Ce que signifie priver légalement les travailleurs de leur statut de travailleurs
- K.C. Adams -
Les
entreprises impérialistes de gestion de
réseau imposent leur irresponsabilité
sociale aux lois de la Californie
Des centaines de milliers de travailleurs
californiens engagés dans l'industrie du
covoiturage et de la livraison de colis ont été
déclarés non-travailleurs par la loi. Pourtant, en
contradiction avec leur définition impérialiste,
les oligarques qui détiennent le pouvoir politique
ont également imposé des conditions d'emploi et
une convention collective dictée par l'État aux
soi-disant « non-travailleurs ». Inutile de
dire que les « non-travailleurs » du
covoiturage et de la livraison n'ont pas eu leur
mot à dire ni aucun contrôle sur leurs conditions
d'emploi dictées, ni la possibilité de donner
spécifiquement leur approbation ou désapprobation
collective ou individuelle. Ils ont cependant
montré leur rejet du diktat que représente la
Proposition 22, en manifestant et en
s'organisant contre lui, et en continuant malgré
son adoption.
Cinq entreprises
impérialistes de réseau actives dans le transport
de personnes et la livraison de plats préparés ont
imposé par une loi une déclaration antiouvrière,
irrationnelle dans son contenu et profondément
irresponsable.
Les cinq entreprises de réseau ont financé, promu
et fait adopter dans la loi californienne la
Proposition 22 pour éviter leur
responsabilité sociale de payer leurs cotisations
sur la masse salariale pour l'indemnisation des
accidents du travail et des maladies
professionnelles, l'assurance chômage et
l'assurance maladie payée par l'entreprise et
convenue par les travailleurs eux-mêmes, et pour
échapper à diverses normes juridiques prescrites
par l'État sur les salaires minimums, les
indemnités pour maladie, les heures
supplémentaires et les congés fériés. La
définition légale de « non-travailleurs »
rend également plus difficile pour les
travailleurs des entreprises de réseau de
s'organiser dans leurs propres collectifs pour
défendre leurs droits et négocier légalement leurs
conditions d'emploi, dans le cadre de conventions
collectives avec leurs employeurs. Comme le font
ressortir les revendications des travailleurs, il
s'agit notamment d'augmentation des salaires, de
paiement pour tout le travail effectué et des
efforts pour protéger l'environnement et le
public, y compris de meilleures protections contre
la COVID-19 pour eux et leurs passagers.
Les cinq entreprises de réseau qui sont le fer de
lance de la promotion de l'irresponsabilité
sociale et de la rédaction de la législation
gouvernementale sont Uber, Lyft, Instacart,
Postmates et DoorDash. Le fait que l'État de
Californie ait même permis de se laisser manipuler
pour nier sa responsabilité sociale de protéger
ses résidents et accepter que de puissants
intérêts privés dictent la loi en dit long sur la
nécessité du renouveau démocratique, d'investir le
peuple du pouvoir de décider et d'une nouvelle
direction prosociale pour les affaires
économiques, politiques et sociales de l'État et
du pays.
La Californie abrite un large éventail
d'entreprises impérialistes de réseau telles que
Google et d'autres qui emploient des millions de
travailleurs. Ces travailleurs font partie de la
main-d'oeuvre socialisée moderne. Qu'ils vendent
leur capacité de travailler à d'autres ou même à
eux-mêmes en tant que coopératives, ils sont des
travailleurs socialisés qui ont besoin de normes
d'emploi civilisées dignes des forces de
production socialisées modernes sur lesquelles ils
doivent avoir leur mot à dire et exercer leur
contrôle.
En refusant aux
travailleurs du covoiturage et de la livraison
leur statut de travailleurs, les impérialistes
nient la réalité des endroits de travail modernes
tel qu'ils se présentent et la nécessité en ce
moment d'un équilibre dans les rapports de
production. Ils nient que les accidents et les
maladies professionnelles sont monnaie
courante ; ils nient que le chômage
épisodique résulte d'une crise économique générale
ou comme celle engendrée par la pandémie actuelle
; ils nient que les riches oligarques qui sont
motivés par leur quête du profit privé maximum
abusent de leurs employés et que les travailleurs
doivent s'unir pour défendre leurs droits et avoir
au minimum le droit légal de le faire. Ils nient
que les forces productives socialisées sont les
seules institutions dans lesquelles les
travailleurs peuvent gagner leur vie et trouver un
moyen de subsistance et qu'ils sont par conséquent
contraints de vendre leur capacité de travailler
pour vivre ; ils nient qu'en général
l'économie impérialiste consiste en une relation
sociale entre les travailleurs qui vendent leur
capacité de travail à ceux qui possèdent et
contrôlent les moyens de production socialisés.
Ce faisant, les impérialistes ont forcé la classe
ouvrière à entreprendre deux projets :
premièrement, l'organisation des travailleurs en
puissants collectifs indépendants qui défendent
les droits de tous et le droit des travailleurs à
avoir leur mot à dire et à contrôler leurs
conditions d'emploi. Les organisations
indépendantes de chauffeurs de covoiturage et de
livraison ainsi que les nombreuses autres qui se
sont constituées dans le cadre de la lutte pour
l'égalité, la justice et la responsabilité, sont
des exemples dans ce sens. Deuxièmement, la
nécessité de s'organiser pour le renouveau
démocratique afin de surmonter le règne tyrannique
actuel des intérêts privés et d'instaurer un
véritable gouvernement du, par et pour le peuple
investi du pouvoir de décider.
Cet article est paru dans
Numéro 82 - Numéro 82 - 3 décembre 2020
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