La satisfaction des revendications des
travailleurs est essentielle
au contrôle de la COVID-19
Dénonciation de l'utilisation des arrêtés ministériels contre le personnel de la santé au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Les travailleurs et travailleuses de la santé au
Saguenay–Lac-Saint-Jean au Québec s'opposent fermement à l'utilisation
des arrêtés ministériels gouvernementaux pour leur imposer des
conditions intenables au nom de la lutte pour freiner la deuxième vague
de la COVID-19. Les éclosions de COVID-19 sont en augmentation dans la
région. Le 24
novembre, Santé publique confirmait 1 103 cas actifs dans la
région et 103 décès depuis le début de la pandémie. Dans la seule
journée du 24 novembre, Santé publique a confirmé 104
nouveaux cas et 7 nouveaux décès. Les hospitalisations liées à la
COVID-19 sont aussi en hausse. Il y aurait présentement plus
de 120 foyers d'éclosion dans la région, dans à peu près tous les
secteurs, hôpitaux, CHSLD, résidences privées pour personnes âgées,
milieux de garde, écoles et dans les endroits de travail autres que les
établissements de la santé.
Les
travailleurs et travailleuses de la santé rapportent que la réponse du
CIUSSS (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux)
du Saguenay–Lac-Saint-Jean est d'utiliser les arrêtés ministériels du
gouvernement Legault pour changer à volonté les conditions de travail
du personnel sans leur autorisation et leur avis, en violation de
leurs conventions collectives dans le cas du personnel syndiqué.
Par exemple, des quarts de travail de 12 heures ont
maintenant été imposés aux infirmières et
préposés aux bénéficiaires de
l'hôpital d'Alma, ainsi qu'à tout le personnel infirmier
et aux proposés oeuvrant dans certains CHSLD. Selon la direction
du CIUSSS, la réorganisation de l'horaire devrait être en
vigueur jusqu'à la fin de l'éclosion.
En plus, le CIUSSS a commencé à appliquer
l'arrêté ministériel pour obliger le personnel
infirmier qui ne travaille pas à temps complet à
travailler dans les zones d'éclosion.
La présidente du Syndicat des professionnels en
soins du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Julie Bouchard, a
dénoncé fermement ces mesures. Elle a souligné
qu'elles risquent d'accroître les démissions et les
congés de maladie.
« Ça n'aidera pas le milieu de la santé si on les perd à
cause de ça », a-t-elle dit à la presse. Elle a déploré le fait que
toutes les conditions de travail du personnel infirmier aient été mises
de côté, sans leur assentiment, et que le gouvernement du Québec refuse
d'appliquer les solutions proposées par le syndicat pour améliorer les
conditions de travail
et ainsi garder le personnel et en attirer du nouveau.
« On veut avoir des ratios professionnels en soins de
patients pour qu'on puisse donner des soins de qualité et sécuritaires
à la population. On veut aussi réinventer le travail à temps complet.
Avoir peut-être un temps complet à quatre jours pour inciter les gens à
venir travailler dans le réseau. »
Les travailleurs et travailleuses de la santé du
Saguenay–Lac-Saint-Jean manifestent en appui à leurs revendications,
le 9 juillet 2020.
Avant le début de la pandémie, la section régionale de
la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) évaluait
les besoins en infirmières et infirmières auxiliaires à
environ 200 personnes. À ce manque de personnel se sont ajoutées
les professionnelles retirées du milieu de travail (pour des raisons de
santé par exemple) ou déplacées vers des tâches administratives en plus
des
départs prématurés à la retraite. Selon Julie Bouchard, il faut
aujourd'hui ajouter un autre déficit de 75 infirmières,
infirmières auxiliaires ou inhalothérapeutes retirées du travail depuis
le début de la seconde vague.
Le 21 novembre, les infirmières du département
d'obstétrique à l'Hôpital d'Alma ont informé le syndicat qu'elles
envisagent de démissionner en bloc à cause des conditions intenables,
surtout les quarts de travail de 12 heures obligatoires, auxquels
s'ajoute parfois du temps supplémentaire obligatoire.
La lettre de l'une d'entre elles au syndicat a été
publiée en partie dans un journal régional. Elle y explique qu'en plus
d'être une infirmière, elle est aussi mère monoparentale de deux
enfants. Deux rôles qu'il lui est impossible de combler dans les
conditions actuelles.
« Je ne peux même pas rester jusqu'à 20 h le
soir... que vont faire mes enfants de 16 heures à 20 heures
? », écrit-elle. « Allez-vous venir les chercher au service de
garde, leur faire à souper, les devoirs, le bain, les border ? Et
ensuite, ramasser ma vaisselle sale, laver mon linge souillé de
l'hôpital,
préparer leur lunch du lendemain et le mien par la même occasion pour
dîner et souper parce que la cafétéria n'est plus ouverte de
soir ? »
Julie Bouchard parle de détresse chez les employés
concernés.
« C'est un cri du coeur que les filles font. C'est
une demande à l'aide parce que là, elles n'en peuvent
plus. »
Elle rappelle que le système de santé est rendu à sa
limite, et qu'un sérieux changement dans les conditions de travail, sur
la base des revendications du personnel de la santé, est nécessaire
pour freiner la COVID-19.
Ces événements montrent que le gouvernement et les
administrations qu'il a mises en place dans le cadre de sa
restructuration du système de santé n'ont comme seule réponse à la
crise de la COVID-19 que celle de détruire la force de travail qui fait
vivre le système et l'empêche de s'effondrer totalement. Cela aggrave
tous les problèmes.
Il est urgent que les revendications et les solutions
mises de l'avant par les travailleurs et travailleuses de la santé
soient mises en application.
Cet article est paru dans
Numéro 80 - Numéro 80 - 26 novembre 2020
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