La plupart des travailleurs payés à la course et à la livraison à San Francisco ne sont pas admissibles au vote

Rideshare Drivers United rapporte que de nombreux travailleurs de leur secteur ne sont pas officiellement considérés comme des électeurs admissibles en Californie. Ils n'auraient pas pu voter sur la Proposition 22 même si celle-ci affecte directement leur vie car elle contient une convention collective qui impose certains aspects de leurs conditions d'emploi.

Le résumé suivant est issu d'une étude récente sur les travailleurs payés à la course et à la livraison à San Francisco.

À la demande et réduits à survivre : les travailleurs payés
à la course et à la livraison à San Francisco,
docteur Chris Benner, 8 octobre 2020

Résumé

La crise du coronavirus a rendu visible un éventail de travailleurs essentiels – employés d'épicerie, personnel de nettoyage, aides à domicile et autres – qui, en temps normal, sont souvent ignorés ou tenus pour acquis. Une catégorie de ces travailleurs essentiels qui a attiré une attention particulière en ce moment sont les livreurs de repas et d'épicerie à la demande. Travaillant pour des entreprises bien connues comme DoorDash, GrubHub et Instacart, ces travailleurs livrent des aliments essentiels et d'autres fournitures aux personnes qui restent à la maison au milieu des ordonnances de confinement. La hausse marquée de la demande pour ces services met en évidence l'importance de ces services à la demande au milieu de nos efforts collectifs pour maintenir la distanciation physique afin de limiter la propagation de la COVID-19.

Pourtant, ces livreurs de nourriture à la demande, de même que les chauffeurs payés à la course qui remplissent un rôle similaire en fournissant actuellement des services de transport à d'autres travailleurs essentiels, sont extrêmement vulnérables. En fournissant ces services, à la fois avant et pendant les ordonnances de confinement, ils demeurent vulnérables et risquent à la fois d'être infectés et de propager le coronavirus. Leur vulnérabilité en matière de santé souligne leur vulnérabilité financière, car avant les éclosions du virus, ils avaient déjà du mal à joindre les deux bouts. Étant classés par la plateforme des entreprises à la demande comme des entrepreneurs indépendants, ils sont aussi particulièrement susceptibles de ne pas avoir d'assurance maladie, de congés de maladie payés ou d'accès aux prestations d'assurance-chômage.

En mai, nous avons publié les résultats d'un sondage représentatif unique fait en personne auprès des travailleurs payés à la course et à la livraison de nourriture que nous avons mené puis suspendu lorsque la pandémie a frappé, ainsi que d'un sondage de suivi en ligne. Les principales conclusions étaient simples et claires – pour une grande partie de cette main-d'oeuvre, bien qu'il s'agisse d'un travail à plein temps, elle était financièrement vulnérable avant les éclosions, et la crise en a poussé beaucoup au bord du gouffre.

Nous avons maintenant de nouvelles données provenant d'une deuxième enquête en personne que nous avons menée en juillet et août, en nous concentrant sur les livreurs de nourriture et d'épicerie de trois applications : DoorDash (114 sondages complétés), Instacart (114) et Amazon Fresh (39).

Une note sur la méthodologie. Les deux enquêtes ont été conçues pour être des échantillons représentatifs du travail à la demande effectué dans la ville, et non de tous les travailleurs à la demande. C'est important.

Des échantillons représentatifs de toutes les personnes qui travaillent pour des entreprises fondées sur une application à la demande montrent que de nombreuses personnes travaillent pendant de courtes périodes de temps ou ne gagnent qu'une petite partie de leurs revenus grâce à ce type de travail. Mais nous avons développé deux échantillons représentatifs basés sur le travail réel effectué dans la ville, ce qui, à notre avis, constitue une meilleure base pour comprendre les pratiques de travail et développer la politique du marché du travail. Nous croyons comprendre qu'il s'agit de la première étude de ce type réalisée aux États-Unis à cette échelle.

Les principales conclusions de la nouvelle enquête d'été axée sur DoorDash, Instacart et Amazon Fresh sont les suivantes :

Une main-d'oeuvre fortement diversifiée

Comme pour l'enquête d'hiver, nous avons constaté que cette main-d'oeuvre est très diversifiée sur les plans racial et ethnique :

- 76 % des personnes interrogées sont des personnes de couleur et 39 % des immigrants.

- Les femmes et les personnes binaires non différenciées du point de vue sexe effectuent 39 % du travail de livraison de nourriture et d'épicerie, y compris une légère majorité du travail d'Instacart. Notre enquête auprès des travailleurs du covoiturage a révélé une forte domination d'hommes.

En difficultés financières

Les trois sondages que nous avons menés auprès de cette main-d'oeuvre continuent de révéler comment ils ont du mal à joindre les deux bouts. Selon la dernière enquête :

- Un quart de cette main-d'oeuvre dépend d'une forme quelconque d'aide sociale publique, dont 35 % et 33 % des travailleurs d'Amazon Fresh et de DoorDash, respectivement. Cette aide publique comprend l'assistance temporaire pour les familles nécessiteuses (TANF), les bons d'alimentation, les bons de logement, le revenu supplémentaire de sécurité ou le programme de nutrition supplémentaire pour les femmes, les nourrissons et les enfants (WIC).

- Un cinquième de ces livreurs de nourriture et d'épicerie bénéficient de bons d'alimentation.

- 14 % n'ont pas d'assurance maladie.

Ce n'est pas un travail à la demande pour la plupart des personnes

Comme pour notre enquête faite en hiver, notre dernière enquête continue de révéler que le travail de livraison basé sur les applications est en grande partie effectué par des travailleurs à temps plein.

- 71 % tirent au moins les trois quarts de leur revenu mensuel du travail provenant d'une plateforme et 57 % dépendent entièrement du travail provenant de plateformes pour leur revenu mensuel.

- Les travailleurs consacraient en moyenne 32 heures par semaine à travailler pour toutes les applications et 30 heures par semaine à l'application sur laquelle ils avaient été sondés. Les travailleurs d'Instacart étaient plus susceptibles de travailler de plus longues heures.

- Près d'un tiers soutiennent des enfants par leur travail avec des plateformes.

- Bien qu'il y ait eu plus de longévité parmi les travailleurs payés à la course et à la livraison de nourriture avant la COVID, notre dernière enquête a révélé que 70 % des livreurs de nourriture et d'épicerie ont travaillé sur les applications pendant moins de six mois.

De faibles revenus tirés du travail basé sur les applications

Notre dernière enquête continue d'indiquer qu'une fois les dépenses payées, les revenus provenant du travail de livraison basé sur les applications sont très faibles.

http://www.cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/190501-Montreal-PremierMai-21.jpg- Alors que les travailleurs en moyenne gagnent 450 dollars de ce travail, après ajustement pour les frais de kilométrage, ils se retrouvent en moyenne avec seulement 270 dollars par semaine.

- Les travailleurs d'Instacart avaient les gains hebdomadaires moyens les plus élevés parmi les applications étudiées (500 dollars) ; pourtant, après les dépenses, ces revenus sont tombés en dessous par rapport aux autres applications à seulement 235 dollars par semaine.

- Près d'un tiers du temps des travailleurs consacré à la livraison de nourriture et d'épicerie est du temps non rémunéré (par exemple, se rendre au lieu de ramassage, attendre les commandes).

- 18 % des employés de DoorDash gagnaient environ 0 dollar après déduction des frais de kilométrage (calculés en utilisant le taux de remboursement de kilométrage du Service fédéral du revenu de 0,575 dollar par mille et le kilométrage hebdomadaire estimé des répondants à l'enquête).

Des offres d'emploi gérées par les entreprises de plateformes

Certains des résultats de l'enquête indiquent que les plateformes gèrent les opportunités d'emploi d'une façon qui appuie les affirmations selon lesquelles ces travailleurs sont des employés en vertu du test « ABC » codifié dans la loi 5 de l'Assemblée législative de la Californie.


- Lorsque les travailleurs refusent certaines offres d'emploi, 56 % ne se voient pas proposer du travail pendant un certain temps, dont 60 % dans le cas d'Amazon Fresh, 63 % dans le cas de DoorDash et 51 % dans le cas d'Instacart.

- 25 % des travailleurs de DoorDash se sont vu offrir moins de primes et d'incitatifs après avoir refusé du travail.

- 17 % des travailleurs ont été menacés d'être désactivés par ces applications.

La livraison en vélo, une forme de transport populaire mais dangereuse

- Plus d'un quart de cette main-d'oeuvre utilise le vélo comme principal moyen de transport pour les livraisons.

- 70 % ne se sentent pas en sécurité en livrant de la nourriture de cette façon, et près d'un tiers ont déclaré se sentir physiquement menacés en livrant de la nourriture à vélo.

Résumé et implications des politiques des résultats combinés des sondages de l'hiver et de l'été 2020

- Le travail de covoiturage et de livraison à la demande à San Francisco est effectué principalement par des personnes pour lesquelles c'est un travail presque à temps plein et leur principale source de revenus.

- Il s'agit d'une main-d'oeuvre très diversifiée, avec une majorité de personnes de couleur et une importante population d'immigrants. Les femmes représentent également un pourcentage important des livreurs de nourriture et d'épicerie.

- Cette main-d'oeuvre a du mal à joindre les deux bouts et sa situation a été considérablement aggravée par la crise de la COVID-19.

http://cpcml.ca/images2017/WorkersEconomy/PostOffice/File/160806-Montreal-Postiers-63cr.jpg- Lorsque les dépenses et le temps de travail non rémunéré et rémunéré sont entièrement pris en compte, on estime qu'une partie substantielle de cette main-d'oeuvre gagne moins que l'équivalent du salaire minimum à San Francisco (actuellement 15,59 dollars l'heure).

- Plusieurs n'ont pas non plus d'autres avantages sociaux auxquels ils auraient droit en vertu de la loi de San Francisco si les entreprises les classaient comme employés.

- Plusieurs ne sont pas non plus suffisamment soutenus pendant la crise de la COVID-19, que ce soit par les entreprises fondées sur une application pour lesquelles ils travaillent ou par les politiques publiques.

- Ces résultats soulignent l'importance que les responsables politiques fassent en sorte que les lois actuelles sur l'emploi des villes et les États soient appliquées pour cette main-d'oeuvre, et trouver de nouvelles façons de répondre aux problèmes économiques, de santé et sécurité, et de santé publique auxquels cette main-d'oeuvre vitale est confrontée.


Télécharger ici l'ensemble des résultats du sondage.

Télécharger ici le sondage supplémentaire publié en octobre 2020 auprès des chauffeurs de livraison

Pour lire le communiqué de presse de UC Santa Cruz News, cliquer ici


Cet article est paru dans

Numéro 82 - Numéro 82 - 3 décembre 2020

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