À titre d'information

La lutte sans relâche des travailleurs de Cargill pour se protéger, eux et leurs familles

Les travailleurs de l'usine de transformation de la viande Cargill à High River, en Alberta, et leur syndicat, la section locale 401 des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce, sont passés à l'action en mars 2020 pour protéger les travailleurs et exiger que la compagnie prenne des mesures au moment où 38 cas de COVID-19 se sont déclarés à l'usine. Le 20 mars, le syndicat a présenté un plan pour reconfigurer l'endroit de travail, prolonger la semaine de travail pour permettre la distanciation sociale et mettre en place des mesures de sécurité rigoureuses. La compagnie n'a pas réagi. Le 12 avril, 250 travailleurs ont fait parvenir une lettre au maire de High River pour l'inviter à appuyer leur demande de fermer l'usine pour deux semaines. Le président du syndicat a lancé un appel au public le 13 avril pour que l'usine ferme pendant deux semaines. À ce moment-là, 30 membres du syndicat en Amérique du Nord avaient perdu la vie.

Cargill a ignoré tous les appels des travailleurs et de la section locale 401 pour enfin fermer l'usine le 20 avril, alors que 440 travailleurs avaient été infectés et qu'un d'entre eux est décédé. Les agences gouvernementales n'ont pas pris de mesures elles non plus pour protéger les travailleurs. L'agence albertaine de santé et de sécurité au travail n'a mené que des « inspections » virtuelles et n'a même pas mis les pieds dans l'usine, ce qui ne l'a pas empêchée de déclarer que celle-ci était sécuritaire, ignorant avec arrogance les preuves mises de l'avant par les travailleurs. Au cours de la réunion communautaire virtuelle du 18 avril, le ministre albertain de l'Agriculture Devin Dreeshen a dit aux travailleurs qu'il n'y avait pas de danger, qu'ils pouvaient retourner au travail et que Cargill avait pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du personnel. Il a aussi accusé ceux qui demandaient la fermeture temporaire de faire de la « mésinformation et de mener une campagne de peur ». Deux jours plus tard l'usine fermait pour une période de deux semaines.

Dans une plainte écrite et une requête déposées par Ariana Quesada, la fille d'un travailleur de Cargill, Benito Quesada, et appuyées par le syndicat, pour exiger une enquête de la GRC, il est question de ce qui constitue des actes de négligence de la compagnie. Parmi eux, il y a le refus de fournir les ÉPI appropriés; le fait de forcer les travailleurs à travailler coude à coude, sans aucune distanciation sociale; des locaux de pause/dîner et de casiers surpeuplés sans possibilité de pratiquer la distanciation sociale; le fait que le personnel médical de la compagnie donne le feu vert aux travailleurs pour qu'ils aillent travailler en dépit de tests ou de symptômes positifs de la COVID-19 et le fait d'offrir une prime de 500 dollars aux travailleurs qui n'ont pas manqué un seul quart de travail durant une période de deux mois.

C'est seulement grâce à la vigilance constante des travailleurs qu'une reprise de l'éclosion dévastatrice d'avril et de mai a pu être évitée.

(Photo: Section locale 401 des TUAC)


Cet article est paru dans

 Numéro 2 - 4 février 2021

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