécurité publique et de la Protection
civile, et à John Ossowski, président de l'Agence
des services frontaliers du Canada (ASFC),
l'Association canadienne des avocats et avocates
en droit des réfugiés (ACAADR) déclare que la
décision de l'ASFC d'abandonner unilatéralement sa
politique relative aux expulsions « est mal fondée
et met la santé publique en péril ». Elle
note en outre que l'agence n'a pas identifié « de
changement important de circonstances qui
justifierait une décision de recommencer les
renvois de tous les ressortissants étrangers – en
particulier ceux qui font l'objet d'interdictions
de territoire non graves – alors que le pays
traverse les pires jours de la pandémie[1] ».
L'ACAADR fait remarquer qu'« il est dangereux et
inutile de contraindre légalement des personnes à
embarquer sur des vols internationaux à ce
moment-ci et les obliger à rester dans des espaces
fermés avec des centaines d'autres personnes
pendant des heures dans de nombreux cas ».
Le deux poids deux mesures du gouvernement
libéral de Justin Trudeau va comme ceci : il
conseille à ses propres citoyens et résidents
permanents d'éviter les voyages non essentiels à
l'extérieur du Canada jusqu'à nouvel ordre et
reprend le renvoi d'un nombre record de personnes.
Dans un article publié
le 11 décembre dans The Lawyer's Daily,
la présidente de l'ACAADR, Maureen Silcoff écrit
que « la plupart des personnes qui font l'objet de
mesures de renvoi en vertu de la Loi sur
l'immigration et la protection des réfugiés
(LIPR) ne présentent aucun risque pour la société.
Ce sont simplement des personnes dont le statut au
Canada a expiré. Il s'agit des visiteurs, des
demandeurs d'asile déboutés, des travailleurs
étrangers temporaires et des étudiants
internationaux. Peut-être qu'ils déposaient de
l'épicerie sur votre perron ou nettoyaient les
urgences d'un hôpital avant qu'on leur dise de
quitter le Canada ».
Maureen Silcoff ajoute que lorsqu'une personne
fait l'objet d'une mesure de renvoi, elle n'a
d'autre choix que de le signaler et le site Web de
l'ASFC indique clairement ce qui se passe si une
personne décide que cela est trop risqué pour sa
santé ou celle des personnes avec qui elle vit. Le
site Web de l'ASFC mentionne que « Si vous ne vous
présentez pas à une entrevue préalable au renvoi
ou à un renvoi du Canada à la date prévue, l'ASFC
diffusera un mandat d'arrêt à votre endroit dans
l'ensemble du Canada. Lorsque vous avez été
arrêté, l'ASFC peut vous placer en détention dans
un centre de détention avant que vous soyez
renvoyé. Afin de s'assurer que vous quittiez le
Canada, l'ASFC peut assigner un agent d'escorte
pour vous accompagner lors de votre départ. »
En réponse à l'allégation de l'ASFC selon
laquelle les individus ont recours « aux appels,
aux contrôles judiciaires et aux demandes de
résidence permanente pour des motifs d'ordre
humanitaire », Maureen Silcoff fait remarquer
que « de nombreuses personnes à qui l'ASFC ordonne
de se présenter pour un renvoi ne peuvent pas
engager un avocat. Elles sont arrivées au bout de
leur processus d'immigration, avec peu d'argent
pour des frais juridiques supplémentaires.
Pourtant, sans avocat, l'expulsion est
pratiquement impossible à arrêter. La demande
de 'report' du renvoi pour suspendre
l'expulsion est une mesure discrétionnaire qui
n'est pas connue de la plupart des personnes non
représentées, et si elle est faite correctement,
elle implique des observations écrites
accompagnées de preuves. Demander un sursis de
renvoi devant la Cour fédérale est encore plus
hors de portée pour une personne non
représentée. »
La présidente de l'ACAADR conclut que « la
solution est claire. Jusqu'à ce que la COVID-19
soit sous contrôle, l'ASFC doit revenir à sa
politique initiale en matière de pandémie »,
c'est-à-dire, la politique de renvois limités,
mise en place en mars 2020.
Notes
1. Association
canadienne des avocats et avocates en droit des
réfugiés (ACAADR), lettre (en anglais) adressée
au ministre de la Sécurité publique et de la
Protection civile et au président de l'ASFC,
le 2 décembre 2020.
Cet article est paru dans
Numéro 6 - 15 février 2021
Lien de l'article:
L'Association
des avocats et avocates en droit des réfugiés s'oppose
à l'expulsion des réfugiés pendant la
pandémie
Site Web: www.pccml.ca
Email: redaction@cpcml.ca
|