Les revendications des travailleurs de première ligne

Jason Fraser est le président du comité des ambulanciers paramédicaux de l'Ontario du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP)

Forum ouvrier : Dans un récent communiqué de presse du SCFP, on explique que des ambulanciers paramédicaux se voient refuser leurs réclamations à la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents (CSPAAT) après avoir contracté la COVID-19. Peux-tu nous en parler davantage ?

Jason Fraser : C'est à Waterloo que cela s'est passé. Nous avons des ambulanciers paramédicaux qui ont contracté la COVID-19 en travaillant. Ils ont été en contact avec un patient positif à la COVID-19 et ont été eux-mêmes infectés. Lorsqu'ils ont fait leur réclamation à la CSPAAT, leur employeur l'a contestée sur la base qu'ils portaient de l'équipement de protection individuelle (ÉPI) approprié au travail et que par conséquent ils n'ont pas pu contracter la COVID-19 d'un patient puisque, selon l'employeur, ils étaient protégés.

Le syndicat soutient que l'ÉPI est en effet un outil important qui contribue à limiter le danger, mais n'est pas un équipement sans failles. L'ÉPI peut avoir des ratés qui nous exposent aux infections de la COVID-19.

http://cpcml.ca/francais/Images2020/Movement%20Ouvrier/SecteurPublique/InfoGraphqiue_corona_f.jpgNous demandons au gouvernement de l'Ontario de remédier à la situation, pas seulement pour les ambulanciers paramédicaux, mais pour tous les travailleurs essentiels. Nous croyons qu'il doit adopter un projet de loi qui présume que si vous êtes un travailleur essentiel et que vous êtes infecté par la COVID-19, vous devez avoir contracté le virus au cours du travail que vous faites. L'indemnisation des accidentés du travail serait alors automatique. Nous appelons aussi le gouvernement Ford – et il s'agit là d'un appel large du SCFP – à instituer des congés de maladie payés pour tous les travailleurs. Les gens ne devraient pas avoir à choisir entre aller travailler lorsqu'ils sont malades et faire ce qui s'impose, c'est-à-dire, rester à la maison et se rétablir.

C'est là une des situations qui se sont produites. Il y en a eu d'autres partout dans la province où les ambulanciers paramédicaux et les répartiteurs ont été obligés de se confiner pour diverses raisons. Les employeurs ne réagissent pas tous de la même façon. Certains d'entre eux continuent de payer et appuyer leurs employés si ceux-ci doivent se confiner conformément aux directives de la santé publique, mais d'autres n'appuient pas leurs employés. Ils exigent que les travailleurs, s'ils sont à temps plein et ont des congés de maladie ou des vacances, puisent dans ces congés pour s'assurer un revenu. Les travailleurs à temps partiel et qui n'ont pas droit à ces congés doivent rester à la maison sans rémunération. C'est ce qui arrive partout dans la province. Un des ambulanciers paramédicaux de Waterloo était à temps partiel et n'avait pas de congés de maladie payés par l'employeur.

Les services paramédicaux ont reçu 77 millions de dollars au printemps de 2020 pour faire contrepoids aux dépenses associées à la COVID-19. Nous croyons qu'une partie de cet argent pourrait servir à payer les ambulanciers paramédicaux et les répartiteurs lorsqu'ils sont obligés de se confiner, et les appuyer par ces temps difficiles.

FO : Selon le communiqué de presse, le SCFP s'oppose aussi au recours généralisé du gouvernement ontarien aux restrictions et aux sanctions contre des individus plutôt que de tenir les employeurs responsables lorsque les travailleurs contractent la COVID-19.

JF : Oui, le gouvernement Ford blâme les citoyens de l'Ontario, disant qu'ils ne respectent pas les directives appropriées de la santé publique, y compris le confinement et la distanciation physique, mais il ne tient pas les employeurs responsables. Si le gouvernement tenait les employeurs responsables et veillait à ce qu'ils appuient les travailleurs, ce serait une mesure importante pour protéger les travailleurs et aussi pour contrôler le virus.

Nous appelons le gouvernement Ford à appuyer les travailleurs de première ligne qui sont sur le terrain tous les jours et qui n'ont pas l'option de travailler à domicile, et à faire en sorte qu'ils aient des congés de maladie payés et que les travailleurs qui continuent de travailler soient en mesure de subvenir aux besoins de leurs familles.

(Traduit de l'original en anglais par Forum ouvrier.)


Cet article est paru dans

Numéro 1 - 2 février 2021

Lien de l'article:
Les revendications des travailleurs de première ligne - Jason Fraser


    

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