Un statut d'immigration permanent pour
tous et toutes!
Un travailleur migrant gagne une cause importante devant la Commission des relations de travail de l'Ontario
Dans le premier cas du genre, le travailleur agricole
migrant mexicain Luis Gabriel Flores a eu gain de cause dans sa plainte
pour représailles illégales et licenciement par son employeur, Scotlynn
Farms. M. Flores a été congédié le 21 juin. Le 9 novembre, la
Commission des relations de travail de l'Ontario (CRTO) a statué en
sa faveur et lui a accordé 25 000 $ en perte de salaire
et en indemnisation.
M.
Flores est le père de deux enfants au Mexique. Il est un travailleur
agricole migrant au Canada, qui y vient chaque année depuis 2014.
Il est arrivé le 18 avril de cette année au milieu de la première
vague de la pandémie de la COVID-19 et, avec ses collègues, a été mis
en quarantaine dans un hôtel avant de commencer à
travailler chez Scotlynn Farms à Norfolk, en Ontario. Les conditions de
vie insalubres et de surpeuplement à la ferme ont empêché les
travailleurs de prendre des précautions telles que la distanciation
physique et ils n'ont pas reçu d'équipement de protection individuelle
(ÉPI), de nourriture appropriée et de repos suffisant. Scotlynn Farms
est une
grande entreprise agroalimentaire qui a réalisé 75 millions de
dollars de revenus en 2019, tandis que les travailleurs migrants
comme M. Flores gagnent 14,18 dollars de l'heure et travaillent
jusqu'à 80 heures par semaine.
Dans les deux semaines suivant le début de leur travail,
plusieurs collègues de M. Flores ont commencé à présenter des symptômes
de la COVID-19. Leurs demandes répétées de soins médicaux ont été
ignorées. À la fin du mois de mai, environ 200 travailleurs de
Scotlynn Farms étaient infectés, dont M. Flores. À ce jour, Scotlynn
Farms a eu le plus grand nombre de cas enregistrés de la COVID-19 parmi
les travailleurs agricoles migrants. Au cours de leur mise en
quarantaine, plusieurs travailleurs, dont M. Flores, assisté par
l'Alliance des travailleurs migrants pour le changement (MWAC), se sont
entretenus avec plusieurs médias sur les conditions de vie déplorables
et le
manque de protection des travailleurs migrants, afin de sensibiliser le
public.
Le 20 juin, les travailleurs ont été informés que
leur collègue, Juan Lopez Chaparra, un autre travailleur du Mexique,
était mort de la COVID-19. Les travailleurs ont demandé pourquoi on
n'avait pas fait plus pour éviter ce décès et protéger tous les
travailleurs. Le jour suivant, le 21 juin, le fondateur de
Scotlynn Farms est
arrivé au dortoir où vivait M. Flores et l'a informé, en présence d'un
autre travailleur, qu'il avait été congédié pour avoir parlé aux médias
et qu'il serait renvoyé chez lui au Mexique le lendemain. Avec l'aide
de la MWAC, M. Flores a pu rester au Canada et a déposé une plainte
auprès de la CRTO le 30 juillet, alléguant des représailles
illégales, une violation de l'article 50 de la Loi sur la
santé et la sécurité au travail. En se fondant sur la preuve et les
témoignages, la CRTO a donné raison à M. Flores le 9 novembre et
lui a accordé 25 000 $ en perte de salaire et en
dommages-intérêts.
Le 12 novembre, l'Alliance des travailleurs migrants
pour le changement a tenu une conférence de presse devant le bureau de
circonscription de Toronto de la vice-première ministre Chrystia
Freeland pour annoncer la décision et réitérer la revendication de
mettre fin à la discrimination contre les travailleurs migrants qui se
voient refuser
leurs droits fondamentaux et pour un statut entier d'immigration pour
tous les travailleurs migrants. Parlant de sa situation, M. Flores a
déclaré :« Mon cas n'est pas le seul et beaucoup sont bien pires.
Nous avons besoin immédiatement d'un changement dans le système pour
prévenir ces injustices - nous avons besoin d'un statut
entier d'immigration pour tous maintenant pour pouvoir nous défendre et
obtenir le respect et l'égalité que nous méritons. » Il a ajouté
qu'il continuera à se battre pour les droits de tous les travailleurs
migrants à un statut permanent au Canada. À la conférence de presse ont
également parlé John So, avocat en droit du travail des services
juridiques
de la communauté de Parkdale, qui a représenté M. Flores dans sa
plainte devant la Commission des relations de travail, et Syed Hussan,
le directeur général de la MWAC, qui a noté que le cas de M. Flores
n'était que la pointe de l'iceberg et a dénoncé le gouvernement libéral
Trudeau qui fait beaucoup de promesses, mais ne pose pas de gestes
pour protéger les travailleurs migrants. Il a souligné que le
gouvernement fédéral crée les conditions et est responsable de l'abus
et de l'exploitation des travailleurs migrants par les employeurs. Les
défenseurs des droits des migrants et les travailleurs migrants ont
organisé des actions à travers le pays pour exiger que les libéraux de
Justin Trudeau
régularisent le statut de plus de 1,6 million de personnes au Canada
sans statut, privées de leurs droits fondamentaux à des soins de santé,
à un soutien du revenu et à d'autres programmes sociaux et qui sont
persécutées si elles parlent des conditions de travail et de vie
inhumaines auxquelles beaucoup font face.
Forum ouvrier félicite Luis Gabriel Flores pour
son courage dans la défense de ses droits et des droits de tous les
travailleurs migrants, et la MWAC et les autres organisations
d'activistes qui les défendent et réitère la demande d'un statut pour
tous et pour toutes maintenant !
Cet article est paru dans
Numéro 80 - Numéro 80 - 26 novembre 2020
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