Mépris flagrant du gouvernement Trudeau pour la vie humaine : mettons fin aux renvois!
- Diane Johnston -
En dépit des restrictions sur les vols vers le
Mexique et les Caraïbes, la mise en quarantaine
forcée des voyageurs de retour et les appels
répétés du premier ministre et d'autres
responsables gouvernementaux et de la santé
publique que ce n'est pas le moment de faire des
voyages internationaux, l'Agence des services
frontaliers du Canada (ASFC) a intensifié ses
expulsions depuis la fin novembre. Ceci a mis fin
à la suspension temporaire de la plupart des
expulsions qui a été instituée par l'ASFC en
mars 2020. Les avocats en droit de
l'immigration ont été avisés le 30 novembre
2020 de la reprise immédiate des renvois pour tous
les ressortissants étrangers interdits de
territoire au Canada. L'annonce est intervenue le
jour où 7681 infections à la COVID-19 ont été
signalées à travers le pays, le nombre le plus
élevé en un jour depuis le début de la pandémie,
et 98 personnes sont décédées, le nombre de morts
quotidien le plus élevé en près de six mois.
De mars à décembre, l'ASFC a affirmé qu'elle
avait accordé la priorité aux expulsions pour des
raisons d'interdictions de territoire «
graves », celles qui sont visées aux articles
34 (sécurité), 35 (violations des droits de
la personne) et 36 (criminalité) de la Loi
de l'Immigration et la protection des réfugiés.
Le dernier rapport sur les renvois au cours de
l'exercice 2020-2021 (exercice se terminant
le 31 mars 2021) sur le site Web de
l'ASFC indique qu'au 30 juillet, quatre mois
depuis le début de l'année fiscale, le nombre
total de renvois forcés était de 2 438. Le
nombre total de renvois forcés en 2019-2020
était de 11 465. En 2018, l'ASFC a
fixé un objectif de 10 000 renvois
pour 2018-2019, avec des cibles encore plus
élevées pour les années subséquentes,
visant 15 500 d'ici 2022. Elle
subit donc des pressions pour augmenter le nombre
de renvois d'ici la fin de l'année fiscale
le 31 mars.
Le rapport de la
vérificatrice générale présenté au Parlement
le 8 juillet de l'an dernier critiquait
l'incapacité de l'ASFC à augmenter le nombre de
renvois et proposait diverses «
améliorations », notamment des incitatifs
accrus pour les « renvois volontaires ». Les
médias signalent que le nombre de « renvois
volontaires » a considérablement augmenté. Les
incitatifs comprennent le billet d'avion payé par
le gouvernement à un prix souvent gonflé qui doit
être remboursé si la personne renvoyée souhaite
revenir au Canada à l'avenir.
L'une des raisons pour lesquelles l'ASFC a mis de
l'avant son changement de politique était «
l'émergence d'options de vaccination
viables » malgré le fait que lorsqu'elle a
repris les renvois à la fin de novembre, aucun
vaccin n'avait été approuvé au Canada. Elle a
également déclaré que la décision d'arrêter de
nombreux renvois pendant la pandémie « était une
mesure exceptionnelle qui n'était pas partagée par
la communauté internationale ».
Les organisations de défense des droits des
migrants, l'Association du Barreau canadien,
l'Association canadienne des avocats et avocates
en droit des réfugiés et bien d'autres se sont
prononcées contre la reprise des renvois et ont
demandé au gouvernement de rétablir le moratoire.
Elles soulignent le danger que cela représente
pour les personnes renvoyées du Canada et pour les
employés de l'ASFC qui doivent voyager avec
certaines personnes jusqu'à leur destination. Les
personnes visées par des mesures de renvoi doivent
se présenter, parfois plus d'une fois, aux bureaux
de l'ASFC et se rendre dans la collectivité pour
prendre d'autres dispositions pour quitter le
Canada, ce qui les expose à un risque accru de
contracter la COVID-19. Le voyage n'est pas moins
dangereux pour ces personnes et les employés de
l'ASFC qui les accompagnent, dans les aéroports,
dans les avions et à leur destination, que pour
tout Canadien qui a été averti de ne pas voyager à
l'étranger. L'Association du Barreau canadien
demande que « l'ASFC ... adopte et suive une
politique claire jugeant que toutes les mesures de
renvoi sont inapplicables en raison de risques
pour la santé publique ».
Les travailleurs sans papiers sont souvent
signalés à l'ASFC par la police et doivent éviter
les situations dans lesquelles ils pourraient
devoir présenter une pièce d'identité à la police.
Au Québec, le couvre-feu imposé par le
gouvernement Legault a créé une situation
impossible pour de nombreux travailleurs qui sont
légitimement dans la rue pour aller à leur travail
mais dont la vie pourrait être bouleversée si la
police les arrête.
Joignons-nous tous aux organisations et aux
défenseurs des droits des migrants pour réclamer
la fin des expulsions et la fin des dénis injustes
du droit des travailleurs migrants au statut de
résident permanent au Canada !
Cet article est paru dans
Numéro 6 - 15 février 2021
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Mépris flagrant du gouvernement Trudeau pour la vie humaine : mettons fin aux renvois! - Diane Johnston
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