Des infirmières de l'Outaouais forcées de rester au travail par un tribunal administratif
- Pierre Soublière -
Pendant la période des Fêtes, le Tribunal
administratif du travail (TAT) est intervenu pour
forcer des infirmières de l'Hôpital de Gatineau à
travailler dans la nuit du 25 au 26
décembre. L'une des infirmières que le TAT a
obligées à rester au travail avait effectué
plusieurs heures supplémentaires et plusieurs
quarts de 12 heures pendant la semaine et
était exténuée. Le président du syndicat des
professionnels en soins de l'Outaouais, Patrick
Guay, a fait valoir que l'employée en question
n'avait demandé que deux jours de congé pendant la
période des Fêtes, et qu'on l'obligeait tout de
même à rester au travail et à faire du travail
supplémentaire.
Le
TAT a statué que le refus « concerté » de
travailler des heures supplémentaires constituait
« un moyen de pression illégal », pouvant «
porter préjudice à un service auquel le public a
droit ». Le juge a ainsi ordonné aux
syndiquées concernées de fournir leur prestation
de travail habituelle et d'effectuer les heures de
travail supplémentaires requises.
Cette décision du TAT vient s'ajouter à l'arsenal
de moyens dits juridiques que l'employeur a à sa
disposition pour gérer le personnel sans tenir
compte ni des conventions collectives, ni du droit
de refuser de travailler dans des conditions non
sécuritaires, ni même du sens le plus élémentaire
du respect de la santé et de la sécurité des
travailleurs et des personnes qu'ils soignent. Des
arrêtés ministériels adoptés en mars par le
gouvernement Legault permettent entre autres aux
centres de santé et de services sociaux d'annuler
les vacances et de forcer des employés à temps
partiel à travailler à temps complet, contre leur
volonté. L'employeur, le Centre intégré de santé
et de services sociaux (CISSS), affirme qu'il
compte sur la « solidarité » des infirmières,
dont 40 % d'entre elles, dans
l'Outaouais, sont à temps partiel. Cet appel à une
soi-disant « solidarité » est appuyé par de
lourdes sanctions telles que des amendes allant
de 1000 à 6000 dollars.
Ce dont les gouvernements ont toujours accusé les
travailleurs de la santé – de prendre la
population en otage lorsqu'ils entreprennent la
moindre action pour défendre le droit à la santé
et à des conditions de travail humaines – est
précisément ce qu'il fait lui-même. Ce n'est pas
sans raison que des travailleuses ont lancé des
appels à l'aide publics pour être tenues
prisonnières dans leurs lieux de travail !
Cet article est paru dans
Numéro 1 - 2 février 2021
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infirmières de l'Outaouais forcées de rester au travail
par un tribunal administratif - Pierre Soublière
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